Gérard, vous avez présenté à Chypre la nouvelle gamme de pneus VTT Michelin, censée servir le plus grand nombre de vététistes. Pouvez-vous nous en dire plus ?
La gamme, nous l’avons voulue accessible au plus grand nombre. Elle doit répondre aux attentes de la plupart des bikers. Cette gamme est donc relativement simplifiée et optimisée. Pour faire simple, nous l’avons segmentée. D’abord par type de terrain, les terrains roulants, les terrains intermédiaires et les terrains extrêmes, ce qui relève du domaine de la sculpture. Ensuite selon le type d’utilisation, cross-country ou enduro, qui touche l’aspect dimensionnel. La croisée des deux nous donne la gamme.

Pourquoi avoir attendu deux ans pour présenter une nouvelle gamme ?
Faire simple, ça demande du temps, même si c’est paradoxal. Mon arrivée n’est peut-être pas non plus étrangère par rapport à ce délai perçu. J’ai voulu que nous soyons très clairs en stratégie. Nous avons donc passé beaucoup de temps sur l’aspect marketing, les études de marché, les études de comportement des consommateurs… Nous avons pris beaucoup de précautions sur la validation du produit. Il y a eu un recentrage, et c’est pour ça que nous avons finalement mis plus de temps que d’habitude. Mais encore une fois, la stratégie est de solidifier les bases.

Cela n’a-t-il pas été pénalisant pour la marque ?
Ca peut être décevant pour nos clients, qui peuvent avoir l’impression que nous sommes irréguliers dans notre façon d’être présents sur le marché. Je pense en fait que nous avons un certain nombre de priorités en interne. Nous avons été plus constants sur la route que dans le VTT, mais il n’y a aucune raison que Michelin ne soit pas capable de faire aussi bien en VTT qu’en route.

Toujours est-il qu’on ne trouve plus de pneus Michelin sur les premières montes de vélos ?
Nous n’avons pas cette orientation-là. La gamme s’adresse au plus grand nombre sans avoir de stratégie spécifique première monte. Ceci dit, la gamme sort. Elle est déjà présente chez certains constructeurs dont vous verrez les modèles apparaître bientôt. Et vous retrouverez des Michelin en première monte.

Quelle stratégie marketing allez-vous utiliser pour promouvoir votre pneu ?
L’important est de rester sur la stratégie que nous avons définie. Mais rester sur quelque chose de simple ne signifie pas que nous n’allons pas être dynamiques. Ce dynamisme, vous en verrez la première étape à Eurobike puis ailleurs. Nous allons rester sur cette approche d’accessibilité au plus grand nombre.

A titre personnel, quel regard portez-vous sur le vélo en général ?
Je suis responsable de l’activité vélo chez Michelin depuis un an. Je pense que le vélo sous toutes ses formes, qu’il s’agisse de la pratique sportive ou du moyen de transport, est un secteur d’avenir. C’est un marché prometteur, en bonne santé et en expansion partout dans le monde.

Et sur le VTT en particulier ?
Le monde du VTT est éminemment sympathique et attachant. La route est plus rationnelle. Les gens sont dans une problématique d’effort constant, avec des mesures… Dans le VTT, c’est plus subjectif. On est dans le monde du ressenti, du plaisir, et c’est passionnant. Le produit doit apporter une réponse technique et satisfaire le ressenti.

Michelin a-t-il été impacté par la crise ?
La crise affecte d’abord plus ou moins inégalement les pays. Elle n’a pas le même impact qu’aux Etats-Unis, qu’en Asie ou qu’en Europe de l’Est. On a vu les marchés réagir de façon différente. Très honnêtement, je pense que l’Europe se porte bien en matière de vélo. Nous, nous avons la vision du consommateur, mais probablement qu’en amont, les constructeurs ont un peu plus souffert que le marché de la rechange. Mais nous sommes loin du niveau de crise qui a pu affecter le poids lourd par exemple. L’année a été un petit peu difficile mais le marché résiste et nous restons mieux portants que d’autres secteurs.

Michelin travaille beaucoup en terme d’écologie sur les pneus, qu’en est-il dans le vélo ?
Si l’on se réfère à ce qui se passe dans l’automobile, l’écologie dans le domaine du pneumatique est plutôt perçue par son aptitude à faire économiser du carburant et toutes les émissions associées. Dans le cadre du vélo, le carburant est musculaire ! Nous n’avons pas tout à fait la même problématique. Cependant, les mondes de l’automobile et du poids lourd ont des organisations capables de maîtriser les déchets. Dans le cas du vélo, on constate que les utilisateurs jettent leurs pneus usés avec les déchets domestiques. Je crois qu’une prise de conscience est nécessaire et Michelin sera dans les premiers à essayer d’avancer dans ce domaine. Il y a un effort à faire.

Réfléchissez-vous à un système de recyclage ?
Ce n’est pas forcément la réponse. Il y a toute une chaîne à gérer et des efforts à faire en amont. Mais nous travaillons cet aspect sans avoir une réponse concrète. Nous sommes dans la phase de réflexion.

Que peut-on souhaiter à Michelin cette année ?
Une bonne santé. Michelin a su parfaitement traverser l’effet de crise. Michelin est solide, nous arrivons avec des choses structurées. Nous avons une stratégie et c’est important. Et nous allons nous y tenir, nous allons vous le montrer !

Propos recueillis par Jean-Eric Lacotte à Chypre.