Elle est calme et discrète. Toujours souriante. La jeune descendeuse du team lozérien Planète 2 Roues a les yeux qui pétillent quand on lui parle de descente. Fanny Lombard est une jeune lodévoise, cette belle région à la terre rouge du lac de Salagou, qui mène de front une scolarité en Terminale S et une carrière sportive pleine de promesses et d’ambitions. Sacrée championne d’Europe Juniors cet été, elle aura connu la douleur de la chute et la frustration lors du Mondial australien. Auprès de ses amis, elle se ressource dans son Hérault natal et songe déjà à cette saison 2010, les yeux pleins de malice et de détermination.

Fanny, nous sommes à quelques semaines de la reprise de la saison 2010. Comment as-tu passé cet hiver 2009-2010 dans le Lodévois ?
Effectivement, la reprise approche a grand pas. Je débuterai ma saison par une course en Espagne, très belle, avec une super ambiance, parfaite pour se mettre dans le rythme et commencer la saison. Cette première DH va également me permettre de tester mon nouveau Glory pour voir les sensations qu’il me donne en course. Pour cette année, j’ai décidé de trouver un entraîneur car jusqu’à présent je n’avais pas réellement d’entraînement précis, seulement l’aide de certaines personnes comme Lucie Miramond, et une petite condition physique. C’est donc avec mes parents qu’on a cherché un entraîneur et nous avons trouvé Florent Payet. Je m’entraîne depuis maintenant deux mois avec lui et tout se passe super bien. Il fait ses études sur Montpellier, nous pouvons donc nous entraîner quelques fois ensemble, mais surtout nous voir régulièrement. Il est très disponible et a l’écoute, ce qui me paraît essentiel dans un rapport entraîneur/pilote.

La saison 2009 a été riche en résultats mais aussi en déceptions…
Ma saison aura été riche en émotions. Quand j’ai démarré les Coupes de France, je savais que j’avais un challenge. Plusieurs Juniors pour seulement deux à trois places pour les Championnats d’Europe et du Monde. J’ai donc donné tout ce que je pouvais sur mes premières Coupes de France. Puis j’ai fait mon premier stage détection Junior et là je sentais mes objectifs se rapprocher de plus en plus. Je reçois alors ma convocation pour le Championnat d’Europe, c’était pour moi une belle récompense. Lorsque je suis arrivée là-bas, j’étais la plus petite de la sélection et il y avait les cinq Françaises Elites dont Myriam Nicole, qui a été énormément présente et qui m’a beaucoup aidée. J’avais un peu peur parce que je ne connaissais personne mais la semaine s’est super bien déroulée et il y avait une très bonne ambiance, les filles m’ont bien intégrée. Quant à la qualification, je gagne avec 25 secondes d’avance, je trouve ça beau. J’étais d’un côté rassurée mais je voulais tellement ce titre que je suis partie sur la piste avec cette idée en tête. Quand je suis arrivée dans la dernière partie de pédalage, tout le monde criait. J’ai donc tout donné et quand je suis arrivée en bas et que j’ai vu que je n’avais qu’une seule seconde d’avance, j’ai eu très peur et le cœur qui battait très vite. Je ne réalisais pas encore, c’est seulement lorsque j’ai entendue la Marseillaise sur le podium. Ce fut une première expérience en équipe de France incroyable.

Ensuite, il y a eu le Championnat du Monde ?
C’était l’enjeu suivant, à Canberra, en Australie, et les places étaient chères. Emmanuel Huber faisait les sélections après les Championnats de France. J’avais une grosse pression pour ces Championnats de France et je finis 6ème donc très contente. Quelques semaines après, je reçois la confirmation de ma sélection. Je ne pourrais pas décrire ma joie. En arrivant en Australie, je n’arrivais toujours pas à y croire. Quand on s’est rendu sur les lieux et que l’on a fait les premières reconnaissances à pied, je savais que la piste n’était pas pour moi et que ça allait être dur. Mais j’étais surmotivée et je savais que beaucoup de gens auraient aimé être à notre place. Sauf que le deuxième jour des reconnaissances je tombe et cela me coûte sept points de suture. Cc’était ma première grosse blessure. Là, tout s’est écroulé dans ma tête. Le lendemain, je ne peux pas monter sur le vélo, le vendredi j’arrive à prendre le départ des qualifications. Ce qui a été très dur pour moi, c’est au départ de la course le jour J. Je savais que je ne pourrais pas courir mon Championnat du Monde à 100 %, mais je m’élance et donne tout ce que je peux. Ca n’a pas suffi. Je finis 6ème, très déçue, mais je pars encore plus battante pour cette saison. Ce fut cependant un voyage magnifique où j’ai pu faire plein de connaissances.

Malgré ton titre européen, tu es restée dans la structure lozérienne Planète 2 Roues. As-tu eu d’autres contacts ou as-tu privilégié la stabilité ?
Lors de ma saison 2008, sur les coupes régionales, j’avais déjà remarqué ce maillot Planète 2 Roues et il me plaisait énormément. C’est alors qu’au Roc d’Azur Ludovic Valentin est venu me voir et m’a dit de passer au stand pour me parler. A ce moment-là, j’étais avec mon père et je n’avais plus que cette idée en tête. Le choix a été vite vu de mon côté et les choses se sont faites assez vite. Lors des présentations, je savais que j’étais la seule fille mais aussi la plus jeune. Le groupe m’a très bien intégrée et je me sens bien avec lui. Je ne suis pas très dégourdie au niveau mécanique mais ils ont toujours été là en plus de Robert, qui me faisait ma mécanique. De plus, tous leurs conseils sur la piste, reconnaissances avec eux, m’ont été très utiles. C’est pour ça que cette année j’ai décidé de continuer avec eux. Tout se passe très bien et je ne vois pas pourquoi j’arrêterais pour le moment. Il y a une très bonne ambiance au niveau de l’équipe.

2010 est certainement une année importante pour ta carrière, quels objectifs as-tu fixés avec ton team ?
En effet, c’est ma dernière année Juniors et je voudrais en profiter au maximum. Avec mon entraîneur et le team, j’ai fixé mes objectifs. A commencer par les épreuves nationales qui, cette année, ouvrent une catégorie Cadettes/Juniors. Je voudrais remporter ce Championnat. Mais mes deux plus gros objectifs sont bien évidemment le Championnat d’Europe, où j’aimerais faire un doublé, et le Championnat de Monde. Faire un podium et pourquoi pas accéder à la plus haute marche de ce podium. Et puis aussi la Coupe du Monde. En attendant, je me prépare avec ces idées dans la tête.

Côté matériel, tu roules sur un Giant. Peux-tu nous présenter ton bike et les filles disposent-elles de modèles ou d’équipement spécifiques ?
Mon vélo sera effectivement le Glory Giant 2010. C’est un vélo qui pèse aux alentours de 17 kg avec une fourche en double T et un amortisseur. J’avais prévenu… la mécanique, c’est pas mon fort ! J’ai commencé avec Giant, c’est un vélo que j’aime bien et avec lequel je me sens en confiance.

Côté scolaire, tu avais intégré le Centre Omnisport Lozérien à Mende. Mais l’expérience a été de courte durée, pourquoi ?
Au début, on m’avait proposé ça comme ça et j’ai refusé. Puis on m’a recontacté plusieurs fois et ils m’ont convaincu. A mon retour d’Australie, j’ai fait ma rentrée en Lozère avec plus d’une semaine de retard déjà. Seulement, au bout de quelques semaines, je n’arrivais toujours pas à prendre mes marques et je ne m’y sentais pas bien. J’ai donc décidé de revenir dans mon ancien lycée à Montpellier. Mais entre mes entraînements et la Terminale S, c’est parfois compliqué. Je fais donc mon maximum pour y arriver et j’espère que le bac se passera bien et que je vais m’éclater cette saison.

Tu habites une région où on retrouve également Anaïs Pajot, du Team Sunn. Faites-vous des entraînements en commun ?
C’est vrai que l’on n’est pas loin l’une de l’autre mais on ne s’entraîne pas ensemble. Dans notre département, on ne trouve pas beaucoup de clubs de descente. Je m’entraîne alors avec mon club, mes amis Olivier et Myriam Nicole, et un autre club. On est un groupe qui fonctionne ainsi depuis maintenant deux ans et tout se passe super bien. Nous sommes trois filles dont une Cadette qui fera son entrée sur les Coupes de France cette année, Camille Chazottes, pleine d’énergie et avec du potentiel. De rouler avec des garçons nous apporte beaucoup, et ils sont tous aussi disponibles les uns que les autres, on aime se retrouver et passer des après-midis à rouler tous ensemble.

Coté entraînement, comment se décompose la semaine-type d’une Junior de niveau mondial ?
Mon entraînement se décompose en plusieurs cycles. En ce moment, mes semaines d’entraînement tournent autour des 9-10 heures hebdomadaires. Je fais essentiellement de la musculation, une sortie route, de la natation ou de la course à pied, de la descente et du cross dans le week-end. Dans une semaine c’est ma semaine de repos, je l’attends !

Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec le 28 janvier 2010.