Pauline, on sort d’une année importante puisqu’olympique. Dirais-tu de ta saison qu’elle a été réussie ?
Oui, c’est clair que mes deux objectifs ont été carrément remplis : être sélectionnée pour les Jeux Olympiques sur route et en VTT. Ce sont deux choses que j’ai réalisées donc en cela je suis super contente. Maintenant, ça a été une saison hyper longue, commencée en février et finie fin septembre. Il m’a fallu être bien toute la saison, sans trop de moments de répits. En fin d’année, je me suis vraiment sentie usée physiquement.

Nourris-tu des regrets particuliers ?
Ma déception a été immense après ma course de VTT aux Jeux Olympiques. Malgré la joie que j’ai ressentie pour Julie Bresset, sacrée championne olympique, j’ai été personnellement hyper déçue. Mine de rien, je m’étais vraiment préparée pour cette échéance. Ne pas courir devant (NDLR : Pauline Ferrand-Prévot s’était classée à une discrète 26ème place), je l’ai vécu comme un échec. Il a fallu se remotiver autant que possible après les Jeux pour essayer de prouver que je n’avais pas été à la place qui était la mienne à Londres.

As-tu beaucoup appris de cette double participation aux JO, à 20 ans ?
Enormément. Je n’ai que 20 ans c’est vrai, et forcément on commet des erreurs de jeunesse. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre. D’avoir fait les Jeux à 20 ans me permettra de ne pas refaire les mêmes erreurs dans le futur. Tant au niveau de la préparation que dans l’approche des courses olympiques. C’est un tout à travers lequel j’ai retiré une super expérience.

La nouveauté pour toi cette année, c’était ton intégration dans une grande structure professionnelle, l’équipe Rabobank, raconte-nous cette aventure…
J’ai signé chez Rabobank pour deux ans. Vivre dans une équipe, c’est quelque chose que je ne connaissais pas. Pour moi, le vélo n’est pas un sport d’équipe et j’ai longtemps été réticente à courir dans un groupe sportif. En fait, j’ai découvert chez Rabobank une équipe formidable, avec beaucoup d’entraide et de complicité entre nous. L’autre nouveauté, c’est qu’il m’a fallu apprendre à courir pour les autres. Ça n’a pas été facile. Mais tout cela m’a énormément servi et j’ai déjà hâte d’être l’année prochaine.

Chez Rabobank, tu es au contact de la championne olympique et championne du monde Marianne Vos, comment la perçois-tu ?
Marianne est quelqu’un qui ne se met pas du tout en avant ou en valeur. Quelqu’un de très simple en définitive. Elle respecte énormément les gens et son entourage, et c’est ce que j’aime beaucoup chez elle. Elle donne aussi de son savoir. Cette année, elle m’a donné de nombreux conseils. En course, elle essaie toujours de m’apprendre des choses. On parle beaucoup et pour moi c’est super d’avoir une coéquipière comme elle.

Quel conseil de sa part nous confierais-tu ?
Je n’avais jamais couru en équipe. Il me manquait donc surtout la tactique de course en début d’année. Quand une fille attaque, il faut y aller chacune notre tour. Et pour moi il n’était pas toujours évident de me dire que j’allais devoir griller une cartouche au profit de l’équipe. Non pas que je sois égoïste mais dans ma tête ce n’était pas tellement clair. Aujourd’hui je connais ma place au sein de l’équipe, je sais ce que j’ai à faire. Je ne discute pas et je fais ce qu’on me dit de faire !

Où estimes-tu avoir le plus progressé cette saison : sur route ou à VTT ?
J’ai beaucoup progressé en VTT en début d’année. J’avais alors beaucoup travaillé sur la nervosité, la technique. J’ai terminé 4ème à Houffalize en Coupe du Monde, j’ai beaucoup travaillé pour cela et j’ai été vraiment contente. Sur route, j’ai gagné le Championnat de France du contre-la-montre devant de belles pointures, preuve que j’ai aussi gagné en puissance. Globalement j’ai fait une belle saison, progressé dans tous les domaines, même si la fin de saison a été un peu compliquée. Dans le futur, il est clair que je ne commettrai plus certaines erreurs.

Tu n’as jamais aimé qu’on te demande de trancher pour l’une ou l’autre des disciplines, as-tu toutefois changé d’opinion à ce sujet après les Jeux de Londres ?
J’ai en effet beaucoup réfléchi à cela. Et ça a été un casse-tête pour moi. Le VTT, je ne peux vraiment pas arrêter ! Mais à l’entame d’un nouveau cycle olympique, je me dis que 2013 sera une saison consacrée à la décompression. Il faudra se changer les idées, avoir envie d’aller à l’entraînement. Je n’ai vraiment pas envie de ne faire que de la route, ça va être trop monotone. Je veux me faire plaisir et pour cela le VTT reste indispensable. Ça ne signifie pas que je vais courir toutes les courses à VTT comme sur route. Je vais sélectionner des objectifs et me préparer pour quelques-uns d’entre eux. Et rien que ça c’est difficile pour moi qui aimerais être partout.

Tu es finalement une vraie passionnée, à tel point que tu ne vas pas tarder à enchaîner avec le cyclo-cross…
J’ai coupé deux semaines et je vais réattaquer doucement. Je reprendrai les courses le 1er novembre. Le cyclo-cross est une discipline que j’adore. C’est hyper court, hyper intensif. Mais je prends ça aussi comme une préparation pour la saison estivale. En fait, c’est une discipline qui m’apporte beaucoup au niveau puissance, au niveau technique. Chez les filles, ça évite aussi de prendre du poids pendant l’hiver et c’est très important !

Tu as renoncé à la première manche du Challenge National à Saverne, quels vont être tes objectifs cet hiver ?
L’objectif est clair et net, c’est de devenir championne de France début janvier. Je ne vais penser qu’à ça. Toutes les courses auxquelles je vais participer ne le seront que dans ce but. Je ne suis pas passé loin encore en janvier dernier. Ça fait deux années de suite que ça se joue à rien du tout, je veux absolument ce maillot bleu-blanc-rouge. Pour le Mondial, on verra en fonction de mon état de forme après le Championnat de France. Si je suis fatiguée je n’irai pas, si j’ai encore envie de courir, pourquoi pas, sachant que la saison de VTT va reprendre beaucoup plus tard l’année prochaine.

Propos recueillis à Fréjus le 13 octobre 2012.