En traçant la ligne d’arrivée de leur étape-reine en haut d’une rampe comprenant des passages à 17 %, les organisateurs du Tour de Dubaï voulaient sûrement offrir l’opportunité à un puncheur d’inscrire son nom au palmarès. Et les candidats se bousculaient au portillon pour prendre la succession de Taylor Phinney qui avait mis à profit l’exercice chronométré placé en ouverture pour s’imposer au général l’an dernier. Le problème, c’est que le relief de l’émirat ne permet pas de créer un parcours hyper exigeant, contrairement à ce que l’on pourra retrouver à Oman, un peu plus au sud. Du coup, RCS a fait avec les moyens du bord en obligeant les coureurs à se hisser au plus près du barrage d’Hatta, c’est-à-dire en empruntant une ascension de 1 kilomètre à 4,2 %, mais dont seuls les 200 derniers mètres peuvent faire la différence.

On attendait donc une première explication entre les ennemis intimes du cyclisme espagnol, Joaquim Rodriguez (Team Katusha) et Alejandro Valverde (Movistar Team), possiblement arbitrée par un Vincenzo Nibali (Astana) qui joue les coéquipiers modèles pour Andrea Guardini ou un Philippe Gilbert (BMC Racing Team) en phase de reprise. Ce ne sera aucun de ceux-là qui franchira la ligne le premier. Ce ne sera pas non plus Hassan Mohammed Al Murawwi et Vladimir Gusev (Skydive Dubaï), Alessandro Bazzana (Unitedhealthcare), Luka Pibernik (Lampre-Merida) et Martijn Verschoor (Team Novo Nordisk) qui seront longtemps les premiers à s’avancer dans le désert. La journée est longue (205 kilomètres) et le peloton accorde sans problème plus de 7 minutes d’avance à ce quintette.

Mais quand, dans la seconde partie de l’étape, la route commence doucement à se cabrer, les moins solides lâchent prise et seuls Pibernik et Bazzana tiennent encore tête au peloton. Pas pour très longtemps. À 34 kilomètres de la ligne, les deux hommes sont revus. C’est ce moment que choisit un ancien pour refaire parler de lui.  Exilé chez Skydive Dubai depuis l’an dernier, Francisco Mancebo met à profit une des nombreuses bosses du tracé pour prendre la tangente. L’Espagnol devient une menace quand son avance est proche de la minute trente à 20 kilomètres de l’arrivée. Le peloton augmente son allure, sans pour autant mettre en danger les finisseurs, et notamment le porteur du maillot bleu depuis la 1ère étape Mark Cavendish (Etixx-Quick Step) qui s’accroche encore à ce stade de la course.

Les efforts conjoints des Movistar et des BMC sont fatals à Mancebo qui abdique à 5 kilomètres de l’arrivée même s’il est rejoint un instant par Lars Boom (Astana). Un peloton d’une cinquantaine d’unités se présente au pied de la bosse finale sur laquelle les sprinteurs trouvent finalement leur mot à dire. Ou tout du moins l’un d’entre eux. Voilà plusieurs années que John Degenkolb (Giant-Alpecin) a prouvé qu’il était un véritable passe-partout. Son équipe croit en lui sur cette arrivée difficile et le dépose idéalement au pied de la rampe finale. À la sortie du dernier virage, l’Allemand produit son effort et s’arrache pour hisser sa carcasse le premier au sommet, en dépit des 17 % ! Au bout de l’effort, il lève à peine le poing avant de s’écrouler au sol. Mais il lui faudra être en pleine possession de ses moyens demain pour défendre sa place de leader au général !

Avec seulement quatre secondes, il lui faudra se méfier des bonifications que pourrait prendre Mark Cavendish demain sur la dernière étape (123 km) qui se conclura au pied de la Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde.

Classement 3ème étape :

1. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) les 205 km en 4h50’40 »
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 2 sec.
3. Juan-José Lobato (ESP, Movistar Team) m.t.
4. Filippo Pozzato (ITA, Lampre-Merida) m.t.
5. Marco Canola (ITA, Unitedhealthcare) m.t.
6. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) m.t.
7. Grega Bole (SLO, CCC Sprandi Polkowice) m.t.
8. Brent Bookwalter (USA, BMC Racing Team) à 7 sec.
9. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) m.t.
10. Edgar Pinto (POR, Skydive Dubaï) m.t.

Classement général :

1. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) en 12h45’29 »
2. Mark Cavendish (GBR, Etixx-Quick Step) à 4 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 6 sec.
4. Juan-José Lobato (ESP, Movistar Team) à 8 sec.
5. Alessandro Bazzana (ITA, Unitedhealthcare) à 11 sec.
6. Grega Bole (SLO, CCC Sprandi Polkowice) à 12 sec.
7. Marco Canola (ITA, Unitedhealthcare) m.t.
8. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) m.t.
9. Filippo Pozzato (ITA, Lampre-Merida) m.t.
10. Edgar Pinto (POR, Skydive Dubaï) à 17 sec.