Manon, quand es-tu arrivée à Londres ?
Je suis arrivée hier midi avec deux autres athlètes, la Caisse d’Epargne, mon partenaire, nous ayant donné la chance de venir encourager les sélectionnés olympiques et féliciter ceux qui ont gagné des médailles. J’ai trouvé des places pour le BMX hier grâce à Isabelle Gautheron. C’est une petite récompense pour moi, qui ai contribué aux qualifications de la France pour les Jeux. Je vais aussi aller voir le hand cet après-midi et essayer d’aller voir d’autres compétitions d’ici là, comme le VTT.

Comment vont se dérouler les compétitions olympiques de BMX ?
Cet après-midi, il va y avoir un tour chronométré. Chaque bmxer s’élancera à tour de rôle pour un seul tour de piste quand d’habitude les seize premiers refont derrière une super finale. A Londres, il n’y aura qu’un chrono pour départager tout le monde. De là seront définies les grilles de départ pour les quarts de finale pour les garçons demain, les demi-finales pour les filles vendredi.

Avec des règles propres aux Jeux Olympiques de Londres…
Tout à fait. Les quarts de finale se disputeront en cinq manches. Deux premiers bmxers seront qualifiés après les trois premières manches, qui feront l’objet d’un classement général, les deux autres obtiendront leur place sur les deux manches restantes. Les demi-finales, elles, se dérouleront en trois manches. Tout a été mis en place pour que la compétition soit très relevée. Il faudra être régulier, ce qui promet d’emmener les meilleurs, et seulement les meilleurs, en finale.

Les quotas réduits d’athlètes par nations ne vont-ils pas toutefois rendre le niveau de ces Jeux moins élevé qu’une Coupe du Monde ?
Le plus dur, c’est vrai, c’est d’aller aux Jeux. Une fois que tu y es, il y a quand même du niveau, mais de grandes nations comme l’Australie, les Etats-Unis, la France et, pour les garçons, la Lettonie, auront moins de représentants que d’habitude. D’un côté, ce sera un peu plus facile, mais chaque concurrent sera prêt. Les séries, huit par huit, vont être vraiment intenses.

Comment as-tu vécu ta non-sélection pour les Jeux Olympiques ?
J’ai joué ma sélection aux Championnats du Monde, après des contreperformances sur les trois dernières Coupes du Monde, étant tombée à chaque fois en demi-finale. J’ai tout misé sur les Mondiaux. J’étais vraiment dans le coup, il fallait faire un résultat pour aller à Londres, mais une Américaine est tombée devant moi, je n’ai vraiment pas eu de chance. Ma non-sélection n’a pas été facile à prendre mais je m’y attendais. J’ai hésité à venir à Londres mais je me suis dit que ça ne pouvait qu’être une bonne expérience et je ne regrette pas d’être là.

Que penses-tu de Laëtitia Le Corguillé et Magalie Pottier ?
Elles méritaient largement leur place. Il n’y avait aucune raison pour ce que soit quelqu’un d’autre qu’elles qui soit à Londres. Magalie est championne du monde, Laëtitia a fait des podiums en Coupe du Monde et failli en gagner une avant de tomber. Avant sa blessure en 2010, elle était toujours favorite. Ça n’a pas été facile pour elle de revenir, d’autant que les filles n’ont pas voulu la laisser dominer à nouveau. Malgré tout Laëtitia est revenue à un très bon niveau.

Qui seront les principales adversaires des Bleus ?
On essaie de faire des pronostics, de deviner qui pourrait gagner, mais franchement j’ignore qui peut faire le podium. Ce n’est pas que ce soit aléatoire mais il y a beaucoup de niveau, beaucoup de bmxers qui roulent vraiment bien. Chez les filles, gare à Shanaze Reade, qui a gagné les Préolympiques l’année dernière, si elle arrive à mieux gérer les Jeux que ceux de Pékin. Mais attention aussi à la Néo-Zélandaise Sarah Walker, aux Australiennes, aux Américaines…

Où se gagne une course de BMX ?
On dit toujours que le départ c’est 90 % de la réussite d’une course. Il est très important de sortir devant. Là, personne ne pourra nous gêner ou tomber devant nous. Le tout, c’est de bien gérer la course pour ne pas se faire doubler, ne pas avoir à prendre d’autres trajectoires. C’est difficile car en même temps, celui qui est derrière a de la visibilité sur ce qui se passe et peut anticiper.

Cette piste de Londres, comment est-elle ?
J’ai roulé deux fois dessus, aux Préolympiques et en reconnaissance au printemps après sa modification. Je ne l’ai pas revue depuis, seulement des photos, j’attends maintenant vendredi avec impatience pour la redécouvrir.

Tu fais des études de communication mais à 21 ans, tu peux envisager d’être à Rio en 2016 ?
Tout le monde m’en parle, j’ignore si c’est pour me rassurer. Pour l’instant c’est les vacances mais c’est sûr que j’y pense. On va travailler pour ne pas commettre d’erreurs et qu’il n’y ait pas de discussion possible en 2016 !

Propos recueillis à Londres le 8 août 2012.