Emmanuel Hubert, le manager de l’équipe Bretagne-Séché Environnement, en fait depuis deux ans sa petite pépite, convaincu de tenir en lui l’un des meilleurs spécialistes des courses par étapes de demain. A 23 ans, Eduardo Sepulveda est en pleine ascension. Pas de celles qu’il enchaîne l’hiver dans les montagnes argentines, mais de celles qui vous portent progressivement vers la plus haute marche du podium. Un palier qu’il a atteint pour la première fois samedi à Ruoms sur la Classic Sud Ardèche. « J’attendais cette première victoire avec impatience », se réjouit celui qui manie très bien le français. Et son manager de renchérir : « cette victoire va lui apporter une grande confiance. Dans sa tête, il est d’abord un homme de courses à étapes. Alors remporter une belle course d’un jour, c’est important. Eduardo est au début d’une grande carrière. »

Et à l’aube du premier grand objectif de sa saison, puisqu’il s’est mis Paris-Nice dans un coin de la tête depuis des mois. « C’est le vrai objectif de l’équipe, et j’ai travaillé pour ça, souligne Sepulveda, qui s’était déjà signalé à sa rentrée en janvier en prenant la 4ème place du Tour de San Luis. Obtenir un Top 10 est l’objectif, ce serait bien d’y entrer. Je compte notamment sur les deux contre-la-montre, qui sont à mon avantage. Et il faudra bien sûr bien gérer les premières étapes, toujours nerveuses, et durant lesquelles j’avais été éliminé pour le classement général l’an dernier (NDLR : 20ème néanmoins). J’espère avoir cette fois plus de chance. »

La chance, c’est précisément ce qui faisait défaut jusqu’alors au coureur argentin. Après un printemps prometteur en 2014, 4ème du Tour Méditerranéen, 5ème du Critérium International, il avait dû renoncer à son premier Tour de France en raison d’un douleur au plateau tibial, avant de se fracturer la clavicule dans une chute au Championnat du Monde. « J’ai terminé ma saison plus vite que prévu avec cette fracture, de fait j’ai entamé ma préparation plus tôt que les années précédentes. J’ai passé tout l’hiver en Argentine, où j’ai pu travailler avec le soleil. Et je suis arrivé au Tour de San Luis avec une meilleure condition. »

Déterminé à bien faire dès dimanche sur les routes de la course au soleil, celui qui réside en Espagne durant la saison s’y présentera avec un moral au beau fixe après son premier succès à Ruoms. De sa prestation sur Paris-Nice dépendra à coup sûr une sélection pour le Tour de France. Son rêve. « Ne pas le faire l’an passé a été une grosse déception, rappelle-t-il. Quand j’étais petit, je regardais le Tour de France à la télévision. Y participer a toujours été mon rêve. J’espère l’exaucer cette année. Mais dans un premier temps je veux marcher sur Paris-Nice en espérant que cela débouche sur une convocation pour le Tour. A moi d’obtenir de bons résultats. »

S’il est trop tôt pour estimer le potentiel d’Eduardo Sepulveda sur une course de trois semaines, ce qu’il n’a encore jamais réalisé, c’est avant tout de l’expérience que compte acquérir l’été prochain le coureur argentin, attendu par tout un pays. « En Argentine, on ne perçoit pas le cyclisme comme en France, précise Edu. Nous n’avons qu’une course professionnelle, le Tour de San Luis, où beaucoup viennent sans pression pour entamer la saison. Mais dans mon pays on me soutient beaucoup dans l’espoir que je sois au départ du Tour de France. Ce serait une grosse motivation pour les jeunes coureurs argentins. Une grande expérience pour moi. Et si je peux faire un bon résultat… »