Jean-Marie, vous annonciez début mars la création très probable d’une nouvelle équipe professionnelle française en 2015, qu’est-il advenu de ce projet ?
Ce projet est mort. Ni plus ni moins. Nous nous étions donné jusque fin mai 2014 pour boucler le budget qui nous aurait permis de monter quelque chose de sérieux mais nous n’y sommes pas parvenus. Nos partenaires potentiels ont alors décroché, en tête desquels Orbea qui s’est rapproché de Cofidis, avec qui ils se sont finalement engagés faute d’avoir pu leur garantir la viabilité de notre projet. Se sont ajoutés des problèmes relationnels entre les hommes qui travaillaient dessus depuis fin 2010 et sur lequel nous avions avancé avec beaucoup d’assiduité. J’ai alors choisi de m’en retirer.

N’était-il pas prématuré d’annoncer le quasi aboutissement d’un tel projet en mars quand il vous manquait encore le partenaire-titre ?
Nous avons fait une erreur, oui. Une grossière erreur. Nous sommes partis la fleur au fusil, sans une assise juridique solide. Nous venions de décrocher Orbea et deux partenaires manifestaient leur intérêt. Malheureusement il n’y avait rien de sérieux et on a vu qu’au moindre petit problème tout s’est cassé la figure. Néanmoins, en l’annonçant, j’ai rencontré des gens intéressants. Aussi, quand Léonard Dubreuil, le directeur de l’agence Insys International, qui avait mis de l’argent dans le premier projet, m’a rappelé, nous avons réfléchi à ce que nous pouvions faire. J’ai recontacté des gens que j’avais rencontrés. Et de là est sorti un nouveau projet.

En quoi consiste-t-il ?
Il s’agit d’un projet complètement différent que nous avons voulu très professionnel. Nous avons compris que ce n’était pas seulement parce que nous étions passionnés que nous allions parvenir à créer une équipe. Nous avons donc créé une SAS à Albi, baptisée la Flamme Rouge, qui comprend quatre actionnaires. Et à ce jour nous sommes huit à travailler sur ce projet d’équipe professionnelle. Ces derniers mois, nous avons réactivé tous nos partenaires potentiels, nous en avons contacté d’autres, et actuellement nous sommes en pleine discussion sur un projet qui démarrerait en 2016 ou 2017. Notre base administrative est sérieuse, à nous maintenant de foncer pour finaliser nos échanges actuels.

Qu’avez-vous appris de la première expérience ?
Nous n’allons pas faire les mêmes erreurs. D’abord, notre communication va être complètement différente. Désormais nous ne communiquerons plus tant que nous n’aurons pas de certitudes sur le lancement de l’équipe. Nous avons plusieurs contacts sérieux, mais tant que rien n’est signé, rien n’est fait. La différence aussi, c’est que nous sommes désormais concentrés à 100 % sur le partenaire principal. Tant que nous ne l’avons pas trouvé, il n’est pas question de nous disperser pour aller chercher les partenaires secondaires. Si un partenaire principal s’engage, les autres suivront presque automatiquement.

Le premier projet avait une orientation midi-pyrénéenne, qu’en est-il à présent de cette notion ?
Elle n’est plus d’actualité. Disons que si un conseil régional veut s’investir dans notre projet, l’orientation de l’équipe ira au plus offrant. Mais les chances d’une équipe pro midi-pyrénéenne telle que nous l’avions imaginée initialement me paraissent aujourd’hui assez faibles. Je me suis vite aperçu que le Midi-Pyrénées n’était pas une terre de vélo mais bien de rugby. Les pouvoirs publics de la région nous ont reçus avec un petit sourire, l’air de dire « prouvez-nous que vous êtes capables de faire quelque chose », ce qui n’aurait pas été leur réaction vis-à-vis du rugby.

De quel budget nécessitez-vous pour mener à bien cette ambition d’une nouvelle équipe pro ?
Nous recherchons entre deux et trois millions d’euros pour monter une équipe de 2ème division en 2016 et commencer à faire nos armes. Nous avons des contacts aux quatre coins de la France, mais aussi à l’étranger. Maintenant, avec la réforme attendue pour 2017, les données vont certainement changer. Nous attendons ainsi de savoir ce que l’Union Cycliste Internationale va annoncer l’an prochain pour cette échéance.

Quelles sont les attentes qui reviennent dans le discours des partenaires potentiels que votre structure démarche ?
Les partenaires potentiels avec lesquels nous traitons recherchent une orientation européenne et un consortium. On nous demande aussi de plus en plus que tous nos supports soient faits en français et en anglais. Je suis d’une génération où le vélo c’était la France, la Belgique, l’Italie et un peu l’Espagne. Désormais, économiquement, ce sont les pays anglo-saxons et asiatiques qui prédominent. N’oublions pas que dans le vélo, comparativement au football, on cite directement le nom du partenaire. Et avec deux ou trois millions d’investissement, on monte une belle équipe de 2ème division quand on ne fait quasiment rien dans le foot.

On sort d’une saison 2014 florissante pour le cyclisme français avec un Tour de France très marquant. Les entreprises contactées sont-elles plus réceptives ?
Oui, et c’est vraiment impressionnant. Mes collaborateurs chargés de démarcher me disent que l’image véhiculée par les Français sur le Tour de France 2014 est très impressionnante, même à l’étranger. Nombre de partenaires ont également retenu l’image du Grand Départ en Angleterre. Dès janvier, nous allons repartir à fond et tout faire pour finaliser nos contacts d’ici fin mars. Pour avoir quelque chose qui tienne la route.

Propos recueillis le 16 décembre 2014.