Bonjour Mickaël, peux-tu nous rappeler ta carrière ?

Je viens de Normandie où j’ai fais mes débuts dans des petits clubs formateurs et ensuite je suis allé au CC Nogent sur Oise. J’ai arrêté ma carrière à 30 ans au VC Rouen 76. J’ai fait une année en tant qu’assistant chez Agritubel où j’ai pu être présent sur de nombreuses courses et à l’international. Ensuite, j’ai mis en place une petite équipe, Team Perche agem. Par la suite, on a augmenté le budget pour arriver à l’équipe Vérandas-Rideau qui performait au niveau amateur. Avec une augmentation du budget et un sponsor, nous sommes passés à une équipe continentale mais ça n’a pas très bien marché et ne souhaitant pas redescendre ne pouvant pas rester au rang continental et ne souhaitant pas redescendre d’un échelon, j’ai préféré arrêter l’équipe. Ensuite, j’ai fait une formation d’un an pour la direction et la gestion de l’hôtellerie de plein air, c’est ce qui permettait de reprendre soit un hôtel où un camping et j’ai d’ailleurs repris un camping dans le sud. Par la suite, par rapport à ma situation familiale, je suis reparti en tant que directeur sportif au VC Rouen et ensuite je suis arrivé à l’équipe Côtes d’Armor – Marie Morin où je vais entamer ma 3ème année ! C’est vraiment une satisfaction d’être en Bretagne et franchement je suis bien car c’est le même fonctionnement que j’ai connu à Véranda-Rideau, il n’y a que l’équipe Elite et je pense que c’est une très bonne formule dans le sens où on laisse les clubs voisins pour la formation des jeunes et où nous nous les récupérons lorsqu’ils sont prêts.

Aujourd’hui, dans l’équipe Côtes d’Armor – Vérandas Rideau, qu’est-ce que tu utilises de ce que tu as appris dans tes carrières précédentes ?

J’ai appris qu’il fallait beaucoup d’ouverture d’esprit, que pour former des coureurs il fallait au moins avoir eu une expérience professionnelle où avoir été dans un encadrement professionnel pour vraiment bien comprendre ce qu’il faut apporter au coureur et qu’il arrive chez les professionnels avec un bagage intéressant autre que physique. Il n’y a pas que le physique qui compte et quand on voit l’encadrement chez les équipes de DN1, il y a peu d’équipes continentales qui ont ce que les équipes DN1 ont en France. On nous en demande beaucoup, néanmoins, il y avait un moment où c’était bien mais les aides ne sont plus les mêmes et il faut arriver à faire une transition, il faut s’entourer de personnes qui savent aller chercher des sponsors. Mais il y a des coureurs qui arrivent chez les pros avec une bonne formation malgré le fait que ce soit un autre monde. Là, avec Israël Cycling Academy, c’est aussi l’occasion de montrer à nos coureurs ce qu’est une équipe professionnelle, c’est important !

Combien de coureurs sont passés pro pour la saison 2019 de l’équipe ?

Il y a déjà Lewis Bulley qui passe en Angleterre, ensuite il y Fabien Schmidt qui va chez La Pomme Marseille, ce sont nos deux transferts et c’est la moyenne actuelle.

Entre Côtes d’Armor – Vérandas Rideau et Israel Cycling Academy, comment s’est passé le rapprochement ?

C’est à l’occasion du Tour de France, Lionel Marie m’a dit que l’équipe cherchait une réserve et en en parlant de notre côté, avec nos partenaires et nos dirigeants, nous avons conclus que ce serait une bonne chose.

Mickael Leveau 1Mickael Leveau

Comment se passe ce rapprochement, tant sur un plan matériel qu’humain ?

ICA nous équipe entièrement avec des vélos De Rosa et tout ce qui est des roues, capteurs de puissance et une grande partie des partenaires techniques. Ensuite, du côté humain, malgré une petite appréhension de la part de nos coureurs, ça aurait été une équipe française ça n’aurait pas été le cas. Mais là c’était pour eux un autre monde et je suis leur guide là-dedans. C’est en fait un échange, il y a nos coureurs qui pourront rouler avec l’équipe pro afin de voir l’organisation et de mieux connaître le milieu à l’occasion de stages. De l’autre côté, il y a auras trois coureurs Israéliens que nous avons à former dont un qui passeras pro au mois de juin. L’association permet à nos coureurs avec un accord des deux équipes de faire passer un de nos coureurs en tant que professionnel au sein de l’équipe. Il y aura peut-être un stagiaire où un professionnel. En revanche si l’équipe n’est pas d’accord, nous pouvons proposer notre coureur à d’autres équipes, il n’y a pas de limite là-dessus.

Vous avez eu grâce à ce partenariat l’occasion d’avoir des nouveaux partenaires mais vous gardez tout de même vos racines Bretonnes ?

Nous avons des partenaires vraiment attachés à l’équipe donc nous ne changeons pas, l’équipe est seulement rapprochée par Israël Cycling Academy, c’est juste un plus. La seule qui change c’est l’apparition du logo de l’équipe sur notre maillot. Nous perdons par contre quelques partenaires qui ont été plus réticents par rapport à cette approche.

Comment on réagit les coureurs de l’équipe par rapport à ce rapprochement ?

Je suis étonné de leur envie de communiquer avec les coureurs professionnels déjà ! Il y a des barrières mais nos coureurs les franchissent. Alexis Renard par exemple voulait par exemple voir ce qu’était une équipe professionnelle étrangère, ça leur ouvre l’esprit.

Mickael LeveauMickael Leveau

Il y a aussi un peu de préjugés. Comment pensez-vous gérer la venue des coureurs Israëliens qui ont des coutumes différentes chez vous ?

En Bretagne, c’est vrai qu’on est spécialiste de la bière et des bons repas après la course mais il n’y a pas de limites par rapport à cela, on en a parlé et les dirigeants d’Israël Cycling Academy ont aussi souhaité que ces coureurs viennent en Bretagne pour s’inspirer aussi d’une autre culture et c’est nous qui allons mettre en place notre vision des choses. Il faut leur en apporter sur l’alimentaire, la tactique de course, leur montrer les courses Bretonnes et leur montrer à quoi ça ressemble. Il n’y a pas de pression là-dessus.

On sait que votre équipe a toujours été précurseur dans l’accueil des coureurs étrangers et on pourrait vous comparer à l’ACBB des années 60’ ?

Oui, c’est sûr ! On a beaucoup de demandes d’étrangers chez nous et ça a toujours été notre politique aussi.

En pleine période de coupure et de reprise, comment préparez-vous la saison 2019 ?

Nous faisons comme beaucoup d’équipes un stage de cohésion de 2 jours (en fin novembre), il y a aussi des regroupements tous les samedis qui nous permettent de réajuster les niveaux de chacun et de palier à pleins de petits problèmes. Ensuite, depuis deux ans nous avons enlevé le stage en Espagne qui représentait une charge trop lourde aussi.

Leveau 1Mickael Leveau | ©Vélo 101

Comment voyez-vous l’équipe dans 10 ans ?

Je pense que l’équipe aura la même identité qu’aujourd’hui, toujours ouverte aux coureurs étrangers et en conservant des coureurs Bretons qui voudront promouvoir leur région ! Ce que j’aime chez les coureurs Bretons d’ailleurs c’est qu’ils apprennent leur culture aux autres, c’est essentiel.