
Il était donc écrit que rien ne serait décidé avant que le peloton ne se présente une dernière fois au pied du triptyque à 4 kilomètres de l’arrivée. Et de fait tous ceux qui s’étaient découverts prématurément avaient gaspillé inutilement leur énergie. On ne parle pas de l’échappée matinale formée avant même l’entrée dans Richmond et les quinze boucles de 16,2 kilomètres, respectant une tradition qui consiste aux nations défavorisées de bénéficier d’une certaine exposition, ce dont auront profité cette année Carlos Alzate (Colombia), Conor Dunne (Irlande), Andriy Khripta (Ukraine), Ben King (Etats-Unis), Sung-Baek Park (Corée), Jesse Sergent (Nouvelle-Zélande), Ivan Stevic (Serbie) et Sergei Tvetcov (Roumanie).

Avant d’attaquer les deux boucles finales, le cap des 200 bornes déjà bien entamé, le moment était venu de tâcher de faire bouger les lignes. Et c’est ce qu’entreprit Ian Stannard (Grande-Bretagne) en accélérant sur le raidard pavé de la rectiligne 23ème rue, pour entraîner avec lui Andrey Amador (Costa Rica), Tom Boonen (Belgique), Michel Kwiatkowski (Pologne), Bauke Mollema (Pays-Bas), Daniel Moreno (Espagne) et Elia Viviani (Italie). Le coup, à 35 kilomètres du but, était jouable. Les sept de tête tentaient de l’exploiter mais ils s’exposaient à une réaction rapide de l’équipe d’Allemagne, qui parvenait avec le renfort de quelques autres à boucher le trou dans Libby Hill et les bosses suivantes pour reformer devant un peloton compact sur l’interminable bout droit de Monument Avenue à 15 kilomètres de l’arrivée.

Car 700 mètres plus loin se dressaient à nouveau les pavés de la 23ème rue. Et Peter Sagan qui avait relevé la présence de sprinteurs plus rapides que lui en tête du peloton n’avait d’autre alternative que d’anticiper le sprint. Il jouait son va-tout sur les 400 mètres ardus sur lesquels Greg Van Avermaet (Belgique) et Edvald Boasson-Hagen (Norvège) ne parvenaient pas à coller directement au train du Slovaque. En virant à gauche au sommet, sur East Broad Street, la ligne d’arrivée était là, tout au bout. Mais il fallait encore basculer sur la 18ème pour se payer la montée asphaltée de Governor Street. Un baroud de 2500 mètres.

Et voilà comment les Mondiaux de Richmond ont couronné cet après-midi un champion de caractère que l’on se délecte déjà de retrouver dans le maillot arc-en-ciel. Coureur charismatique à la rock star attitude, Peter Sagan incarne depuis toujours un cyclisme fun et décomplexé. Un talent brut qui saura sans nul doute faire honneur, durant un peu plus d’un an jusqu’aux Championnats du Monde de Doha le 16 octobre 2016, au mythique maillot arc-en-ciel. La grande classe !
Classement :
1. Peter Sagan (SVQ, Slovaquie) les 261,4 km en 6h14’37 » (41,9 km/h)
2. Michael Matthews (AUS, Australie) à 3 sec.
3. Ramunas Navardauskas (LIT, Lituanie) m.t.
4. Alexander Kristoff (NOR, Norvège) m.t.
5. Alejandro Valverde (ESP, Espagne) m.t.
6. Simon Gerrans (AUS, Australie) m.t.
7. Tony Gallopin (FRA, France) m.t.
8. Michal Kwiatkowski (POL, Pologne) m.t.
9. Rui Costa (POR, Portugal) m.t.
10. Philippe Gilbert (BEL, Belgique) m.t.