Il n’est pas donné à tout le monde de réitérer un titre olympique d’une Olympiade à l’autre, même dans une discipline aussi confidentielle que l’est le contre-la-montre individuel féminin. A Pékin, en 2008, Kristin Armstrong avait déjà 35 ans lorsqu’elle décrocha l’or du chrono. Mais de là à imiter la Hollandaise Leontien Van Moorsel sacrée à Sydney puis à Athènes… D’ailleurs, on n’imaginait pas revoir un jour Kristin Armstrong sur des Jeux Olympiques. Après un second titre mondial chronométré en 2009, l’Américaine avait mis sa carrière entre parenthèses pour fonder une famille. Elle est devenue maman d’un petit garçon puis a été rappelée par sa passion, a repris le vélo, et s’est remise en tête de courir au haut niveau. Ce n’était pas la plus incongrue de ses démarches. De retour dans les pelotons, le plus dur restait à faire. Retrouver son rang.

A Londres, ce midi, au moment de remettre en jeu son titre olympique, Kristin Armstrong n’est plus tout à fait la favorite. On ne l’a plus vue rivaliser avec les meilleures mondiales depuis sa maternité. Pire, elle se remet d’une fracture de la clavicule qui a compliqué une partie de sa saison, elle qui s’était annoncée en se classant 2ème du Tour des Flandres. Mais au départ de Hampton Court Palace, la reine du chrono possède le privilège de partir la dernière. Un avantage qui lui permettra de bénéficier des temps de passage de chacune de ses vingt-trois adversaires aux deux chronomètres intermédiaires placés aux deux premiers tiers d’une course disputée sur 29 kilomètres. Le contre-la-montre des Jeux Olympiques est plat, alternant larges boulevards et parties étroites où une foule considérable s’amasse encore derrière les barrières. La chaussée est reluisante sous le triste ciel grisâtre mais la pluie épargnera les filles cette fois-ci.

Toutes les concurrentes parties, les premières références ne tardent pas à tomber. Et Kristin Armstrong part fort ! Au tiers de l’épreuve, après 9,1 kilomètres, la championne qui aura 39 ans le samedi 11 août, compte une seconde et demie d’avance sur la Néo-Zélandaise Linda-Melanie Villumsen. Clara Hughes est déjà repoussée de 9 secondes, Emma Pooley et Judith Arndt de 10 secondes, Olga Zabelinskaya de 17 secondes. Des interrogations surviennent : Kristin Armstrong a-t-elle présumé de ses forces ?  Peut-elle tenir ce rythme 20 kilomètres de plus ? En cela, le second pointage va émettre des signes positifs. Au kilomètre 20,4, l’Américaine reprend encore 3 secondes à sa plus coriace adversaire Linda-Melanie Villumsen. En revanche elle perd du temps sur Judith Arndt 3ème à 7 secondes et Olga Zabelinskaya 4ème à 13 secondes.

Les 8500 derniers mètres vont être de nature nettement plus décisive. Là, on voit Linda-Melanie Villumsen s’affaisser. La Néo-Zélandaise perd non seulement toute chance de médaille d’or, mais l’argent lui échappe bientôt et elle va laisser passer le bronze pour 1″83 ! A l’inverse, Kristin Armstrong appuie plus fort encore sur les pédales. Son avantage sur ses concurrentes est doublé dans les 8 derniers kilomètres. Au retour sur l’ancien site royal de Hampton Court, la double championne du monde du contre-la-montre devient aussi double championne olympique de la discipline. Elle repousse la championne du monde en titre Judith Arndt de 15 secondes et la Russe Olga Zabelinskaya, auteure d’un beau final et à nouveau médaillée de bronze, de 23 secondes. Doublée par Judith Arndt puis Kristin Armstrong, Marianne Vos ne se classe que 16ème à 3’06 ». Dans le même temps que l’unique représentante Française Audrey Cordon, 15ème.

Classement :

1. Kristin Armstrong (Etats-Unis) les 29 km en 37’35 »
2. Judith Arndt (Allemagne) à 15 sec.
3. Olga Zabelinskaya (Russie) à 23 sec.
4. Linda Melanie Villumsen (Nouvelle-Zélande) à 24 sec.
5. Clara Hughes (Canada) à 54 sec.
6. Emma Pooley (Grande-Bretagne) à 1’03 »
7. Amber Neben (Etats-Unis) à 1’10 »
8. Ellen van Dijk (Pays-Bas) à 1’19 »
9. Trixi Worrack (Allemagne) à 1’46 »
10. Elizabeth Armitstead (Grande-Bretagne) à 1’51 »