S’il suffit de quatre ou cinq équipes pour cadenasser un peloton, un peu d’ingéniosité et beaucoup d’audace devraient suffire à déverrouiller une course. C’est bien là tout ce dont rêvent les observateurs alors que les deux dernières classiques ont manqué d’attractivité. Certains trouveront peut-être de l’excitation dans l’incertitude que laisse suggérer l’entrée de vingt-six coureurs dans le Carrefour de l’Arbre ou de soixante-seize au pied du Cauberg, mais c’est avant tout là le reflet de courses attentistes et insipides dont la tactique consiste désormais à ne se découvrir qu’au dernier instant.

A l’heure où la Flèche Wallonne s’apprête à prendre le relais dans le calendrier des classiques, demain, tout porte à croire qu’il faudra une fois encore s’attendre à voir un peloton conservé bouchonner au pied du Mur de Huy. C’est en tout cas l’image à laquelle nous ont habitué tous les vainqueurs de la classique ardennaise depuis qu’Igor Astarloa a fait le mur avec l’échappée matinale en 2003. Et on ne voit pas, dans le contexte actuel, ce qui pourrait bouleverser l’ordre des choses demain… à moins que la côte de Cherave introduite pile avant l’entrée dans Huy et l’escalade – le mot n’est pas trop fort – de la rampe finale ne parvienne à casser l’image de course de côte qui colle à juste titre à la Flèche Wallonne.

Avant le célèbre chemin des Chapelles qui serpente sur 1300 mètres et présente des courbes à plus de 20 %, il faudra pour la première fois en découdre avec les 1300 mètres à 8,1 % de la côte de Cherave, dont le sommet à 5,5 kilomètres de l’arrivée précède le pied du Mur de Huy de 4,2 kilomètres seulement ! Un tremplin que voient d’un très bon œil ceux qui ne conçoivent pas de se battre à armes égales avec Philippe Gilbert (BMC Racing Team), Michal Kwiatkowski (Etixx-Quick Step), Dan Martin (Cannondale-Garmin), Michael Matthews (Orica-GreenEdge), Daniel Moreno, Joaquim Rodriguez (Team Katusha), Alejandro Valverde (Movistar Team) et consorts. Il appartiendra aux champions ici cités de la jouer fine avec cette difficulté de plus, qui devrait au mieux propulser quelques garçons vers la victoire, au pire diminuer le peloton avant le Mur de Huy.

Il s’agira en outre d’une reconnaissance grandeur nature du final qui sera proposé, à l’identique, le lundi 6 juillet prochain à l’arrivée de la troisième étape du Tour de France. Ce pourquoi Chris Froome (Team Sky), Vincenzo Nibali (Astana) et Nairo Quintana (Movistar Team) se déplaceront dans les Ardennes. Soit les principaux candidats au maillot jaune l’été prochain, à l’exception d’Alberto Contador qui poursuit aux Canaries sa préparation en vue de sa prochaine participation au Tour d’Italie.

Les 11 côtes :

• km 22 : côte des 36 Tournants (2,9 km à 4,8 %)
• km 92 : côte de Bellaire (1 km à 6,3 %)
• km 100 : côte de Bohissau (2,4 km à 5,5 %)
• km 118 : Mur de Huy (1,3 km à 9,6 %)
• km 131 : côte d’Ereffe (2,1 km à 5 %)
• km 150 : côte de Bellaire (1 km à 6,3 %)
• km 158,5 : côte de Bohissau (2,4 km à 5,5 %)
• km 176,5 : Mur de Huy (1,3 km à 9,6 %)
• km 189 : côte d’Ereffe (2,1 km à 5 %)
• km 200 : côte de Cherave (1,3 km à 8,1 %)
• km 205,5 : Mur de Huy (1,3 km à 9,6 %)

Les 10 derniers vainqueurs :

2014 : Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team)
2013 : Daniel Moreno (ESP, Team Katusha)
2012 : Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha)
2011 : Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto)
2010 : Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team)
2009 : Davide Rebellin (ITA, Serramenti PVC Diquigiovanni-Androni Giocattoli)
2008 : Kim Kirchen (LUX, High Road)
2007 : Davide Rebellin (ITA, Gerolsteiner)
2006 : Alejandro Valverde (ESP, Caisse d’Epargne-Illes Balears)
2005 : Danilo Di Luca (ITA, Liquigas-Bianchi)