Quel rôle souhaitez-vous accorder à la Direction Technique Nationale pour gagner le pari de la performance ?
La Direction Technique Nationale doit être construite pour répondre efficacement aux commandes et objectifs issus des décisions des élus de la Fédération Française de Cyclisme, en respectant bien sûr les consignes reçues de notre Ministère de tutelle. J’attends en particulier de l’organisation de la DTN qu’elle nous permette de bien déployer sur tout le territoire nos savoir-faire techniques et qu’elle soit en capacité de garantir un management de nos athlètes et de nos équipes de France à la hauteur de nos ambitions et de celles de nos compétiteurs.

Qui présenterez-vous comme futur(e) DTN ?
Vincent Jacquet est le DTN de la Fédération Française de Cyclisme. J’aurai, après mon élection, à décider si je considère ou non que Vincent Jacquet est le meilleur choix pour piloter, à mes côtés, l’action sportive de la Fédération. C’est une décision impactante dont j’ai conscience de la portée pour le cyclisme français. C’est la raison pour laquelle je considère que c’est seulement en situation de Président de la Fédération Française de Cyclisme que cette question pourra être étudiée, en prenant en compte tous les paramètres qui pèsent sur elle.

Après le retrait de Bernard Bourreau, le poste de sélectionneur de l’équipe de France sur route reste vacant. Quel devra être le profil de son successeur ?
Je répondrai d’abord sur la méthodologie de cette désignation. En effet, si la décision définitive appartient au Président de la FFC, je considère, dans l’éthique du projet que je porte, que ce choix doit être le fruit d’une concertation et, je l’espère, d’un consensus entre le Président de la Ligue Nationale de Cyclisme et le Président de la FFC. Je n’oublie pas que la mission du sélectionneur porte sur des coureurs professionnels et ce serait inconséquent sur ce sujet de ne pas partager l’expérience des acteurs du monde professionnel représentés par Marc Madiot en sa qualité de Président de la LNC. Quant au profil du sélectionneur, il me semble évident que trois qualités sont à mettre en avant : une capacité de management adaptée à la gestion de sportifs de haut niveau, un sens tactique avéré, et une ambition forte susceptible de porter un groupe vers le succès.

Ce mandat vous portera jusqu’aux Jeux de Tokyo. D’abord, quelles leçons le cyclisme français doit-il tirer des Jeux de Rio ?
Il faut être très prudent sur le bilan de Rio et ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Le niveau du cyclisme français dans toutes les disciplines olympiques reste élevé avec un potentiel que je considère important. Pour autant le bilan de Rio doit être fait et ma position actuelle ne me permet qu’une approche extérieure que j’affinerai dans l’échange avec un certain nombre de cadres techniques et de sportifs concernés. Malgré tout, et cela était très perceptible même en qualité de spectateur, Rio a pointé une vraie difficulté de management du haut niveau dans notre Fédération. C’est un point sur lequel nous pouvons agir par la structuration de la DTN et par une ligne de conduite qui devra nous astreindre à un discours homogène et constant auprès des athlètes et de leur encadrement.

Pour élargir l’approche, que mettrez-vous en place pour préparer au mieux les Jeux 2020 ?
Je considère aujourd’hui que nous avons trois disciplines olympiques, la route, le VTT et le BMX, où l’orientation du travail fédéral doit porter sur la complémentarité avec les structures de haut niveau, y compris les équipes professionnelles. La quatrième discipline, la piste, est plus complexe. L’endurance nécessite très certainement un travail conjoint avec le secteur professionnel, par contre le sprint, en l’état actuel des choses, ne peut reposer que sur l’action fédérale. C’est un sujet qui m’inquiète car six mois après Rio je sens notre organisation ni solide, ni clairement établie. Nous devrons faire très vite sur ce sujet pour lequel je réunirai très rapidement les acteurs concernés en prenant soin d’associer à la réflexion des personnalités capables de nous faire profiter de leur expérience.

Parlons un peu de vous… sur un vélo. Quel pratiquant êtes-vous ?
J’ai pratiqué le cyclisme sur route à un bon niveau amateur, notamment trois années au Vélo Club de Vaulx-en-Velin sous la direction sportive de Michel Gros, avant de me rendre compte que je n’avais pas le potentiel pour passer professionnel. J’ai continué à courir ensuite quelques années en 1ère catégorie tout en ayant repris mes études. Aujourd’hui, comme beaucoup d’anciens coureurs, je prends plaisir à monter sur mon vélo quand j’en ai le loisir, pour faire quelques sorties dans ma région de Haute-Savoie où le relief fait qu’avec les années les kilomètres comptent double, voire triple ! Ceci dit, pendant mes mandats à la présidence du Comité Rhône-Alpes, j’ai pris plaisir à participer à quelques cyclosportives à l’invitation des organisateurs et en particulier à la célèbre Ardéchoise.

Que retiendrez-vous des deux mandats de David Lappartient ?
David Lappartient aura été un brillant président de notre Fédération avec une aptitude toute particulière à défendre et à positionner le cyclisme français auprès de nos partenaires institutionnels, qu’ils soient nationaux ou régionaux, et bien évidemment sur la scène internationale. Cela a débouché sur des réalisations très marquantes telles que le Vélodrome National de Saint-Quentin-en-Yvelines ou telles que la succession d’événements internationaux que la France a accueillis avec en point d’orgue les Championnats du Monde sur piste. Je crois que ce qui nous rapproche avec David, c’est une conviction à défendre nos idées pour l’intérêt général du cyclisme. Nous avons parfois été en opposition sur certains sujets, qui tous étaient liés à de la méthodologie, mais jamais sur la finalité des orientations. J’ai beaucoup de respect pour David, pour l’énergie qu’il consacre au cyclisme, pour ses engagements, pour sa capacité à défendre une vision saine de notre sport. Et je serai bien naturellement le premier supporter de sa carrière à l’international en souhaitant, pour l’intérêt du cyclisme mondial, qu’il puisse accéder à la Présidence de l’Union Cycliste Internationale.