Les protagonistes des classiques ardennaises ne s’attendaient probablement pas à devoir composer avec les cendres d’un volcan islandais crachant son venin depuis plusieurs jours. Et pourtant, le nuage noir soulevé par le volcan a eu raison de plusieurs des favoris de l’Amstel Gold Race. Si le ciel est dégagé sur l’Europe, des particules cendreuses planent encore tout là-haut dans l’atmosphère, présentant un danger pour les réacteurs des avions, bloqués à quai dans la majorité des aéroports européens. Plusieurs des favoris du premier dimanche ardennais se sont retrouvés piégés, incapables de rejoindre les Pays-Bas, où se dispute aujourd’hui l’Amstel Gold Race. Luis-Leon Sanchez, Alejandro Valverde, Carlos Sastre, Bradley Wiggins et d’autres ne se présenteront pas au départ, mais le plateau demeure relevé.

L’Amstel Gold Race n’a sans doute pas la magie d’une Flèche Wallonne ou d’un Liège-Bastogne-Liège, mais la classique du Limbourg vaut son pesant d’or, elle qui envoie les coureurs sur des routes étroites, sinueuses et diablement escarpées pendant 257 kilomètres. Trente-et-une ascensions figurent au programme de cette épreuve accidentée qu’il fait bon d’accrocher à son palmarès. Les ascensions ne sont jamais très longues mais elles sont pentues et se présentent les unes après les autres. Néanmoins, l’Amstel Gold Race se décante rarement avant la dernière heure de course, ce qui laisse des ouvertures intéressantes aux attaquants matinaux. Ce matin, il ne faudra pas 5 kilomètres de course pour voir se dessiner la première échappée autour de six coureurs.

A l’avant, on retrouve Sébastien Delfosse (Landbouwkrediet), Thierry Hupond (Skil-Shimano), Staf Scheirnckx (Omega Pharma-Lotto), Arnoud Van Groen (Vacansoleil), Steven Van Vooren (Topsport-Vlaanderen), Rafael Valls (Footon-Servetto) et Peter Wrolich (Team Milram). Ces six coureurs-là auront l’honneur d’ouvrir les routes de la classique néerlandaise durant une bonne partie de la journée, 220 kilomètres pour être exact. Non pas que leur avance atteigne des sommets, contrôlée autour des six minutes, mais le peloton tarde à se rapprocher des hommes de tête et retarde ce qui constituera un regroupement général. A 30 kilomètres de l’arrivée, il ne peut plus reporter ce qui doit arriver. Les six échappés matinaux sont rejoints par un paquet encore bien fourni, au sein duquel évoluent encore tous les favoris de l’épreuve.

Une prodigieuse accélération hisse Philippe Gilbert au sommet du Cauberg.

Le peloton se dirige alors vers les dernières difficultés du jour. Finalement, il ne va rester que 20 kilomètres et quatre côtes pour faire la différence avant d’arriver au pied du Cauberg, l’ascension finale. Or si des attaques vont bien être enregistrées dans le Kruisberg avec Marco Marcato (Vacansoleil), dans l’Eyserbosweg avec Andu Schleck (Team Saxo Bank), dans le Fromberg avec Damiano Cunego (Lampre-Farnese Vini) ou dans le Keutenberg avec Sergueï Ivanov (Team Katusha), la décision n’intervient pas. Cette dernière difficulté, placée à une douzaine de kilomètres du but, permet toutefois aux plus forts de se détacher. Une nette accélération de Philippe Gilbert (Omega Pharma-Lotto) trahit les ambitions du champion wallon, momentanément pris en chasse par un quatuor Cunego-Ivanov-Kolobnev-Schleck.

Mais Philippe Gilbert est rejoint et c’est Alexandr Kolobnev (Team Katusha) qui, dans les 10 derniers kilomètres, tente une dernière fois d’éviter qu’un groupe trop consistant ne se présente au pied du Cauberg. Le Russe franchit la flamme rouge seul en tête, mais commence alors la rude montée finale vers la ligne d’arrivée, longue de 1000 mètres à 8 %. Là, Alexandr Kolobnev marque le pas. Il est rejoint par un peloton composé d’une vingtaine de coureurs. Les favoris sont là mais on ne s’expliquera pas au sprint. A quelques hectomètres de l’arrivée, Philippe Gilbert applique une nouvelle fois une prodigieuse accélération, assis, pour prendre en quelques coups de pédales un avantage décisif. Le trou est fait. Voilà Philippe Gilbert parti à la conquête d’une nouvelle classique. Une épreuve qu’il n’avait encore jamais accrochée à son palmarès.

Au sommet du Cauberg, Philippe Gilbert précède Ryder Hesjedal (Garmin-Transitions) et Enrico Gasparotto (Astana). Il signe aux Pays-Bas un exploit retentissant puisqu’il ajoute un succès de plus à son palmarès florissant dans les classiques. Vainqueur coup sur coup de Paris-Tours (pour la deuxième fois de suite) et du Tour de Lombardie en fin de saison dernière, troisième de Gand-Wevelgem puis du Tour des Flandres en début de saison, Philippe Gilbert s’adjuge l’Amstel Gold Race. Peut-être le seul coureur actuel à pouvoir jouer aussi bien les premiers rôles sur les classiques flandriennes que sur les classiques ardennaises, le champion offre en tout cas une victoire dont la Belgique avait bien besoin après une quasi disette dans les premières classiques de l’année. En espérant répéter ce succès en Wallonie.

Consultez la galerie photos des classiques.

Classement :

1. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) les 257 km en 6h22’54 »
2. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Transitions) à 2 sec.
3. Enrico Gasparotto (ITA, Astana) m.t.
4. Bert De Waele (BEL, Landbouwkrediet) à 5 sec.
5. Roman Kreuziger (TCH, Liquigas-Doimo) m.t.
6. Damiano Cunego (ITA, Lampre-Farnese Vini) m.t.
7. Frank Schleck (LUX, Team Saxo Bank) à 7 sec.
8. Marco Marcato (ITA, Vacansoleil) à 9 sec.
9. Karsten Kroon (PBS, BMC Racing Team) à 11 sec.
10. Christopher Horner (USA, Radioshack) m.t.
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