Le Tour de Lombardie, et le monde des classiques de manière plus générale, a engendré plus de frustrations que de joies chez Vincenzo Nibali (Astana). Le parcours difficile de la Classique des Feuilles Mortes n’avait jamais souri au vainqueur du Tour 2014 avant aujourd’hui. Jamais le Sicilien n’avait fait mieux qu’une 5ème place en 2010. Cette année-là, la victoire aurait tout aussi bien pu lui revenir, mais une chute dans la descente de la Colma di Sormano le contraignait à laisser filer Philippe Gilbert vers la victoire. Mais c’est son raid solitaire inachevé l’année suivante qui pouvait lui laisser le plus de regrets. Quatre ans plus tard, l’Italien n’est plus le même coureur. Il a surtout appris de ses erreurs passées et retrouve qui plus est un final bien plus difficile qu’il ne l’était ces quatre dernières années.
De son expérience amère en 2011, Vincenzo Nibali a retenu que rien ne servait à anticiper les débats avant les difficultés finales. Michal Kwiatkowski (Etixx-Quick Step) va se casser les dents de la même manière que le Sicilien il y a quatre ans. Débarrassé de la pression qui incombe au porteur du maillot arc-en-ciel, le Polonais tente un coup audacieux dans la Colma di Sormano. Avec Tim Wellens (Lotto-Soudal), il profite des pourcentages à plus de 20 % du mur pour rejoindre l’échappée matinale composée d’Enrico Barbin (Bardiani-CSF), Cesare Benedetti (Bora-Argon 18), Matteo Busato (Southeast), Marco Canola (Unitedhealthcare), Jérôme Coppel (IAM Cycling), Pier-Paolo De Negri (Nippo-Vini Fantini), Oscar Gatto (Androni-Sidermec), Simon Geschke (Giant-Alpecin) et Dennis Van Winden (Team LottoNL-Jumbo).

Quand les premières rampes du Civiglio se présentent, Esteban Chaves (Orica-GreenEdge), Daniel Moreno (Team Katusha), Mikel Nieve (Team Sky), Thibaut Pinot (FDJ) et Alejandro Valverde (Movistar Team) figurent encore aux côtés de Nibali. L’Italien tentera trois fois de distancer ses rivaux à la pédale, sans que ses accélérations lui permettent de créer un écart significatif. Alors, il s’en remet à une autre stratégie. Le Tour de Lombardie se gagne dans les montées, mais aussi dans les descentes. Conscient d’être le meilleur descendeur du groupe, Nibali accélère juste avant de basculer au sommet du Civiglio. Personne ne peut prendre sa roue et le voilà qui plonge à toute vitesse sur Côme. Sa descente de folie lui permet de se présenter au pied de la dernière difficulté avec une trentaine de secondes de marge.

Face à un Sicilien intouchable, Thibaut Pinot (FDJ) n’aura pas grand-chose à se reprocher. Dans le lot, le Franc-Comtois est loin d’être le plus à plaindre. Jamais un Français n’était monté sur le podium du Tour de Lombardie depuis la victoire de Laurent Jalabert il y a dix-huit ans. C’est désormais chose faite. Son activité dans le Civiglio ne lui a pas permis de décrocher Vincenzo Nibali. Mais son accélération au pied de San Fermo della Battaglia aura le mérite de ne pas le laisser totalement bredouille. Tant pis si Daniel Moreno opère la jonction pour mieux le distancer dans la brève montée, Thibaut Pinot signe à Côme une 3ème place qui a valeur historique.
Classement :
1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) les 245 km en 6h16’28 » (39,0 km/h)
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 21 sec.
3. Thibaut Pinot (FRA,FDJ) à 32 sec.
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 46 sec.
5. Diego Rosa (ITA, Astana) m.t.
6. Mikel Nieve (ESP, Team Sky) m.t.
7. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) à 56 sec.
8. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) m.t.
9. Sergio Henao (COL, Team Sky) m.t.
10. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) à 1’10 »