Aux grandes avenues sans âme, mais pratiques, le GP de Wallonie a choisi pour son arrivée un cadre historique somptueux, longeant les remparts de la citadelle qui surplombe la Meuse et où la route tournicote pendant trois kilomètres sur une chaussée parfois rétrécie. À l’agréable, la course y joint l’utile. Car pour accéder à la citadelle, la route grimpe pendant deux kilomètres et fait souvent la décision. Mais contrairement à la Flèche Wallonne qui sacre des puncheurs, ce GP de Wallonie convient davantage à des coureurs passe-partout, sachant grimper, mais dotés d’une solide pointe de vitesse. La fin de saison approche et la fatigue se fait de plus en plus ressentir dans les jambes, surtout avec une partie du peloton tout juste rentrée du Canada, à l’image de Greg Van Avermaet (BMC Racing Team) ou de Tony Gallopin (Lotto-Belisol).

Pour apporter une touche de fraîcheur, les collectifs français n’ont pas hésité à envoyer des stagiaires se faire les dents en Belgique. L’an dernier, Olivier Le Gac avait déjà fait parler ses qualités d’attaquant sous la liquette de FDJ.fr. Cette fois, ce n’est pas un, mais trois stagiaires que l’on retrouve dans l’échappée matinale !

À l’initiative de Loic Chétout qui troque les couleurs du GSC Blagnac-VS 31 pour celles de Cofidis, un groupe de six se dégage où se trouvent également François Bidard, promu du Chambéry Cyclisme Formation à Ag2r La Mondiale et Guillaume Martin, pensionnaire du CC Etupes en stage chez FDJ.fr. À ceux-là s’ajoutent un autre Français plus expérimenté, Clément Koretzky (Bretagne-Séché Environnement) et deux locaux, Thomas Degand (Wanty-Groupe Gobert) et Serge Dewortelaer (Veranclassic-Doltcini). Les six hommes multiplient les efforts en tête, mais le terrain casse-pattes entre Chaudfontaine et Namur est semé d’embûches qui épuisent les fuyards. Loïc Chétout fait de la résistance, mais ne peut empêcher le regroupement à une cinquantaine de kilomètres de la ligne.

Immédiatement, de nouvelles tentatives animent le peloton, mais il faut attendre la côte de Lustin à 22 kilomètres de l’arrivée pour qu’une échappée sérieuse ne vienne bouleverser les plans. L’an dernier, c’est là que Jan Bakelants (Omega Pharma-Quick Step) avait construit les bases de son succès. Le Belge qui rejoindra Ag2r La Mondiale l’an prochain applique la même recette et accélère au même endroit. Les favoris se dévoilent tôt dans une course où tout se joue généralement dans la dernière montée. Frank Schleck (Trek Factory Racing), Greg Van Avermaet et Jelle Vanendert (Lotto-Belisol) suivent l’accélération du vainqueur sortant. Derrière, un groupe de costauds se forme, mais navigue encore à une trentaine de secondes derrière le quatuor au moment d’aborder la montée de la citadelle de Namur.

Jan Bakelants constate que le peloton est sur les talons de l’échappée et ne veut pas d’un regroupement. L’ancien Maillot Jaune du Tour porte une attaque à 2,5 kilomètres de l’arrivée et récidive 800 mètres plus loin. Son attitude offensive empêchera le peloton de revenir sur lui, du moins en partie. Car Tony Gallopin, sorti en costaud, parvient à opérer la jonction au sommet de la bosse et repart aussitôt, puis est contré par Greg Van Avermaet. Le Francilien se cale alors dans le sillage de Jan Bakelants, mais le Belge a grillé ses cartouches trop tôt. Le vainqueur d’étape sur le dernier Tour de France comprend trop tard qu’il a laissé filer Greg Van Avermaet qui remporte en haut de la citadelle de Namur sa deuxième victoire de l’année. Il envoie également un signal fort à dix jours des Championnats du Monde.

Classement :

1. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team)
2. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol)
3. Jan Bakelants (BEL, Omega Pharma-Quick Step)
4. Jelle Vanendert (BEL, Lotto-Belisol)
5. Rory Sutherland (AUS, Tinkoff-Saxo)
6. Dylan Teuns (BEL, BMC Racing Team)
7. Julien Simon (FRA, Cofidis)
8. Frank Schleck (LUX, Trek Factory Racing)
9. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr)
10. Gaetan Bille (BEL, Vérandas Willems)