Benno, le team Specialized Racing a réalisé une prodigieuse saison, quel en est le bilan ?
Ça a été une si bonne saison que ça en paraît insensé ! Nous avons engagé Jaroslav Kulhavy au début de l’année. Christoph Sauser et Burry Stander ont réalisé une très bonne saison. Nous avons remporté le classement des teams sur toutes les manches de la Coupe du Monde. Ça signifie que nos pilotes étaient à chaque fois proches du Top 10 et toujours dans le Top 15. Jaroslav, comme chacun sait, a été intouchable cette année. Il a commencé par une 3ème place en Coupe du Monde à Pietermaritzburg, en utilisant pour la première fois un 29 pouces. Puis ça s’est enchaîné avec des victoires en Coupe du Monde à Dalby Forest, Mont-Sainte-Anne, Windham, Nove Mesto Na Morave et Val di Sole, le classement général de la Coupe du Monde, le Championnat d’Europe, le Championnat du Monde…

Ça a été l’année Kulhavy…
Oui, il a été impressionnant et s’est amélioré semaine après semaine. Il a été fort d’entrée et n’a cessé de progressé. C’était pour lui la première année qu’il utilisait un 29 pouces. Il a découvert le vélo en mars et à partir de là il en est tombé amoureux. Le vélo a aussi beaucoup compté dans ses performances. Nos ingénieurs ont beaucoup travaillé sur ce VTT et ont changé beaucoup de choses.

Quel regard doit-on porter sur la saison de Burry Stander et Lene Byberg, qui n’ont pas obtenu le moindre podium ?
Le problème, c’est que lorsque vous avez couru au top, au sommet d’une discipline ou d’une catégorie, et que vous réalisez ensuite une saison moins bonne, on pense tout de suite que vous avez réalisé une contre-performance. Le public en réclame trop. Vous savez, les écarts sont minces entre les premiers et il suffit d’un rien pour passer d’une 10ème à une 15ème position, ou à une 20ème place. Burry Stander, en début de saison, a gagné la Cape Epic avec Christoph Sauser. Ça a été une grosse course pour lui. Burry a aussi beaucoup couru, tout l’hiver et tout l’été. Peut-être en a-t-il trop fait durant l’hiver et qu’il l’a payé ensuite. Il a en plus connu un peu de malchance, comme à Val di Sole, mais il est aussi fort qu’il l’était en début de saison.

Et Lene Byberg ?
Elle a été malade une partie de la saison 2010. Elle a dû s’arrêter au milieu de l’année. Elle s’est beaucoup entraînée pour revenir au meilleur de sa forme. Elle avait envie de convaincre à nouveau. Je pense qu’elle a traîné une partie du virus avec elle cette année encore. A son retour à Pietermaritzburg, elle a terminé 5ème puis a mis les bouchées doubles à l’entraînement. C’était sans doute un peu trop car elle se ressentait encore de sa maladie. Elle s’est sentie de mieux en mieux mais les résultats n’ont pas suivi dans ce sens. Elle a aussi été malchanceuse. On lui a volé son vélo à Val di Sole et elle a dû courir avec un autre vélo. Après cela, elle a régressé un peu. Elle a chuté avant les Championnats du Monde de Champéry et s’est cassé un os du genou.

Specialized peut-il gagner les Jeux Olympiques avec Jaroslav Kulhavy et Lene Byberg ?
Tous nos pilotes iront à Londres pour cela, même si on ne sait pas encore si tous seront sélectionnés pour l’événement. Ensuite, c’est une course d’un jour, tout peut se passer et chacun peut tirer son épingle du jeu. Pour nous, c’est un objectif majeur, bien plus important qu’un titre de champion du monde ou que n’importe quelle manche de la Coupe du Monde. C’est la plus grande course qui revient tous les quatre ans. Un titre de champion olympique, il vous marque à vie. Beaucoup de pilotes sont devenus champions du monde, mais des champions olympiques il n’y en a pas autant. Gagner les Jeux, c’est le summum dans une carrière.

Avez-vous déjà travaillé sur le circuit de Londres ?
Nous y travaillons depuis déjà plusieurs années. Nous avons reconnu le parcours au moment de l’événement test. Cela nous a permis de définir quel type de pneus choisir, par exemple, quel vélo sera le plus adapté. On pourrait créer un prototype spécifique à ce circuit, que ce soit pour les pneus, les roues, le cadre… Nous travaillons là-dessus. Nous avons testé plusieurs matériels. Mais nous prendrons une décision quant au choix du matériel le moment voulu. Quoi qu’il en soit, on peut dire que pour les Jeux Olympiques nous adopterons un vélo spécial.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec.