La vie peut parfois bousculer en un quart de seconde. Julien Trarieux, le sociétaire d’Aix en Provence, ne le sait que trop bien. Le jeune homme vient de remporter le Roc Marathon. Il l’avait promis, il a tenu sa promesse, malgré une année marquée par de nombreux événements. « Et bim ! », comme il le dit souvent.

7h45 du matin, sur la base nature de Fréjus. Julien Trarieux s’échauffe un peu, avant de gagner la quatrième ligne qui est la sienne. Et pour cause, le Niçois n’a trouvé un dossard que jeudi, après avoir oublié de s’inscrire. Mais au moins, le voilà au départ, prêt à honorer sa promesse. Léger retour en arrière dans cette année 2016 ; au 16 janvier. Ce jour-là, un grave accident de la route vient mettre en péril la carrière du jeune homme de 24 ans, qui venait de décider de se consacrer à la route, après trois années passées à concilier VTT et route. Trois vertèbres cervicales cassées, ligaments arrachés, corset à porter pendant six semaines… Julien Trarieux fait alors une promesse : celle de gagner, au Roc d’Azur.

Et le voilà, dix mois plus tard, au départ du Marathon. 82 kilomètres parcourir, entre terre, sable et mer. Levé à six heures, petit-déjeuner avalé en vitesse, roues et vélo prêts, le voilà à guetter le départ entre Romain Bardet ou Maxime Marotte, 4e des derniers Jeux Olympiques. Derrière, les nombreux coureurs répartis en vagues attendent sagement leur tour.

A l’avant, ça part vite. Très vite. Julien Trarieux casse une de ses chaussures dès le deuxième kilomètre, mais parvient à rester au contact des cadors de la discipline, dont le vainqueur sortant Samuele Porro. C’est d’ailleurs avec ce dernier que le coureur d’Aix-en-Provence décide d’accélérer, à 25 kilomètres. Mais le jeune homme de 24 ans se rend rapidement compte qu’il est seul en tête, et que celui qui était son compagnon de route, ne parvient pas à suivre la cadence. Julien Trarieux, ancien champion de France chez les jeunes de la discipline, continue alors son bout de chemin, seul en tête. Qu’importe la poussière sur le circuit, qu’importent les vagues qui passent sur le parcours.

A l’arrivée, l’ancien espoir français du VTT prend le temps de savourer. Sa promesse est tenue, son objectif, accompli. Ses amis ont fait le déplacement, certains de ses coéquipiers, comme Odrian Champossin, également. Cela faisait quatre mois qu’il n’avait pas touché un VTT, il avait juste repris il y a tout juste une semaine, après avoir mis un terme à sa saison sur route. Mais le voilà vainqueur du Roc Marathon, devant Alban Lakata, et Daniel Geismayr. Lakata, ancien champion du monde de la discipline en 2015 va d’ailleurs voir Julien Trarieux, qui répond alors aux interviews, en lui demandant s’il est du coin. La raison de la question ? « You were too fast man ! », traduisez : tu étais bien trop rapide mec !

Plus loin, Alexis Vuillermoz franchit la ligne, à une correcte 23e place, main dans la main avec son concurrent. Pour un retour aux sources, le coursier d’AG2R La Mondiale s’en sort plutôt bien. Mieux en tout cas que son coéquipier Romain Bardet, qui après être parti vite, s’est amusé pendant ces 82 kilomètres, en compagnie des deux membres de la réserve de Chambéry CF, Hugo Pigeon et Aurélien Paret-Peintre.

Julien Trarieux est censé participer au Roc d’Azur dimanche. Mais après sa victoire, il n’en est plus si sûr. Tout dépendra de ses chaussures, de son état de forme, et de la célébration de sa victoire. La vie bascule parfois en un quart de seconde…