« Dans un orchestre, vous avez plein de musiciens. Sauf que si le chef d’orchestre n’est pas bon, c’est une vraie cacophonie. Il est là pour mettre en mesure tout le monde et permettre à tous ses musiciens d’accomplir sa partition. Mon rôle de DTN est similaire. » C’est par cette belle et juste métaphore que Vincent Jacquet définit la fonction qu’il occupe depuis le mois de juin dernier. Force est de constater qu’après les différents couacs qu’a connus la fédération en début d’année dernière, il est parvenu à faire jouer à nouveau les différents acteurs dans le même tempo. C’est presque dans une situation de crise que Vincent Jacquet prend ses fonctions et succède à Isabelle Gautheron au début de l’été, juste après les Championnats de France sur route à Lannilis.

Celui qui a commencé par le rugby avant de prendre la direction du Centre national du ski nordique et de moyenne montagne de Prémanon a une priorité : la nomination du successeur de Laurent Jalabert comme sélectionneur de l’équipe de France à quelques mois des Championnats du Monde de Florence. « Il fallait une personne rompue au suivi de nos meilleurs jeunes, reconnue par les managers et les entraîneurs des équipes pros et issue des réseaux du cadre technique, explique le DTN. La nomination de Bernard Bourreau sonnait alors comme une évidence. J’ai juste observé, écouté et apporté un peu de bon sens. » Pourtant, il n’y a alors pas foule pour l’assister. « Je me suis trouvé bien seul, confie Vincent Jacquet. Le DTN ne peut porter à lui seul le programme sportif de la fédération. On s’est attelé à recréer une équipe. Mon adjoint Alex Cornu est arrivé en novembre. J’ai donc travaillé cinq mois seul à la DTN ! »

En plus d’une équipe administrative reconstruite, un manager général de haut niveau, un directeur de la formation et une personne rompue à l’animation du territoire dans le cadre de l’excellence sportive devraient arriver en début d’année. Être parvenu à reconstuire cette équipe en six mois est déjà une victoire, presque une prouesse. Tout ce petit monde devrait maintenant travailler au Centre National du Cyclisme à Saint-Quentin-en-Yvelines, devenu siège de la FFC. « Nous avons regroupé l’ensemble des forces vives du cyclisme français dans cet équipement, explique celui qui a succédé à Isabelle Gautheron en juin dernier. Pour le DTN que je suis, ça n’a pas de prix d’avoir à proximité ses coaches, ses athlètes, mais aussi ses dirigeants. Au bout du compte, au-delà de leur présence, on crée une dynamique interdisciplinaire. »

En six mois, Vincent Jacquet n’a pas perdu de temps. Durant l’ensemble de sa carrière non plus tant l’homme a gravi de nombreux échelons. Âgé de 44 ans, il a déjà multiplié les expériences. Enseignant d’EPS, direction d’un service des sports d’une grosse collectivité territoriale, passage dans un cabinet de ministre, directeur d’établissements du Ministère des Sports, et maintenant DTN, le Franc-Comtois n’a pas atterri dans le monde du cyclisme par hasard. « Le vélo, c’est une histoire, c’est une culture. C’est populaire. Je viens du pays de Peugeot. J’ai été rompu au travail de mes grands-parents et de mon père à la chaîne de l’entreprise. Bref, je suis quelqu’un du territoire. Les jeunes sont élevés dans un creuset de respect, de performance, de partage. Le cyclisme a simplement des valeurs extraordinaires que je partage. »

Le nouveau DTN se fixe donc plusieurs objectifs. « Il faut que l’on apprenne à travailler ensemble. C’est le premier point sur lequel je me suis positionné, explique-t-il. Il fallait recréer du lien entre l’échelon technique et l’échelon politique, mais aussi entre la DTN et ses bras armés qui sont sur le territoire. L’autre priorité, c’était de prendre conscience que Rio c’est demain. » Un seul métal intéresse la fédération : l’or. Celui-là même qui fuit les pistards français depuis 2000. La nomination de Justin Grace à la tête du sprint français va en ce sens. Le Néo-Zélandais apporte un nouveau souffle et de nouvelles méthodes de travail aux athlètes. L’ouverture du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines sera un autre atout pour « ne plus perdre de temps avant Rio ». En attendant le Brésil, il y a un match France-Grande Bretagne le 30 janvier où les pistards français comptent bien faire prendre conscience à nos voisins qu’ils veulent revenir tout en haut de l’affiche.