Fabien, tu as semblé vraiment facile sur le circuit de Pontchâteau. Comment as-tu perçu les choses ?
Ce n’est jamais facile. En fait je suis parti à mon rythme, je n’ai pas pris un trop mauvais départ, et je me suis retrouvé en tête après avoir pris le premier virage dans la roue de Clément Russo. Je savais que c’était lui mon rival. J’ai fait le premier tour sans m’enflammer. J’ai passé les planches à vélo au premier tour. De là j’ai vu que j’avais fait un petit trou, ça a été un moment décisif dans la course. Je me suis dit que c’était parti et qu’il fallait maintenant essayer de tenir jusqu’au bout sans jamais se mettre dans le rouge.

Tu as réalisé toute la course seul en tête avec une large avance, ne t’es-tu pas ennuyé ?
Non car on est toujours un peu inquiet d’une éventuelle casse mécanique, surtout sur des circuits boueux comme ça. Je ne voulais pas jouer avec le feu. Je voulais absolument me mettre à l’abri d’une casse. Et pour cela il me fallait bien une minute d’avance. Quand j’ai vu que j’étais capable de l’obtenir, je suis allé la chercher. De là, je me suis mis à gérer, à prendre des trajectoires propres et à éviter la casse mécanique. J’ai ainsi pu savourer dans le dernier tour !

T’imaginais-tu réaliser des écarts aussi importants d’entrée de jeu ?
Non, je ne m’imaginais pas faire des écarts aussi vite. Je pensais que ça allait être une course dure, un peu à l’image de Besançon avec Clément Russo en début de saison, avec des 15/20 secondes, quelque chose qui se jouerait au mental. Finalement les écarts ont été conséquents. Ça m’a motivé de pouvoir faire un tel trou aussi vite.

Tu sembles nettement plus sûr de toi cet hiver. Qu’est-ce qui a changé ?
J’ai pas mal mûri cette année, notamment avec la route. J’ai aussi appris à me concentrer sur moi, à ne plus trop regarder les autres comme je le faisais auparavant. J’ai pris conscience que j’étais capable de faire de belles performances. Moi qui étais trop souvent dans l’ombre de certains coureurs, j’ai réussi à m’affirmer. Je suis assez satisfait. Je suis tombé à Lanarvily, ça m’a dérangé pendant deux semaines durant lesquelles j’ai été un peu craintif. Mon coude était douloureux, je ne suis pas passé loin de la casse, mais j’ai rebondi tranquillement, chez moi. Je suis parti en stage avec le Pôle Espoir pour me vider la tête. J’arrive aussi à mieux gérer mes saisons avec mon entraîneur Matthieu Nadal. Et je commence à bien me connaître.

On te sent encore hésitant entre la route et le cyclo-cross pour l’avenir, qu’en est-il ?
J’ai commencé par le cyclo-cross et c’est la discipline qui me tient énormément à cœur. Je m’épanouis dans cette discipline et si des personnes veulent me faire confiance, je mettrai toutes mes capacités pour pouvoir réussir au niveau mondial. Maintenant, sortir de la catégorie Espoir dans une équipe consacrée au cyclo-cross, c’est difficile. A moi de me débrouiller pour trouver quelqu’un qui veut bien me faire confiance, et ainsi poursuivre ma progression au niveau mondial.

Peux-tu maintenant faire ta place au plan mondial ?
Il y a actuellement une polémique quant à la participation ou non de Wout Van Aert et Mathieu Van Der Poel aux Championnats du Monde Espoirs à Tabor à la fin du mois. On ignore encore s’ils seront surclassés ou non. Mais pour moi ce sont des Espoirs, tout comme moi, et ils seront mes adversaires à vie ! Dans un gros jour, je pense avoir la possibilité d’aller chercher la 3ème place – il faut être lucide, ces deux-là sont un bon cran au-dessus. J’ai réussi à le faire à Valkenburg, je ne vois pas pourquoi je n’y arriverais pas une nouvelle fois. Mais avec un Top 5 à Tabor, mes Mondiaux seraient une satisfaction.

Propos recueillis à Pontchâteau le 10 janvier 2015.