Clément, le scénario du Championnat de France de Pontchâteau vous a-t-il surpris ?
J’avais en tête d’attaquer au bout de trois tours – après vingt minutes de course il y a toujours un moment de flottement – et c’est précisément ce que j’ai fait. Je venais de changer de vélo à cause d’un problème de dérailleur dans le deuxième tour, ce qui m’a fait reculer un peu. Quand je suis revenu au terme du troisième tour, j’ai profité d’un petit moment de répit pour attaquer et creuser tout de suite des écarts. Ce que je m’étais imaginé s’est produit : derrière ils se sont regardés et j’ai pu faire la différence puis gérer ma course.

Vous y avez cru assez vite ?
Sur ce circuit de Pontchâteau, qui ne laisse aucun temps mort, une fois qu’on a pris un coup d’avance, il est difficile de rentrer de l’arrière, ou alors on y laisse des cartouches. Je savais qu’une fois le trou fait, une avance de 20 secondes était susceptible de marquer un coup d’arrêt dans la poursuite, ce qui me permettrait de tenir ainsi jusqu’au bout.

Votre reprise nationale à Besançon ne s’était pas passée comme vous l’espériez. Avez-vous douté de vos capacités à réussir votre pari ?
Le doute, on se l’enlève par le travail. Ma saison sur route était déjà axée sur la saison de cross. J’ai toujours travaillé en ce sens. Tout était prévu pour que j’arrive en forme sur ce Championnat de France et toutes les courses que j’ai faites auparavant m’ont permis de voir où j’en étais, de poser des jalons, d’accumuler de l’expérience pour être au top aujourd’hui.

Pourquoi avoir choisi le cyclo-cross pour exister à nouveau dans le cyclisme ?
C’était avant tout une envie. C’est par le cross que je suis venu au vélo. Et puis c’était aussi une grande motivation puisque même avec un statut amateur, en cyclo-cross, on peut courir au niveau professionnel et côtoyer le haut niveau. A contrario sur la route, même si je prends toujours du plaisir, la motivation n’est plus la même sur des courses amateurs quand on a connu des courses du WorldTour.

Il y a cinq ans, un contrôle positif avait mis un frein radical à votre carrière. Quel regard portez-vous ce soir sur votre performance ?
Je crois avoir le droit d’être fier. J’ai vraiment tourné la page, j’ai mûri aussi. Tout mon passé est derrière moi. Après mon histoire en 2009, j’étais dans l’optique de continuer sur la route pour essayer de prouver que j’avais commis une erreur et que je pouvais marcher malgré tout. Finalement je suis revenu au cyclo-cross, la discipline par laquelle j’ai commencé, pour entamer une deuxième carrière. Ça m’a paru logique de prendre cette décision il y a un an. Et je vois que ça marche toujours aussi bien.

Vous aviez fait du Championnat de France la course la plus importante de votre saison, pourquoi ?
J’étais venu ici pour gagner, comme tout le monde, mais derrière ce Championnat de France, il y avait la question de savoir si je continuerais ou non ma carrière. J’ai fait le pari il y a un an de revenir en cross pour essayer de devenir champion de France. Ce titre va donc faciliter ma décision. Pour moi, il n’est pas possible d’être champion de France et de m’arrêter là-dessus. Le maillot doit être présent sur la fin de saison et l’année prochaine. Il va en outre me permettre de négocier des contrats pour tâcher de mieux vivre du vélo que je ne le fais actuellement avec mon statut amateur. Je suis aujourd’hui ouvert à toutes propositions. Pour l’instant, je ne me mets rien de concret en tête mais on verra ce qu’on me propose et ce qui se passe.

Avez-vous atteint votre but ultime avec ce titre national ?
Cette saison, oui, mais j’aurai toujours de nouveaux objectifs. Ma saison est déjà réussie mais elle n’est pas finie. Néanmoins pour ce qui est des Championnats du Monde, Francis Mourey aura un bien plus grand rôle à jouer que moi qui manque encore d’expérience au niveau international. Je l’ai vu sur les Coupes du Monde : même si je suis handicapé par mes départs en fond de grille, je n’ai pas encore le niveau pour marcher à ce niveau-là.

Propos recueillis à Pontchâteau le 11 janvier 2015.