
« C’est de la satisfaction, raconte Thomas Boudat (Direct Energie) une fois la ligne franchie. J’avais dit à mes parents que j’avais deux rêves dans ma vie, faire les Jeux Olympiques et finir le Tour de France. » Le jeune homme, à 23 ans, a donc réalisé les deux, mais voit déjà plus loin. « C’est la fin de mon premier Tour mais ce n’est que le début de mon aventure. »
Alors bien sûr, courir la plus grande course du monde n’est pas synonyme de trois semaines de pur plaisir. Les moments difficiles, tout le monde en connaît mais les néophytes, en les surmontant, en ressortent grandis. « Je vais retenir qu’il faut garder espoir et se battre. Quand j’étais en galère, je me voyais plus à la maison qu’à Paris » raconte Olivier Le Gac (FDJ), malade et à la limite de l’abandon les premiers jours. Le Breton n’est toutefois pas d’accord à 100 % avec la maxime qui le classe désormais dans la catégorie des vrais coureurs. « C’est peut-être un peu vrai, car quand on dit que l’on est coureur cycliste on nous demande si on fait le Tour. Un Tour classe un coureur mais il y a aussi d’autres belles courses. Toutes les classiques sont des courses vraiment dures. »
Les classiques, ces courses printanières qui font vibrer les amoureux de vélo et toute la Belgique. C’est sur ces épreuves que s’est construit Dimitri Claeys (Cofidis), 30 ans, qui vient de terminer sa première course de trois semaines. « C’était un rêve de faire le Tour et de le finir encore plus. C’était une super expérience. » La découverte de 21 jours de course avec seulement deux journées de repos et la récupération sont bien souvent les interrogations principales, mais le Belge a semblé avoir la caisse suffisante pour tenir jusqu’au bout. « Je ne savais pas comment j’allais réagir après deux semaines mais je suis resté en bonne santé et plutôt frais jusqu’au bout. »

La découverte du Tour de France, c’est aussi connaître la proportion impensable que peut prendre une course cycliste. « Le public dans les cols était impressionnant, remarque Olivier Le Gac. » Pour faire face à cette épreuve gargantuesque, Guillaume Martin a essayé dès le départ de relativiser, en philosophe qu’il est. « Je me disais qu’il fallait que j’essaie de prendre cela comme une course normale et je pense que j’ai réussi à le faire. J’étais dans ma bulle et je faisais mon truc. »
Tous avaient donc le sourire dimanche soir, malgré la grisaille parisienne venue remplacer la chaleur alpestre. Une coupe de champagne pour certains, une bière pour d’autres, le moment était venu de faire la fête et de partager cet instant. « Un de mes meilleurs souvenirs restera le passage sur la ligne des Champs-Elysées, et retrouver mes proches et ma famille, » conclut Thomas Boudat qui se verrait bien franchir cette ligne en vainqueur un jour. Et nul doute que l’expérience acquise ces trois dernières semaines lui sera plus que bénéfique. – Adrien Godard