Ralph, tu as participé une fois aux Jeux Olympiques, à Athènes en 2004, où tu avais terminé 6ème, quels souvenirs en gardes-tu ?
J’étais très jeune à l’époque. J’avais 24 ans et je venais de débuter le VTT. Participer aux Jeux Olympiques à ce moment-là, c’était très impressionnant pour moi. C’était simplement énorme. Je veux parler de l’atmosphère des Jeux Olympiques dans leur intégralité et pas seulement de la course. Bien sûr, j’aimerais pouvoir y participer à nouveau l’été prochain à Londres. Je vais me battre pour ça cette année avec l’espoir d’y conquérir une médaille, qui reste l’unique raison pour laquelle on devrait prétendre à une participation aux Jeux Olympiques.

Quels pourcentages de chances te donnes-tu d’être membre de l’équipe de Suisse à Londres ?
Ce n’est pas facile de répondre à cette question parce que ça ne dépend pas que de moi. Dans un pays comme l’Allemagne, terminer dans le Top 15 me suffirait à être sélectionné. Mais en Suisse il y a vingt types qui bataillent pour les tickets olympiques. Sur chaque course, tu dois être le plus rapide, donner tout ce que tu peux et te battre pour toutes les places possibles… Dans le cas des prétendants à une sélection olympique en Suisse, tu dois donner le maximum en permanence, même quand tu n’as pas les jambes, il faut se battre pour chaque place. Ça rend les choses compliquées à calculer. Beaucoup de pilotes méritent leur place à Londres et beaucoup ont leur chance. Tout ce que je sais, c’est que j’en fais partie.

La première manche de la Coupe du Monde en Afrique du Sud sera-t-elle une étape-clé pour toi ?
La Coupe du Monde sera importante bien sûr. Ce sera la première grande course de la saison. Là, on verra qui est fort, qui l’est moins, qui sont les tops pilotes. Mais il faudra en même temps faire attention à ne pas arriver trop en forme à Pietermaritzburg afin d’être davantage compétitif sur les manches de Coupe du Monde du mois de mai. Il va s’écouler beaucoup de temps et se passer beaucoup de choses entre la première et la quatrième manche fin mai à La Bresse.

Depuis plusieurs années tu es plus orienté sur les épreuves marathons. Est-ce une volonté ou une obligation ?
C’est mon choix personnel. Mais le plus important reste le cross-country olympique, qui demeure la discipline phare du VTT. Le marathon est une discipline agréable, je pense avoir un certain talent pour cette spécialité, mais mon objectif principal demeure d’être au top en cross-country et non pas de jouer la gagne sur des challenges dédiés au marathon. Néanmoins c’est toujours un plaisir que de s’aligner au Championnat du Monde ou au Championnat d’Europe de marathon.

Le marathon convient-il mieux aux pilotes d’un certain âge, comme on le voit avec Christoph Sauser ?
Je ne le pense pas. On y voit aussi de jeunes coureurs y signer des performances. Je pense que c’est plus une question de caractéristiques. Certains coureurs sont capables de rouler deux heures à leurs limites, d’autres coincent après une heure et demie. Certains aiment les courses courtes, vraiment explosives. Moi, je peux tout aussi bien courir quatre ou cinq heures. Ça dépend vraiment davantage des caractéristiques de chacun, et pas forcément de l’âge. Bien sûr, ça devient plus facile avec l’expérience, parce que vous avez plus d’entraînement dans les jambes. Un gars comme Christoph Sauser est vraiment bâti pour le marathon. Il n’est plus aussi rapide sur des cross courts alors le marathon est parfait pour lui, même s’il demeure l’un des meilleurs pilotes XC.

Christoph Sauser est-il toujours un candidat important à une sélection olympique ?
C’est l’un des challengers, bien sûr. Il possède pour lui une grosse expérience, et c’est un gros atout. Il n’est pas aussi nerveux que d’autres le seraient et ça peut apporter aux coureurs plus jeunes. Comme nous tous, il a l’ambition d’être à Londres pour ce qui sera ses dernières olympiades. Mais ce sera dur pour tout le monde.

Quels podiums verrais-tu aux JO ?
Je vais commencer par les femmes, c’est plus facile ! Je pense que Julie Bresset sera championne olympique devant Irina Kalentieva et Eva Lechner. Et pour les hommes… Bon, je ne m’inclue pas. Je verrais bien encore une fois Julien Absalon. Il sera prêt pour ça, j’en suis sûr. Les Jeux Olympiques, ça vous transcende et il sera assurément très fort. Derrière lui, je dirais José-Antonio Hermida et Nino Schurter.

Merida va sortir un 29″ tout suspendu, est-ce un vélo que tu attends avec impatience pour le marathon notamment ?
Sur des courses spécifiques comme la Cape Epic, ce sera bien sûr le meilleur vélo qu’on pourra avoir. Il sera moins conforme à des courses moins caractéristiques comme on en trouve en Europe. Mais sur des marathons vraiment durs, ce sera à voir. En fait tout ça dépend de chaque coureur. Le plus important est de trouver le vélo qui nous convient le mieux et de s’en tenir là, ne surtout pas changer tous les week-ends. Chaque vélo demande une adaptation différente.

Tu découvriras le circuit de Londres mi-avril, as-tu déjà tranché entre l’utilisation d’un 26″ ou d’un 29″ si tu allais aux Jeux ?
Je vais commencer la saison sur un 29″ à Pietermaritzburg, je m’entraîne déjà avec, puis je verrai ce que je choisis de faire pour le reste de la saison. Pour le moment je pense que je vais courir en 29″ sur la plupart des courses mais on verra si je change pour le tout suspendu ou non. Ça dépendra beaucoup évidemment du choix que je ferai pour Londres. En fonction de ce choix il faudra utiliser ce vélo un maximum pour être au mieux aux Jeux. Mais on verra bien au printemps.

Tu donnes le sentiment de ne pas progresser depuis deux ans, à quoi est-ce lié ?
J’ai eu des problèmes physiques ces derniers temps, principalement liés à mon vélo. Je n’avais pas de sensation, je n’arrivais pas à mettre de la puissance en course comme à l’entraînement. Ça a été une situation stressante pour moi, parce que j’ai eu beaucoup de pression de mon entourage et de moi-même. J’ai étudié tout cela durant l’hiver, corrigé les problèmes, et j’espère maintenant que je vais retrouver mon niveau. Je ressens toujours des douleurs dans le dos mais elles sont moins fortes que ce qu’elles ont été.

L’autre grande date pour toi cette année, ce sera le Championnat du Monde marathon à Ornans, dans le Doubs. Que penses-tu du parcours ?
Je ne connais pas le parcours, on m’en a simplement parlé, mais ce sera quoi qu’il arrive l’un de mes objectifs cette année encore. C’est tout près de la Suisse donc j’aimerais forcément y briller.

Tu as 31 ans, penses-tu déjà à ton après-carrière ?
Bien sûr que j’y pense. J’ai une famille et je dois y songer. Mais je reste néanmoins concentré sur mes objectifs à venir, sur ma carrière sportive. C’est ma dixième année avec Merida. J’aimerais continuer comme ça. J’ai des projets d’avenir mais on verra tout cela après ma carrière.

Propos recueillis à Playa de Muro le 11 février 2012.