Steve, tu participes aujourd’hui au cyclo-cross de Lunel. Peut-on s’y donner à fond à la veille de la deuxième manche du Challenge National ?
Oui et non. Oui car c’est important la veille d’une course de bien se débloquer mais non dans la mesure où je ne vais pas prendre tous les risques, au risque justement de me casser une clavicule ou de casser mes vélos. Demain, il y a le Challenge ! En fait, il faut arriver à gérer les deux jours. Automatiquement, le samedi, il y a une gestion matérielle et traumatique par rapport à la course du dimanche. Après, physiquement, on est capable de faire deux jours de suite une heure à fond, sur ça il n’y a pas de problème !

Tu avais mis ta défaite au Championnat de France de Liévin sur un braquet moins imposant que celui emmené par Francis Mourey, un 50 dents à l’avant. Mais à Saverne il y a trois semaines, c’est bien au sprint que tu as fait la différence…
C’est sûr que les deux dernières éditions du Championnat de France m’ont servi pour ce sprint. La première fois, j’ai fait une erreur technique et tactique. La deuxième, l’erreur venait du braquet. J’avais donc commis les deux erreurs avant, alors j’étais serein pour le sprint. Moi, au niveau du braquet, j’avais un 46×12, je pense que Francis avait un 48×12, mais bon c’était un sprint court et un sprint en cyclo-cross est différent de la route.

En quoi ?
L’état de fraîcheur prime beaucoup. Je pense en outre être arrivé à Saverne mieux préparé que lors des deux dernières éditions du Championnat de France, où je m’étais fait battre par Francis, alors une dent au-dessus de moi tout simplement. Là, je me suis imposé au sprint, où j’ai démontré que j’étais rapide et que je pouvais le battre.

Au 1er janvier, tu rejoindras la FDJ, donc Francis Mourey. Comment approches-tu cette échéance ?
J’ai décidé de rejoindre la FDJ au mois de juillet. J’ai eu le temps de réfléchir et mon choix d’équipe a aussi été pris en consultation avec Francis parce que je ne voulais pas marcher sur ses platebandes. Il a un statut un peu privilégié dans cette équipe et il n’était pas question que je lui pique sa place. Je vais tout simplement pouvoir bénéficier des mêmes structures que lui, ce qui me manquait totalement chez Bouygues. Quand on voit ce qu’il a sur les Coupes du Monde et le Challenge National… Un bus, un kiné, un mécano à sa disposition, tout ce que je n’ai pas du tout chez Bouygues.

Sur la route, qu’attends-tu de ce transfert à la FDJ ?
La FDJ possède un effectif très intéressant pour les classiques, avec Guesdon, Offredo, Geslin, Bonnet, Hutarovich. Je vais encore pouvoir apprendre, et cela a également influencé mon choix d’y signer. Mais je n’ai pas envie de prendre la place de Francis Mourey au sein de cette équipe, j’ai juste envie de lui prendre son maillot bleu-blanc-rouge ! Le jour du Championnat de France, on courra pour le même maillot, on aura un intérêt commun, celui de porter le maillot tricolore pour le compte de l’équipe FDJ. Que ce soit lui ou moi, il n’y aura pas de problème, il y aura juste de l’adversité pour ce titre mais après, pour les Championnats du Monde, on n’hésitera pas à se mettre au service de l’un ou de l’autre.

A l’entraînement, Francis Mourey est suivi par Frédéric Grappe. Vas-tu bénéficier de son suivi en rejoignant l’équipe ?
Non, je ne vais pas être suivi par Frédéric Grappe pour la bonne et simple raison que ça fait deux ans que je m’entraîne tout seul. Pendant dix ans, j’ai été entraîné par Gérard Brocks, qui est l’entraîneur de Julien Absalon et Pauline Ferrand-Prévot entre autres. J’ai pu bénéficier de l’expérience de Gérard, et pour moi qui suis encore assez jeune, 27 ans, je pense avoir accumulé assez d’expérience pour pouvoir m’entraîner tout seul et arriver à 100 % le jour d’un objectif. Frédéric pourra toujours me conseiller mais j’ai suffisamment été entraîné par quelqu’un pour pouvoir m’autogérer et c’est-ce qui me convient le mieux car depuis deux ans j’ai obtenu de très bons résultats. Je ne vois pas pourquoi je changerais.

Tu es leader du Challenge National avant la deuxième manche, mais quels sont tes objectifs cet hiver ?
Malgré que je sois le leader du Challenge National, l’objectif n’a pas changé, c’est-à-dire le Championnat de France à Lanarvily, ni plus ni moins. A Saverne, c’était déjà une bonne surprise et une bonne chose de l’avoir emporté face à Francis mais je n’ai pas changé mon fusil d’épaule. Pour moi, les Challenges Nationaux restent de très belles courses au niveau national mais qui sont à mon sens un peu trop éloignées. Pendant ce temps, j’aurais pu courir un super festival en Belgique à moins de cinq heures de chez moi.

Tu as toutefois choisi de faire le déplacement cette année ?
J’ai dit que je jouais le jeu vis-à-vis de la fédération, vis-à-vis de tous les gamins qui viennent sur les manches du Challenge pour voir les coureurs pros courir, mais l’année prochaine je n’hésiterai pas à mettre le Challenge entre parenthèses pour progresser encore au niveau international. Je pense qu’il faut passer par là si je veux gravir un échelon supplémentaire et vouloir jouer dans la cour des grands. C’est ce que fait Arnaud Jouffroy, et le résultat c’est qu’il est champion du monde Espoirs. Si je viens à gagner le Challenge National, tant mieux, mais l’objectif reste inchangé : c’est le Championnat de France.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec.