Alexandre, Patrick Chassé a quitté Eurosport, quelle va être la place du vélo cette année sur Eurosport ?
Le vélo, en termes de volume horaire, est le sport numéro un sur l’antenne d’Eurosport. Nous diffusons 170 jours de vélo par an entre les Grands Tours, les classiques, la piste, la Coupe de France… Maintenant, avec le départ de Patrick Chassé, il demeure un peu de flou concernant la rubrique cette année. Nous ne connaissons pas encore l’identité des gens qui l’incarneront désormais.

La révolution, concernant le cyclisme, va être votre arrivée…
Je vais être impliqué sur le vélo, oui, reste maintenant à définir le contenu. Mais je commenterai le Tour de France, ça vient d’être décidé. C’est une nouveauté mais je ne vais pas être dépaysé. J’adore le vélo, j’en ai fait beaucoup jusqu’en Cadets. C’est mon sport de base, beaucoup plus que le ski. Je considère d’ailleurs avoir davantage une culture vélo qu’une culture ski. Je me réjouis de commenter du vélo, même si je ne ferai pas toute la saison car le volume est trop important et n’est pas compatible avec une saison de sports d’hiver.

Vous devriez donc alterner avec Guillaume Di Grazia et Jacques Leunis ?
Absolument, ce sont les trois noms qui vont intervenir, avec le renfort d’Emmanuel Barth, de RTL, qui rejoindra l’équipe car nous avons de plus en plus de courses chaque année. J’ai testé Emmanuel sur un résumé de la saison diffusé en fin d’année et je l’ai trouvé très bon. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup, que je connais très peu, mais avec qui j’ai un bon feeling. Il nous a proposé de transposer son talk-show radio à la télé de manière hebdomadaire mais Arnaud Simon (NDLR : directeur général adjoint d’Eurosport) a estimé que l’idée n’était pas assez judicieuse. Peut-être le ferons-nous cependant sur le Tour de France.

Et l’équipe de consultants ?
Elle ne change pas et se maintient autour de Jacky Durand et Jean-François Bernard. Nous attendons une réponse de Richard Virenque. Arnaud Simon souhaite poursuivre l’aventure avec Richard car il a besoin de personnalités fortes pour incarner les sports majeurs de l’antenne. Nous avons besoin de lui pour sa notoriété et ce qu’il dégage auprès du public. Les négociations sont toujours en cours à ce jour.

Y aurait-il un duel engagé entre Eurosport et France Télévisions pour s’octroyer les services de Richard Virenque ?
C’est possible, j’ai entendu des bruits qui faisaient état de tractations entre Virenque et France Télévisions. Sincèrement, je n’en sais pas plus. Mais j’imagine qu’un garçon du profil de Richard Virenque intéresse fortement nos concurrents. En attendant, nous sommes contents de garder Jacky Durand, qui faisait partie de nos priorités.

Allez-vous fonctionner en binôme particulier ?
L’avantage, c’est que j’ai déjà commenté avec Jacky Durand et Jean-François Bernard : la Vuelta, les Ardennaises, les Championnats du Monde… Je ne serai pas dépaysé. Le consultant numéro un reste Jacky Durand. Jeff sera là aussi sur Paris-Nice, les Ardennaises, la Vuelta ou le Tour de Californie.

Vous excellez en commentaires de ski, c’est votre domaine, mais quelle a été votre activité vélo ?
Ca a été un suivi de passionné, tout simplement, un suivi de téléspectateur avide d’émotions. Le vélo me procure beaucoup d’émotions. Je fais partie de ces gens qui peuvent regarder une étape du Tour pendant six heures. Je n’ai pas la prétention de connaître le milieu, je ne le connais qu’à travers ce que m’en disent les consultants. J’ai donc tout à construire, c’est ce qui m’effraie un peu. Quand je vois le temps que ça m’a pris pour m’immiscer dans le monde du ski, là je reprends à zéro. Mais c’est un nouveau challenge.

Pensez-vous que le vélo à la télé ait encore des choses à prendre auprès des autres sports, en particulier le ski ?
Malheureusement, je dirais que le ski évolue mais seulement sur certaines courses. Les courses suisses sont exceptionnelles en termes de réalisation, de sensibilité, de ressenti, de placement des caméras… Le terrain se prête à la magnificence du spectacle. Sur le vélo, je ne vois pas quelles nouveautés on pourrait apporter parce que je ne suis pas encore assez immergé dans la discipline. Je n’ai pas été suffisamment été acteur pour pouvoir porter un jugement pertinent sur la manière dont il est produit. Mais déjà, je trouve que ce qui est fait sur le Tour de France est très haut de gamme.

En termes de scénario, le vélo est souvent plus prévisible que le ski avec une échappée au long cours, un peloton qui rentre et un sprint massif…
C’est une tendance lourde que j’observe depuis plusieurs années en effet. C’est assez navrant. Comment y remédier ? Je pense que les oreillettes font beaucoup de tort. On a des scénarios figés. Même les classiques en viennent à être décevantes. On a été gâtés en 2010, mais voir Cancellara partir seul à 50 kilomètres de Roubaix, ça donne une dimension athlétique à la course, mais en termes de suspense ce n’est pas exceptionnel. C’est donc vrai que les scénarios sont de plus en plus écrits à l’avance, qu’il y a moins de place pour l’improvisation.

Y aura-t-il des nouveautés au cœur des programmes cyclistes d’Eurosport ?
Nous allons essayer d’instaurer un talk-show pendant le Tour de France. Avec Arnaud Simon, nous sommes partis du constat que nous rendions l’antenne un peu trop vite après les directs et qu’il ne se passait plus rien avant le lendemain, et ainsi de suite pendant trois semaines. Nous allons donc essayer de mettre en place un talk-show après l’étape pour revenir sur la course avec des invités etc. C’est encore à l’état embryonnaire mais on y pense.

Vous devriez commencer à Paris-Nice, comment allez-vous vous mettre au niveau d’ici là, sachant que vous couvrez le ski et l’athlétisme ?
C’est un sacré challenge ! Quand on vous propose de commenter le Tour de France, vous ne dites pas non évidemment. Mais passer après Patrick Chassé, c’est un gros challenge. Patrick est quelqu’un que j’admire énormément. Cela fait seize ans que je suis là, donc je l’ai toujours connu. Ca m’effraie un peu de passer derrière lui car il a une connaissance du milieu exceptionnelle, il parle vrai et s’exprime très bien, ne maltraite ni la syntaxe ni la grammaire. C’est une qualité rare. Il a créé une atmosphère avec ses consultants : humour, complicité, et avec un ton toujours chaleureux. Ca fait beaucoup, il a placé la barre très haute et je n’ai pas la prétention de dire que je ferai aussi bien ! C’est un challenge, et je ne vais pas venir la fleur au fusil !

Propos recueillis à Paris le 17 janvier 2011.