Derrière une épaisse moustache grisonnante se cache un homme discret, naturel, qui dit se fondre dans la masse tout en restant toujours disponible pour les coureurs. Que ça aille bien ou mal. Depuis trois ans, Denis Troch apporte à la FDJ.fr ses services de préparateur mental. Un travail de fond qu’il entretient toute l’année, à compter du mois de novembre, pour aider les coureurs à appréhender leurs objectifs et gérer les aléas qu’ils rencontreront inexorablement. « J’interviens de façon informelle, dit-il. Je suis présent et s’ils ont besoin, ils viennent me voir. Je suis à leur disponibilité, jour et nuit, ici ou ailleurs, et c’est important qu’ils le sachent. C’est sécurisant pour eux. »

Gérer le succès, encaisser la défaite, écouter, comprendre, remobiliser, tel est le crédo du préparateur mental, qui fait bénéficier les coureurs de l’équipe de Marc Madiot d’une longue expérience auprès d’autres athlètes mais également de dirigeants d’entreprise, de joueurs de poker professionnels ou de petits rats d’opéra. A l’occasion du Tour de France, Denis Troch est venu prendre la température à trois reprises : au Grand Départ en Corse et au cours des deux journées de repos en Loire-Atlantique et dans le Vaucluse. Une bonne occasion d’échanger avec les coureurs, de faire le point de manière informelle autour d’un café. Et d’offrir ses services à qui en fait la demande. « On parle de la pluie et surtout du beau temps. Et puis j’essaie de les faire sortir du contexte car ils ont besoin de se ressourcer physiquement mais surtout mentalement. »

« Tout le monde ne vient pas me voir, poursuit Denis Troch. Il faut qu’il y ait de l’envie, c’est là-dessus que l’on joue. Mais à partir du moment où il vient me voir, le coureur a déjà fait 80 % du boulot. » Les échanges sont confidentiels. Ils peuvent être de nature multiple. Un coup de mou ou à l’inverse une surexcitation. Le préparateur mental est là pour proposer des solutions, donner des conseils. « Il faut donner des réponses au coureur pour qu’il puisse se sentir le moins mal possible dans ces moments importants de récupération. Pour moi il est hyper important que je sorte de l’émotion et des résultats pour avoir un avis propre, plutôt cohérent, et pouvoir mieux considérer mon action. Je viens pour voir ce qu’il en est au plus profond des coureurs, savoir si l’équipe est cohérente quelles que soient les circonstances. »

Et les circonstances, cette année, n’ont guère été favorables à la formation FDJ.fr. Son sprinteur Nacer Bouhanni a été mis KO, et son leader Thibaut Pinot a arraché son dossard après deux semaines de course, laminé par une angine. Des coups durs qui ont nécessité l’intervention du coach mental. « Le travail ne se fait pas sur l’instant, c’est un travail en profondeur, précise Denis Troch. C’est ce qu’on a fait au préalable qui permet à tout à chacun de retrouver les ressources nécessaires dans des moments qui sont parfois un peu compliqués. Sur une course de trois semaines il y a toujours des moments délicats. Il s’agit de les passer au moins mal pour être au mieux dans le final. »

Dans les bons comme dans les moins bons moments, il s’agit de tirer des enseignements. Pour mieux repartir de l’avant. Et pour encourager ceux qu’il soutient dans la tête, Denis Troch n’hésite pas à payer de sa personne. Par deux fois il a fait tomber la moustache après un pari : la victoire du Paris Saint-Germain contre le FC Nantes en Coupe de France 1993 et le sacre de Nacer Bouhanni au Championnat de France 2012. Sur le Tour, la moustache du préparateur mental ne tient qu’à un défi : une victoire d’étape pour la FDJ.fr d’ici dimanche soir…