Vincent, comment analysez-vous le tracé du Tour de France 2015 tel que vous l’avez découvert mercredi à Paris ?
Ce sera une première partie compliquée, comme ce fut le cas cette année. Nous savons d’ores et déjà que ce sera très stressant avec le vent en direction de la Zélande, le franchissement des pavés vers Cambrai où nous devrons protéger nos coureurs, ce pourquoi nous avons recruté, et puis l’étape du Havre qui risque d’être très dangereuse. Quand on aura passé Le Havre, on pourra déjà faire un bilan intéressant. L’objectif, ce sera d’y arriver avec le moins de passif possible, comme on l’a fait cette année. On se créera des objectifs étape après étape.

Avant d’aborder un terrain qui vous convient mieux, il faudra encore négocier un contre-la-montre par équipes qui arrive tardivement…
Il fait 28 kilomètres, ce n’est pas très long. Nous n’allons pas le gagner mais nous devrions avoir une équipe assez solide pour éviter d’y perdre trop de temps. Son intervention le neuvième jour sera maintenant une nouveauté importante. Ça peut déséquilibrer les forces des équipes. Avec l’étape des pavés et la première semaine nerveuse, une équipe peut très bien partir à six ou sept au lieu de neuf. Maintenant, la distance sera courte entre Vannes et Plumelec, je ne pense pas que l’impact sera énorme.

Viendra alors une seconde partie de Tour de France très montagneuse. Qu’en retenez-vous ?
Ce sera effectivement une deuxième partie très difficile, ce qui fait la caractéristique de cette édition 2015. Sept étapes de montagne, cinq arrivées en altitude, plus des étapes intermédiaires sur lesquelles les grimpeurs vont être à l’aise comme à Mende. C’est un beau menu qui est présenté aux coureurs et nous avons déjà hâte d’être à table et de croquer cela à pleines dents !

Jean-Christophe Péraud, que l’on sait désireux de découvrir le Giro ces deux prochaines saisons, fera-t-il partie des neuf coureurs d’Ag2r La Mondiale à Utrecht ?
Jean-Christophe a dit qu’il souhaitait découvrir le Giro avant la fin de sa carrière, mais n’oublions pas qu’il a terminé 2ème du Tour et qu’il se doit d’être au départ. Son cœur balance mais je suis persuadé qu’il sera au départ du Tour, sur un parcours dynamique et difficile qui devrait lui convenir, comme à Romain Bardet, avec ce grand retour dans les Alpes, sur nos terres. Ce qui est certain, c’est que nous aurons une équipe compétitive sur un Tour qui nous est bien taillé. Et que je pense que ce serait un déficit que de ne pas voir au départ du Tour le 2ème de l’année précédente.

A qui reviendra la décision ?
C’est l’athlète qui décidera selon ce qu’il se sent capable de réaliser. Nous n’avons pas d’intérêt économique à imposer telle ou telle course à un coureur. C’est le sport qui prédomine, l’intérêt sportif qui prime. Aujourd’hui, la discussion n’est pas close. Nous voulions d’abord découvrir les parcours, nous allons maintenant en parler sereinement avec lui et son entraîneur.

Contestez-vous l’éventualité qu’il puisse doubler Giro et Tour ?
L’histoire récente des coureurs qui ont cherché à doubler Giro et Tour la même année avec l’intention de viser le podium a montré que c’était un petit peu compliqué. Participer à deux Grands Tours dans une saison avec des ambitions, c’est possible quand il s’agit du Giro et de la Vuelta. Mais cela fait bien longtemps que ceux qui visent le Tour de France n’ont pas réussi à briller sur les autres Grands Tours. Les exigences et le niveau sportif sont beaucoup plus élevés qu’il y a quelques années. Je doute même que des Contador, Froome ou autres puissent tenter le pari de doubler Giro et Tour de France.

L’équipe Ag2r La Mondiale dispose de beaux atouts. Comment les répartirez-vous sur les grands rendez-vous du calendrier ?
Nous voulons briller sur les trois Grands Tours, nous avons les éléments pour ça, une belle armada de grimpeurs. Nous avons bien sûr Jean-Christophe Péraud et Romain Bardet, mais aussi Domenico Pozzovivo et Carlos Betancur qui, je l’espère, reviendra à son meilleur niveau. Si c’est le cas, je pense qu’il participera au Giro. Sans oublier des talents qui pointent le bout de leur nez comme Alexis Vuillermoz, Mikaël Chérel. Nous avons de quoi faire pour répondre au programme qui nous est proposé.

La période des transferts est close chez Ag2r La Mondiale. Vingt-cinq coureurs ont été reconduits pour 2015 pour cinq recrues, il n’y avait finalement pas de modification profonde à apporter à l’effectif ?
Nous avons vingt-neuf coureurs sous contrat pour 2015 et un trentième, Nico Denz, du centre de formation de Chambéry, qui nous rejoindra au mois d’août. Nous avons effectivement eu une très bonne équipe cette année. L’objectif était avant tout de récompenser les coureurs qui tout au long de l’année ont travaillé. Certains d’entre eux ont passé leur temps à s’occuper des leaders. On ne leur demandait pas de gagner des courses. Il a fallu les récompenser aussi. Quand c’est comme ça, il est normal que l’on conserve un maximum de coureurs et qu’on change finalement très peu de choses.

Propos recueillis le 22 octobre 2014.