Une pause, juste un peu de répit. C’est tout ce que semble réclamer aujourd’hui le peloton alors que le Tour de France vient de vivre assurément l’un de ses plus intenses Grands Départs. Au contre-la-montre individuel d’Utrecht bien suffisamment long pour une mise en route a succédé dimanche une étape nerveuse dans un vent déchaîné sur les digues de Zélande, lundi une journée délicate avec les chutes et la reprise de la finale de la Flèche Wallonne jusqu’au Mur de Huy, mardi une course fébrile dans le département du Nord par-delà 13,3 kilomètres de pavés. Et même si cette dernière étape s’est voulue beaucoup moins tumultueuse que les dernières expériences du genre sur le Tour, les différences au classement général après quatre jours de course semblent déjà exagérées entre les favoris déclarés à la victoire finale.

Chris Froome (Team Sky) réalise pour l’heure la course parfaite, constant dans le chrono, à l’affût des bordures, au contact des meilleurs dans le Mur de Huy et visiblement très à l’aise sur les pavés qu’il méconnaît. Déchargé du maillot jaune qui avait retrouvé un peu trop tôt ses épaules en haut du Mur de Huy, l’ancien vainqueur du Tour de France possède après quatre étapes 13 secondes d’avance sur Tejay Van Garderen (BMC Racing Team), 34 secondes sur Rigoberto Uran (Etixx-Quick Step), 36 secondes sur Alberto Contador (Tinkoff-Saxo), 1’38 » sur Vincenzo Nibali (Astana), 1’51 » sur Alejandro Valverde (Movistar Team), 1’56 » sur Nairo Quintana (Movistar Team), 2’00 » sur Joaquim Rodriguez (Team Katusha), les Français Warren Barguil (Giant-Alpecin), Jean-Christophe Péraud (Ag2r La Mondiale), Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) et Thibaut Pinot (FDJ) étant respectivement pointés à 1’17 », 2’12 », 2’54 » et 6’18 ».

Il est certainement bien trop tôt pour l’écrire, mais le Tour 2015 devrait nettement moins porter l’accent français que son prédécesseur. Ce n’est pour l’heure pas le Tour des Français. Ni de Thibaut Pinot, dont on ignore si c’est le corps, la mécanique ou la tête qui lâche vraiment, et à qui on souhaite de pouvoir se reconcentrer très vite sur de nouveaux objectifs, autres que ceux auxquels il pouvait légitimement prétendre il y a encore quatre jours au soir du chrono d’Utrecht. Ni de Nacer Bouhanni (Cofidis), qui s’était fait violence pour être au départ du Tour six jours après avoir été touché aux côtes en tombant dans la dernière ligne droite du Championnat de France, et qui doit quitter la course ce matin. C’est une chute, au kilomètre 18, et de nouvelles contusions aux côtes, qui pousse le sprinteur vosgien prématurément vers la sortie.

FDJ doit encore déplorer l’implication de Thibaut Pinot dans une glissade collective.

Le sprint français se retrouve privé de sa plus belle pointe de vitesse avant même la première véritable explication entre sprinteurs aujourd’hui entre Arras (Pas-de-Calais) et Amiens (Somme), dans une étape de 189,5 kilomètres précisément dessinée afin de permettre aux favoris de reprendre leurs esprits et aux purs sprinteurs d’en découdre dans un premier vrai sprint massif. Toute autre initiative sera malvenue. Même l’échappée de Pierre-Luc Périchon (Bretagne-Séché Environnement), parti dès le départ avec Nicolas Edet (Cofidis) mais très vite isolé en tête après le renoncement de son compagnon de fugue, n’obtient pas l’adhésion. L’échappé solitaire tiendra tête au peloton 90 kilomètres, le temps de griller la politesse aux sprinteurs au sprint intermédiaire dans lequel André Greipel (Lotto-Soudal) conforte son maillot vert.

Groupé à 98 kilomètres de l’arrivée, le peloton n’entend pas progresser en convoi jusqu’à Amiens. Sous un temps pluvieux et quelque peu venteux, une accélération de plusieurs formations fait passer bon nombre de coureurs par la fenêtre. Le peloton s’allège de moitié pour ne plus compter qu’une petite centaine de coureurs. Mais aucun favori ni aucun sprinteur ne se fait prendre au piège, si bien qu’une trêve est décrétée. Si le premier peloton ne permettra jamais aux attardés de faire leur retour à l’avant, il prône une temporisation à laquelle personne ne viendra s’opposer, que ce soit par une offensive ou par une nouvelle entreprise hardie à travers l’humide campagne picarde. On s’avance donc vers un sprint massif tout à fait convenu.

Voilà qui fait le jeu d’Arnaud Démare (FDJ), le sprinteur du pays, dont la victoire à Amiens ferait du bien au moral dans une équipe FDJ qui doit encore déplorer l’implication de Thibaut Pinot dans une glissade collective à 25 kilomètres de l’arrivée. Sans perte de temps cependant. Mais dans le rush final, Démare doit composer avec l’ensemble des vedettes du sprint, à commencer par un André Greipel au sommet de son art. Imprenable dimanche en Zélande, l’Allemand est encore intouchable dans le sprint d’Amiens, qu’il règle devant Peter Sagan (Tinkoff-Saxo), encore 2ème, et Mark Cavendish (Etixx-Quick Step), deux coureurs qu’il conforte dans leur frustration de n’avoir plus gagné sur le Tour depuis deux ans. Même sans Kittel, l’Allemagne continue de peser sur le Tour. Tony Martin (Etixx-Quick Step) reste en jaune.

Demain jeudi, gare au vent entre Abbeville et Le Havre (191,5 km), le long des falaises de Seine-Maritime.

Classement 5ème étape :

1. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) les 189,5 km en 4h39’00 » (40,7 km/h)
2. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) m.t.
3. Mark Cavendish (GBR, Etixx-Quick Step) m.t.
4. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
5. Edvald Boasson-Hagen (NOR, MTN-Qhubeka) m.t.
6. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) m.t.
7. Arnaud Démare (FRA, FDJ) m.t.
8. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) m.t.
9. Davide Cimolai (ITA, Lampre-Merida) m.t.
10. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) m.t.

Classement général :

1. Tony Martin (ALL, Etixx-Quick Step) en 17h19’26 »
2. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 12 sec.
3. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 25 sec.
4. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) à 33 sec.
5. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) à 38 sec.
6. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) à 40 sec.
7. Rigoberto Uran (COL, Etixx-Quick Step) à 46 sec.
8. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) à 48 sec.
9. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 1’15 »
10. Zdenek Stybar (TCH, Etixx-Quick Step) à 1’16 »

Classement par points :

1. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 151 pt
2. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) 119 pt
3. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) 89 pt
4. Mark Cavendish (GBR, Etixx-Quick Step) 86 pt
5. Tony Martin (ALL, Etixx-Quick Step) 60 pt
6. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) 55 pt
7. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) 42 pt
8. Chris Froome (GBR, Team Sky) 40 pt
9. Edvald Boasson-Hagen (NOR, MTN-Qhubeka) 33 pt
10. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 30 pt

Classement de la montagne :

1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 2 pt
2. Michael Schär (SUI, BMC Racing Team) 1 pt
3. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) 1 pt
4. Thomas De Gendt (BEL, Lotto-Soudal) 1 pt
5. Chris Froome (GBR, Team Sky) 1 pt

Classement des jeunes :

1. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) en 12h41’05 »
2. Warren Barguil (FRA, Giant-Alpecin) à 46 sec.
3. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 1’35 »
4. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 2’33 »
5. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 5’57 »
6. Michal Kwiatkowski (POL, Etixx-Quick Step) à 7’28 »
7. Georg Preidler (AUS, Giant-Alpecin) à 8’29 »
8. Eduardo Sepulveda (ARG, Bretagne-Séché Environnement) à 9’38 »
9. Wilco Kelderman (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 9’42 »
10. Angelo Tulik (FRA, Team Europcar) à 10’29 »

Prix de la combativité :

1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge)

Classement par équipes :

1. BMC Racing Team (USA) en 51h59’55 »
2. Etixx-Quick Step (BEL) à 24 sec.
3. Tinkoff-Saxo (RUS) à 1’44 »
4. Team Sky (GBR) à 3’14 »
5. Ag2r La Mondiale (FRA) à 5’44 »
6. Giant-Alpecin (ALL) à 5’55 »
7. Movistar Team (ESP) à 7’27 »
8. Team Katusha (RUS) à 7’56 »
9. Cofidis (FRA) à 8’10 »
10. Cannondale-Garmin (USA) à 9’00 »