Pendant les Jeux Olympiques de Londres, Vélo 101 part à la rencontre d’athlètes olympiques ou d’anciens champions pour découvrir leur attachement pour le cyclisme. Pour ouvrir cette rubrique, rencontre avec le judoka Larbi Benboudaoud, médaillé d’argent aux Jeux de Sydney en 2000 et ancien champion du monde (1999). Huit ans après son retrait des compétitions, il est aujourd’hui entraîneur de l’équipe de France féminine de judo.

Larbi, comment les judokas appréhendent-ils le vélo ?
Le vélo, il intervient d’abord dans l’entraînement d’un judoka en cas de blessure. Quand le judoka ne peut pas faire de course, on le met ou sur le rameur, ou sur le vélo. En salle. Mais on utilise aussi cette discipline dans le cadre de stages. Nous grimpons alors les fameux cols mythiques du Tour de France. Pour nous, l’aspect intéressant de cette discipline, au-delà de la préparation physique, c’est le psychologique. Le vélo, c’est mental. Les judokas ne pédalent pas souvent, mais quand on les met au pied d’un col et qu’on leur dit de monter sans poser le pied à terre, avec un chronomètre pour juge, c’est intéressant.

Pourquoi ?
Parce que le vélo, c’est dur, surtout quand on se donne le challenge de monter l’Alpe d’Huez et ses vingt-et-un lacets sans poser pied à terre, que l’on cherche le plat dans chaque virage sans le trouver. Quand tu es en plein milieu du truc et que tu en chies, tu te demandes ce que tu fais là. Mais quand tu as fini et que tu es allé au bout, tu te dis que tu l’as fait et c’est une fierté. On se rend compte aussi du boulot des pros, chapeau ! Surtout si on compare nos temps. Notre truc à nous, ça reste le tapis pour faire du judo.

Il y a souvent de la casse ?
Oui, surtout quand ce sont nos poids lourds qui mettent un coup de pédale. David Douillet était un grand consommateur de vélos. Il en a pété quelques-uns ! Mais c’est normal. A la longue, il a fini par venir avec le sien, donc il a réglé le problème.

Quel est le col qui vous a le plus marqué ?
L’Alpe d’Huez, je pense, mais le Galibier et le Télégraphe, c’est pas mal non plus !

Ces stages, vous les pratiquez à des périodes où vous recherchez du foncier…
Généralement, on place les stages de vélo après l’annonce des sélections, donc vers mai-juin. Soit après les Championnats d’Europe. Derrière, il y aura pour nous les Championnats du Monde ou les Jeux Olympiques. Ça nous permet de regrouper notre équipe nationale pour la première fois et d’entamer du foncier avant les grosses échéances. Ça nous permet en outre de sortir de notre cadre parisien habituel. On se retrouve dans les Alpes, c’est bien plus sympa.

Vous côtoyez les pistards de l’INSEP, avez-vous des échanges avec eux ?
Ce sont des copains, on les croise à l’entraînement, mais il nous est arrivé de faire quelques séances sur la piste du vélodrome. Ça nous permet aussi d’utiliser les appareils de musculation qui sont à leur disposition. Il nous arrive aussi, quand il fait beau, de sortir du côté de Vincennes. On se met quelques petits challenges. Ça nous permet de nous oxygéner, le cadre est sympa. Ça fait varier les efforts.

Durant le Tour de France, avez-vous eu un œil attendri pour l’épreuve ou étiez-vous déjà dans les Jeux avec les judokas ?
On est dans l’objectif des Jeux, mais on suit en général tous les sports. Le Tour de France, c’est la course à ne pas rater. Forcément, on la suit. Mais cette année on a été un petit peu déçus. Il y avait moins de suspense, les jeux étant faits bien avant la fin. On aime bien quand il y a du suspense, comme chez nous quand ça va au Golden Score.

A Londres, y aura-t-il plus de médailles pour les judokas français ou pour les cyclistes français ?
Franchement, je souhaite qu’il y ait autant de médailles possibles pour les cyclistes comme pour les judokas. Des médailles d’or agrémentées d’autres médailles.

Propos recueillis à Londres le 26 juillet 2012.