François, tu intègres cette saison le BMC MTB Racing Team. Dans quelles circonstances as-tu été amené à rejoindre le team ?
J’ai senti durant la phase de négociation qu’il y avait un bon feeling avec les dirigeants et qu’une belle structure allait se mettre en place. Ça m’a rassuré. Je savais que l’enduro poussait pas mal et que des opportunités se créaient, beaucoup de marques cherchant des pilotes enduro. Je sortais en outre de huit années chez Scott, dont j’avais fini par connaître les avantages mais aussi les inconvénients de la structure. Je voulais un nouveau départ, un nouveau défi. Chez BMC le dynamisme est fou !

BMC développe un VTT spécifique à l’enduro, l’as-tu déjà découvert ?
Des prototypes sont prêts à rouler, nous allons commencer à échanger avec les ingénieurs afin de le faire évoluer dans l’optique de sortir un vélo en 2014. A l’entraînement, je roulerai avec le 29 pouces tout suspendu, mais en compétition nous aurons déjà un prototype qui devrait être, à peu de choses près, celui qui sortira dans un an.

Ce partenariat technique avec BMC a-t-il été un élément déclencheur dans ta décision de rejoindre le team ?
Pour nous pilotes, c’est vraiment intéressant de pouvoir participer au développement de produits. En tant qu’athlètes de haut niveau, nous mettons les vélos à mal parce qu’on roule vite, souvent, dans toutes les conditions. Si le matériel nous résiste, il devrait être résistant pour la plupart des pratiquants ! Le but, c’est d’essayer de repérer les petits défauts, les choses à améliorer, de manière à sortir un produit solide et qui plaise aux gens. Ma philosophie, c’est que lorsque quelqu’un achète un vélo au prix où il est susceptible de l’acheter, il doit être satisfait de son investissement.

En quoi consistera concrètement ton rôle auprès du bureau d’études ?
Nous avons de très bonnes relations avec les ingénieurs qui travaillent sur le développement des vélos. Il est clair que  nous allons beaucoup interagir, leur faire remonter nos informations, éventuellement leur faire corriger certaines choses. Je ne suis pas compétent pour travailler avec eux en usine, mais mon rôle reposera sur des tests de terrain et des remontées d’information.

Quels sont d’ores et déjà les principaux changements que tu relèves entre les teams Scott et BMC ?
Je sens que je rentre dans une grosse structure, c’est le top niveau mondial du cross-country. En tant qu’enduriste, nous allons bénéficier du savoir-faire, de la technicité et du professionnalisme de cette structure. Tout est prévu pour fonctionner à un niveau d’excellence. Les partenaires sont aussi très motivés pour travailler avec nous et faire évoluer leurs produits, comme Shimano qui veut s’améliorer sur l’enduro et aller de l’avant. Ce sont des choses motivantes.

Ton programme sera-t-il exclusivement orienté sur l’enduro ou disputeras-tu de temps à autres quelques cross-countries ?
J’avais envisagé d’en faire mais j’en ferai plutôt pour l’entraînement. Pour l’instant, il y a déjà tellement de courses enduro prévues au calendrier que je ne peux pas me permettre de tout faire. Je préfère faire l’enduro correctement, et si je fais du cross-country ce sera pour me préparer.

Le calendrier sera étoffé, quelles vont être tes priorités ?
Nos priorités vont être les plus grosses courses enduro au monde, qui sont désormais regroupées par l’intermédiaire du nouveau calendrier Enduro World Series : l’Enduro des Nations, le Colorado Freeride Festival, le Crankworx de Whistler… La France est aussi très bien positionnée. C’est la genèse de l’enduro. Naturellement, je serai aussi très orienté sur les manches françaises. Je ferai aussi quelques Mégavalanches.

Tu arpentes le circuit VTT depuis un certain temps. Crois-tu fondamentalement en cette évolution vers l’enduro ?
C’est difficile à dire. En ce qui me concerne je prends beaucoup plus de plaisir à faire ce que je fais maintenant. L’enduro permet d’allier la performance physique à la technique. Ça me convient très bien alors qu’en cross-country j’ai un peu perdu la motivation. C’est ce qui m’a fait pencher vers l’enduro il y a deux ans. Je voulais retrouver le plaisir du pilotage en descente et l’aspect physique. Les deux sont liés, ce qui n’est plus le cas sur les circuits de Coupe du Monde, qui ne sont plus à mon goût. L’enduro, c’est aussi la pratique de tout le monde. Un pratiquant lambda s’identifie facilement à cette discipline. C’est dur à dire mais je pense que c’est parti pour durer.

L’avènement de l’Enduro World Series peut-il amener la crédibilisation de la discipline ?
Il y a toujours des travers à un certain formalisme. L’avantage, c’est que des règles précises ont été édictées, structurées au niveau mondial, ce qui devrait faciliter notre reconnaissance. Désormais l’enduro est ancré plus officiellement dans le milieu du VTT. Ce n’est plus seulement l’affaire de quelques initiés. Espérons toutefois que nous ne perdrons pas l’attrait de l’enduro, qui sont la pluridisciplinarité, la bonne entente, le plaisir de découvrir du pays, de remonter des portions à vélo…

Comment seront répartis les rôles entre Florian Golay et toi ?
Nous devrions être assez unis sur l’ensemble de la saison. Nous serons ensemble sur la plupart des événements. Nous serons une vraie équipe. Flo a une grande expérience de la mécanique, de la pneumatique, ça va beaucoup m’apporter.

Quel premier rendez-vous as-tu coché ?
Ce n’est pas tout à fait défini mais ça devrait être le Bluegrass Enduro Tour en Alsace, début avril. Après j’irai faire un tour fin avril à l’Enduro des Terres Noires à Digne-les-Bains, dans le cadre de ma préparation. Mon premier grand objectif interviendra à Métabief début mai avec l’Open Enduro.

Propos recueillis à Agay/Cap Estérel le 7 mars 2013.