A 26 ans, Anthony Ravard (Ag2r La Mondiale) demeure l’un des finisseurs français les plus prometteurs. Coureur coriace et audacieux, il doit à sa pointe de vitesse comme à sa témérité ses premières victoires. Le profil-même du coureur que recherchait Vincent Lavenu afin de compléter son effectif à l’abord de la saison 2010. Après trois saisons passées à s’aguerrir chez Agritubel, Anthony Ravard s’apprête donc à faire son grand retour dans les rangs ProTour. Sa rentrée est déjà passée par là puisqu’il a fait ses débuts au Tour Down Under. Avec déjà de premières références puisqu’il a entamé l’année sur une 9ème place dans le sprint du Cancer Council Classic avant de se frotter régulièrement aux meilleurs sur la course par étapes australienne. Le Nantais pourrait bien faire régulièrement parler de lui dans les semaines à venir.

Anthony, après la fin de l’aventure Agritubel, vous avez signé pour Ag2r La Mondiale, comment s’est passée cette période de transfert ?
Je ne pense pas qu’il aurait été dur pour moi de trouver une équipe mais je voulais une équipe qui me plaise pour avoir de l’ambition sur les courses. Après, c’est vrai que je n’avais pas encore de réponse concrète mi-août, donc je m’inquiétais un peu, mais je suis resté relativement confiant. J’ai finalement signé avec Ag2r La Mondiale. Je suis très content car il s’agit d’un beau sponsor, d’une équipe ProTour, donc j’espère faire un bon programme cette année pour développer mes ambitions. C’est ce que j’ai fait au Tour Down Under : jouer placé régulièrement et essayer de m’échapper, même si je vais vite au sprint.

Comment se sont justement passés vos débuts au Tour Down Under ?
C’était la première fois que j’allais en Australie, j’étais donc très content. On a bien roulé avant le Tour Down Under, sous de très bonnes conditions climatiques, même s’il faisait un peu chaud au début. J’ai bien débuté sur le Cancer Council Classic, le critérium d’ouverture, en terminant 9ème du sprint. Sur le Tour Down Under, j’ai perdu du terrain dès le premier jour, surpris par la longueur d’une bosse dans le final. J’ai donc travaillé pour ceux qui étaient bien classés au général. J’ai fait mes sprints et je suis encore rentré dans les dix le dernier jour. Malheureusement j’ai crevé et j’ai coupé le circuit, ce qui m’a valu un déclassement.

Que vous a apporté cette première expérience ?
J’ai joué placé et j’ai pris confiance car il y avait quand même vingt-trois sprinteurs de niveau mondial. Quand on est capable de faire dans les dix à chaque arrivée, ce que j’ai fait quasiment sur les trois sprints auxquels j’ai pris part, ça rassure. En plus, l’Australie était vraiment une course de préparation pour la suite de la saison. C’est comme ça que nous l’avons défini avec mon entraîneur Nicolas Jalabert. Je n’avais pas encore commencé l’intensité donc ça m’a permis d’en faire. Je suis donc content et confiant.

Avez-vous le sentiment d’avoir encore pris de la caisse en vue des sprints ?
Au Tour Down Under, le but était de faire des sprints de haut niveau. Mais je suis réaliste. Il y a tellement de grosses équipes qui emmènent les gros sprinteurs. Si je fais 10ème, c’est que je suis dans ces positions-là dans les derniers mètres. Je parviens à grappiller quelques places mais de là à gagner il faut vraiment être bien placé ou être emmené idéalement. Je sais que je suis capable d’en gagner une mais il faut d’abord jouer bien placé. En revanche, je pense que je vais avoir davantage de réussite sur des courses de niveau français.

Que vous manque-t-il encore pour égaler le niveau des meilleurs sprinteurs ?
Ce n’est pas forcément le train des meilleurs. On voit qu’un coureur comme Robbie McEwen a su se faire un palmarès sans être réellement emmené. Après, il faut que je fasse des courses de haut niveau pour m’habituer à bien me placer. C’est pourquoi c’était bien que je puisse faire tous les emballages finaux sur le Tour Down Under. L’avantage du ProTour, c’est que ça roule tellement vite dans le final qu’il y a moins de vagues. Chacun reste à sa place et ça m’a permis de reprendre tous les automatismes : frotter, savoir me placer…

Vous disiez privilégier également la carte des échappées…
C’est ce que m’a dit Vincent Lavenu en me recrutant : que je continue à être combatif comme je l’ai toujours fait. Faire les sprints si ça arrive au sprint mais ne pas hésiter à aller de l’avant et continuer sur ma philosophie qui est de gagner tout en attaquant comme j’ai pu le faire l’année dernière au Tour du Poitou-Charentes où il y a deux ans sur le Circuit de la Sarthe avec Thomas Voeckler.

Quel va être votre programme cette année ?
Logiquement, je devrais reprendre au Tour Méditerranéen puis j’ai des vues sur le Tour du Haut Var et la rentrée belge au Circuit Het Nieuwsblad et Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Après, ça pourrait être Tirreno-Adriatico et Milan-San Remo, mais rien n’est défini sur cela.

Quelles vont être vos ambitions cette saison ?
Cette année, je retrouve un programme davantage orienté sur le ProTour. J’ai aussi demandé à avoir surtout un programme ProTour pour prendre plus de volume et m’aguerrir dans les sprints pour que ça puisse me servir pour plus tard. Je vais jouer placé à chaque sprint et je me dis qu’il y aura bien une ouverture un jour pour gagner. Après, dans le ProTour, il y a toujours des sprinteurs au départ. Ca va très vite avant l’emballage final donc il faut jouer placé pour pouvoir gagner. Au niveau français, je sais en revanche que c’est largement à ma portée.

Propos recueillis à Paris le 26 janvier 2010.