Pendant les Jeux Olympiques de Londres, Vélo 101 part à la rencontre d’athlètes olympiques ou d’anciens champions pour découvrir leur attachement pour le cyclisme. A 40 ans, le champion olympique 1992 de tir à l’arc Sébastien Flute a fait le déplacement à Londres. Pas en tant qu’athlète, ce qu’il avait tâché de faire en sortant d’une retraite prise en 2000, mais en tant qu’ambassadeur d’une discipline dans laquelle il a obtenu un titre olympique, trois titres mondiaux, trois titres européens et trois titres nationaux.

Sébastien, vous avez plusieurs casquettes sur les Jeux de Londres. Lesquelles ?
Je suis consultant pour le tir à l’arc sur France Télévisions. Après, je vais accompagner les invités de mes partenaires. Et en toute fin de Jeux je vais travailler pour l’INSEP afin de faire la promotion de cette belle institution sportive auprès des étrangers.

Il y a vingt ans à Barcelone, vous deveniez champion olympique de tir à l’arc. Quelle avait alors été la place du vélo dans votre préparation foncière ?
J’ai habité dix ans en Auvergne, à Clermont-Ferrand puis dans le Forez, et j’y ai fait beaucoup de vélo, de 1992 à 2000. J’ai adoré sillonner les routes et les chemins de cette région. Au-delà de mon sport, j’ai toujours eu besoin de faire une activité vraiment physique. Dans notre discipline, on est vraiment sur la retenue en permanence, et c’est assez frustrant de ne pas avoir cette dépense physique à côté.

D’où l’attrait pour le vélo…
En fait j’ai fait beaucoup de course à pied car quand on est sur les compétitions ce n’est pas pratique d’emmener son arc et son vélo. Mais malgré tout j’en ai pratiqué et refait avec beaucoup de plaisir au printemps, dans le Cantal, avec les Etoiles du Sport. On a monté pas mal de cols, dont le Puy Mary. Ça a été une reprise du vélo avec beaucoup de plaisir.

Finalement, le vélo, pour un archer, c’est un décompresseur ?
C’est un sport qui vide la tête. La difficulté, dans nos compétitions, c’est qu’on est fatigué physiquement, car ça tire même si ça n’en a pas l’air, et surtout mentalement. Du fait d’être sur les nerfs et sur la retenue pendant toute la compétition, on a besoin à un moment d’avoir en plus cette dépense physique. Cette « défonce » qui procure une autre fatigue et aide à dormir le soir. Car la fatigue mentale rend l’endormissement beaucoup plus difficile.

Quels sont vos premiers souvenirs de vélo ?
Mon tout premier souvenir, c’est une dent cassée. Le second, c’est une arcade sourcilière. Je suis tombé deux fois avec mon vélo de route après avoir pris une bordure. Je ne dois pas être très adroit ! Au-delà de ça, j’ai eu la chance de suivre une étape de montagne du Tour de France avec la Française des Jeux, entre Perpignan et Andorre. C’est là qu’on mesure mieux le talent et le travail de ces athlètes. Mes souvenirs, ce sont aussi des après-midis d’été devant la télé, à regarder le Tour. Même si c’était moins vrai en période de compétition.

Vos étés ne pouvaient alors pas être consacrés au Tour de France ?
Non, ils étaient consacrés à l’entraînement. Mais j’ai eu la chance de revoir passer le Tour il n’y a pas très longtemps au bord de chez moi. J’ai beaucoup d’admiration pour le public qui fait des heures de route puis attend encore des heures pour n’en profiter que 30 ou 40 secondes dans le meilleur des cas. C’est un vrai sport de passionnés et passionnant.

Vous qui connaissez bien ces deux univers, quelles sont les ressemblances et dissemblances entre le cyclisme et le tir à l’arc ?
L’aspect physique à vélo est bien plus important. Il faut être à la fois plus présent, plus rigoureux aussi sur des aspects comme la nutrition. J’ai eu l’occasion de voir avec quelle précision travaillent les coureurs. Au niveau des points communs, je dirais que nous sommes un sport de répétition. On passe beaucoup de temps à l’entraînement sur des sports qui sont, par définition, répétitifs. A vélo il faut avaler des kilomètres, dans ma discipline on passe parfois six heures à tirer des flèches à l’entraînement.

Le tir à l’arc et le cyclisme sont aussi deux disciplines individuelles…
Nous avons aussi des compétitions de tir par équipes, dans lesquelles chacun apporte sa contribution au groupe. A la différence du vélo, c’est que lorsqu’on gagne nous sommes tous les trois sur le podium. Et non pas un seul leader. Après, à charge à celui-ci de faire rejaillir sur l’ensemble de son équipe le mérite du travail.

L’équipe de France de cyclisme, toutes disciplines confondues, avait ramené six médailles des Jeux de Pékin. Peut-elle faire mieux à Londres ?
Sur la route, ça a mal commencé. J’espère que ça va prendre une nouvelle ampleur et sur la piste et sur le BMX. Pour le VTT, on attend évidemment un triplé historique de Julien Absalon. Tony Estanguet lui a montré une voie magnifique ces derniers jours. On a besoin en plus de ces médailles. En judo ou en natation, ils ont l’habitude d’en gagner. On a maintenant besoin de ces médailles.

Vous qui avez vécu en Auvergne, pensez-vous que le Tour de France reviendra un jour au Puy de Dôme ?
Je l’espère. Je l’ai monté à vélo et en courant. Une arrivée là-haut serait magique. C’est un endroit majestueux, qui surplombe la ville de Clermont-Ferrand. Ce serait très beau pour tous les Clermontois.

Propos recueillis à Londres le 1er août 2012.