Organisée par le club de Gap, la 12ème édition des Chemins du Soleil s’est tenue de jeudi à dimanche. La ville la plus sportive de France en 2013 a pris un abonnement avec le raid qui s’est élancé de la capitale des Hautes-Alpes avant de s’y conclure quatre jours, 243 kilomètres et 8200 mètres de dénivelé plus tard.

L’entrée en matière en nocturne de jeudi soir n’était qu’un hors-d’œuvre avec « seulement » 31 kilomètres et 800 mètres de dénivelé. C’est à 21h30 que le départ a été donné avec un start loop neutralisé dans le centre-ville. Le peloton des 180 équipes élites étant emmené par les jeunes du PJPC (Pas de Jambes Pas de Chocolat). Mais le répit fut de courte durée. À peine les Gapençais avaient libéré la route, ce fut un combat acharné pour prendre la tête du peloton. À ce jeu-là, ce sont Thomas Dietsch et Stefan Sahm qui franchirent la ligne d’arrivée en vainqueur, après avoir traversé les caves d’un ancien couvent.

Le lendemain, le départ était donné à 8 heures pour les Élites et 8h30 pour les participants à la formule randonnée. Le menu était déjà corsé avec 74 kilomètres et 2600 mètres de dénivelé, dont une partie au pied des célèbres falaises de Céüze. On aurait pu penser que l’étape de nuit, disputée la veille, avait pris des allures de prologue sans enjeux. Et que la victoire de Thomas Dietsch et de Stefan Sahm n’était, pour partie, que le résultat d’un départ prudent des autres équipes d’outsiders. Mais il aura bien fallu se rendre à l’évidence, peu avant la mi-course, du côté d’Esparron, que cette hypothèse ne tenait pas. En effet, après deux heures d’effort, les deux lascars pointaient au cœur de ce village perché, avec plus de dix-huit minutes d’avance sur un trio, dans lequel figurait le binôme Demangeon-Gauthier. Une avance qui n’allait que s’accroître tout au long de la journée. Malgré une chute sévère de Thomas Dietsch, qui souffrait de la main gauche, et malgré une crevaison de Stefan Sahm survenue presque au même moment.

Cette seconde étape du Raid Elites, la première pour la Rando Raid, ne figurait pas comme la plus exigeante, au moins techniquement. Les deux dernières étapes s’avérant plus redoutables. Mais elle aura été pour l’ensemble des participants comme un fruit dans lequel on croque à pleines dents. Courue dans une première partie aux flancs du Val Durance où elle aura flirté avec les falaises calcaires lumineuses de Céüze, les marnes grises de la vallée de la Déoule. Puis ayant basculé vers l’Ouest vers la cuvette de Savournon, se faufilant entre les Montagnes d’Aujour et de Saint-Genis, sous un ciel lumineux que seule cette région peut offrir, elle aura offert un concentré de Hautes-Alpes. Une belle promotion pour la pratique du VTT sur ces pistes et sentiers qui semblent être faits pour cela.

Au troisième jour, sur la ligne de départ d’Aspres sur Buech, après les pluies orageuses de la veille, avec le soleil retrouvé, les sourires étaient revenus. Néanmoins, bien que cette 3ème étape soit la plus courte (hormis l’étape de nuit pour les Élites), elle s’annonçait plus difficile que prévu. Le terrain étant devenu particulièrement gras et glissant. D’ailleurs Hervé Simon le directeur de la course appelait, lors du briefing, les concurrents à la plus grande prudence, compte tenu de cette nouvelle donne technique et surtout de la dizaine d’interventions médicales enregistrées la veille. Heureusement toutes sans gravité.

Dès les premiers hectomètres, les leaders Thomas Dietsch, et Stefan Sahm prenaient une nouvelle fois, la tête de la course accompagnés des seuls Belges du team Raes Ninner, Julien Delaet et Alexis Matthys, seconds au général depuis la veille, et du Valaisan Arnaud Rapillard (Team Addictiv) parti seul (hors chrono) après que son équipier Vincent Arnaud ait été victime d’un malaise vagal hier entre Esparron et Savournon le contraignant à l’abandon. Les équipes de tête laissaient alors partir le Suisse qui ne représentait plus pour eux un danger. Après les incertitudes quant à l’état du pouce et du poignet de Thomas Dietsch, le classement au col de Cabre apportait une réponse rassurante, la paire franco-allemande passant en tête, de peu sur les Belges de Raes Ninner. Derrière à une poignée de minutes, ça ferraillait ferme entre les équipes encore en course pour le podium.

Après le fruit à croquer de la veille, l’étape du jour nécessitait patience et dégustation de connaisseur. En effet, avant d’attaquer la première bosse conduisant au col de Cabre, elle offrait quelques hors-d’œuvre entre Aspres sur Buech et La Beaume. Puis cette seconde étape qui est à la fois un au revoir aux Hautes-Alpes et un bonjour à la Drôme, zigzaguant sur ses 50 kilomètres entre les deux départements s’enfonçait, col après col dans les vallons perdus qui descendent soit vers l’ouest et le Diois, soit vers l’est et le Buech. Pays de recoins sauvages et de trésors cachés, le Haut Buech offre des singles techniques et exigeants dans des forêts sombres.

Ici ou là, quelques hameaux isolés du bout du monde. Tel celui de Vaunières, là où une route improbable s’arrête, après avoir franchi des gorges tranchées dans le calcaire et les marnes. C’est là, en surplomb au-dessus du ruisseau de la Vaunierette, que cette troisième étape offrait son meilleur morceau. Un régal de pilotage en équilibre au-dessus du vide. Même les premiers du Raid Elites, qui en ont vu d’autres, et qui sont là avant tout pour la performance, ne cachaient pas leur plaisir.

En basculant définitivement dans le Diois, le Raid les Chemins du Soleil retrouvait la Drôme et ses lumières incomparables pour la dernière journée dimanche. Avec un début d’étape par les cols perdus qui entre Grimone et Menée tranchent les crêtes. Un éblouissement pour les coureurs et randonneurs dans la lumière du matin. En effet en vue d’une arrivée à Die, aux alentours de midi pour les meilleurs, le départ de cette ultime étape avait été donné à 6 h 30 de Lus-la-Croix-Haute. Mais à l’avant de la course ce n’était pas le temps de la contemplation. Même les leaders, Thomas Dietsch souffrant toujours du pouce et du poignet, n’avaient pas décidé de laisser filer. Même avec une heure d’avance sur les seconds ils entendaient bien contrôler la tête de course pour gérer le moindre incident.

Derrière, le feu d’artifice n’attendit pas pour être allumé. Restaient en effet trois équipes en moins de 13 minutes. Une goutte d’eau dans un océan de sueur et de douleurs musculaires. Et dès la montée du col de Grimone, les Belges de Raes Ninner haussèrent le ton et le rythme, pour récupérer la seconde place abandonnée la veille. Avec cet engagement ils parvenaient à garder en ligne de mire Dietsch et Sahm. La lutte allait rester incertaine jusqu’à Montmaur. Les Belges passaient alors second virtuels, mais pour à peine plus d’une minute. À l’arrivée ils devançaient le Team Lafuma et récupéraient la seconde place. À la troisième place, on retrouve donc Demangeon et Gauthier. En catégorie mixte c’est le binôme Benoit Peyvel-Fanny Frechinet qui devance le team X Bionic Aventure de Clément Vallat-Manue Zenders. – avec Mélanie Dastrevigne.

Classement général final :

1. Team Bulls (Dietsch-Sahm)en 15h34’07 »
2. Team Raes-Niner (Delaet-Matthys) en 16h51’31 »
3. Lafuma (Demangeon-Gauthier) en 17h01’46 »
4. K-Lamp France (Piguet-Lassale) en 17h10’33 »
5. Team Lafuma (Smets-Philippe) en 17h52’03 »
6. Club PJPC (Aboulikam-Barthélemy) en 18h02’46 »
7. Open-Rotor-Bulls (Bossler-Ischard) en 18h05’34 »
8. Club PJPC (Payen-Dumay) en 18h08’12 »
9. Team Lafuma Kiwi Sport II (Navarro-Le Loup) en 18h19’10 »
10. De Berggeiten (Bal-Depudt) en 18h27’29 »