Angelo Zomegnan, l’ancien patron du Giro, avait vu grand pour le lancement de l’édition 2012, dont il ignorait encore qu’il serait écarté de manière consensuelle en raison de divergences d’opinion. En ébauchant le tracé d’une course rose qu’il a su rendre spectaculaire et même, à l’aube de son centenaire, quasiment l’égale du Tour de France, l’Italien avait creusé l’idée de donner le coup d’envoi du Tour d’Italie 2012 à Washington ! Un pari audacieux, à la hauteur du personnage, mais farfelu. Pour des raisons logistiques évidentes, aucun Grand Tour n’a encore jamais réussi à traverser un océan, le projet est donc tombé à l’eau. Pas les extravagances de Zomegnan, qui a fait jeter l’ancre au Danemark pour trois jours afin d’offrir au Giro 2012 le Grand Départ le plus nordiste qu’ait jamais connu un Grand Tour. Une ultime excentricité et puis s’en va.

Le Danemark bat donc pavillon rose en cette fin de semaine. Même pas huit mois après l’organisation des Championnats du Monde, le pays voit débarquer à nouveau le gratin du cyclisme. Comme à Rudersdal en septembre dernier, les sprinteurs seront à la fête au cours de cette parenthèse danoise. A partir de demain néanmoins car la première journée de course est consacrée à la traditionnelle exhibition individuelle dans les rues d’Herning. 8,7 kilomètres face au chronomètre attendent les 198 concurrents engagés. Il y aura aujourd’hui des enjeux à tous les échelons de la course : entre les rouleurs candidats logiques au premier maillot rose, entre les sprinteurs qui tâcheront de le leur chiper ces quarante-huit prochaines heures au Danemark, entre les grimpeurs enfin, ceux qui joueront un rôle majeur au classement général plus tard dans le mois de mai mais qui font déjà l’objet d’une attention toute particulière.

Ce prologue, pardon, cette première étape (on ne parle plus de prologue au-delà de 8000 mètres), comprend deux parties bien distinctes mais finalement complémentaires. A une première moitié très technique, avec une succession de virages en ville se franchissant à vive allure, répond une seconde partie plus physique, adressée aux rouleurs purs, qui seront plus à même d’y créer des différences sur une large chaussée exposée au vent. Les drapeaux flottent, ça souffle juste comme il faut pour durcir l’exercice, et si les nuages noirs cercleront tout l’après-midi la cité d’Herning, le soleil se tiendra haut dans le ciel, comme par magie, pour illuminer la route des prétendants au premier maillot rose. Ça va rouler vite, très vite pour ce qui concerne les candidats à la victoire d’étape. Mais un seul coureur va franchir le seuil des 50 km/h de moyenne.

Au regard des différences, les sprinteurs auront fort à faire pour endosser le maillot rose.

Taylor Phinney (BMC Racing Team) a 21 ans. Il effectue sa deuxième année chez les pros, et s’apprête à passer à la postérité, lui qui est déjà riche de l’un des plus beaux palmarès amateurs : deux Championnats du Monde du contre-la-montre (Juniors et Espoirs), deux Paris-Roubaix Espoirs, le prologue du Tour de l’Avenir et même le titre de champion des Etats-Unis du chrono raflé devant Levi Leipheimer à l’aube de ses débuts professionnels. Bref, Phinney n’est déjà plus un inconnu. 15ème de son premier Paris-Roubaix pro le mois dernier, il accomplit les 8700 mètres d’ouverture du Tour d’Italie à 50,031 km/h de moyenne. Le coureur du Colorado endosse ainsi le premier maillot rose du Giro 2012 doté d’une avance démentielle : 9 secondes sur Geraint Thomas (Team Sky), 13 secondes sur Alex Rasmussen (Garmin-Barracuda), 15 secondes sur Manuele Boaro (Team Saxo Bank). Tous les autres à déjà plus de 20 secondes.

Derrière Phinney et les quelques spécialistes du contre-la-montre, ce sont les performances des sprinteurs que l’on scrute. Les secondes de bonification mises en jeu aux arrivées demain et après-demain leur permettront peut-être de ravir le maillot rose avant de poser les roues sur le sol italien mercredi prochain. N’empêche qu’au regard des différences enregistrées ce soir, la tâche s’avère rude, très rude. Tyler Farrar (Garmin-Barracuda) 29ème à 36 secondes devra impérativement gagner les deux prochaines étapes pour réussir ce tour-là. Les autres sont quasiment hors-jeu : Mark Cavendish (Sky) concède 47 secondes, Daniele Bennati (RadioShack) et Thor Hushovd (BMC) 49 secondes, Francisco-José Ventoso (Movistar) 53 secondes, Matthew Goss (Orica) 55 secondes, Juan-José Haedo (Saxo Bank) 56 secondes et Chicchi (Omega) 1’21 ».

Du côté des favoris, c’est Roman Kreuziger (Astana) qui entame le mieux le Giro, si l’on excepte la performance de Ryder Hesjedal (Garmin-Barracuda), plus outsider, 17ème à 29 secondes. Le Tchèque se classe 28ème à 36 secondes et commence l’épreuve avec 3 secondes d’avance sur Ivan Basso (Liquigas-Cannondale), 7 secondes sur Joaquim Rodriguez (Team Katusha), 19 secondes sur Domenico Pozzovivo (Colnago-CSF Bardiani), 23 secondes sur Frank Schleck (RadioShack-Nissan), 27 secondes sur Damiano Cunego (Lampre-ISD), 31 secondes sur José Rujano (Androni Giocattoli) et 43 secondes sur Mikel Nieve (Euskaltel-Euskadi). Les Français Hubert Dupont et John Gadret (Ag2r La Mondiale) cèdent 36 et 40 secondes à Kreuziger. Quant à Michele Scarponi (Lampre-ISD), il perd 30 secondes, dans une rose garde-robe qu’il a étrennée et espère bien ressortir lors du prochain contre-la-montre… le 27 mai à Milan !

Demain dimanche, la deuxième étape se disputera autour d’Herning (206 km).

Classement 1ère étape :

1. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) les 8,7 km en 10’26 » (50,0 km/h)
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 9 sec.
3. Alex Rasmussen (DAN, Garmin-Barracuda) à 13 sec.
4. Manuele Boaro (ITA, Team Saxo Bank) à 15 sec.
5. Gustav-Erik Larsson (SUE, Vacansoleil-DCM) à 22 sec.
6. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Barracuda) m.t.
7. Brett Lancaster (AUS, Orica-GreenEdge) à 23 sec.
8. Marco Pinotti (ITA, BMC Racing Team) à 24 sec.
9. Jesse Sergent (NZL, RadioShack-Nissan) à 26 sec.
10. Nelson Oliveira (POR, RadioShack-Nissan) à 27 sec.

Classement général :

1. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) en 10’26 »
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 9 sec.
3. Alex Rasmussen (DAN, Garmin-Barracuda) à 13 sec.
4. Manuele Boaro (ITA, Team Saxo Bank) à 15 sec.
5. Gustav-Erik Larsson (SUE, Vacansoleil-DCM) à 22 sec.
6. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Barracuda) m.t.
7. Brett Lancaster (AUS, Orica-GreenEdge) à 23 sec.
8. Marco Pinotti (ITA, BMC Racing Team) à 24 sec.
9. Jesse Sergent (NZL, RadioShack-Nissan) à 26 sec.
10. Nelson Oliveira (POR, RadioShack-Nissan) à 27 sec.

Classement par points :

1. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) 25 pt
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) 20 pt
3. Alex Rasmussen (DAN, Garmin-Barracuda) 16 pt
4. Manuele Boaro (ITA, Team Saxo Bank) 14 pt
5. Gustav-Erik Larsson (SUE, Vacansoleil-DCM) 12 pt
6. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Barracuda) 10 pt
7. Brett Lancaster (AUS, Orica-GreenEdge) 9 pt
8. Marco Pinotti (ITA, BMC Racing Team) 8 pt
9. Jesse Sergent (NZL, RadioShack-Nissan) 7 pt
10. Nelson Oliveira (POR, RadioShack-Nissan) 6 pt

Classement par équipes :

1. Garmin-Barracuda (USA) en 32’21 »
2. BMC Racing Team (USA) m.t.
3. Orica-GreenEdge (AUS) à 20 sec.
4. RadioShack-Nissan (LUX) à 22 sec.
5. Team Sky (GBR) à 26 sec.
6. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 30 sec.
7. Vacansoleil-DCM (PBS) m.t.
8. Astana (KAZ) à 38 sec.
9. Liquigas-Cannondale (ITA) à 39 sec.
10. Team Saxo Bank (DAN) à 42 sec.