Tout l’été, Vélo 101 célèbre les anniversaires : les 20 ans de l’Etape du Tour, la 50ème édition du Tour de l’Avenir, la 100ème édition du Tour de France, les 20 ans des Championnats du Monde de VTT à Métabief, la 30ème édition du Roc d’Azur…

Stéphane, tu es à l’initiative du Roc d’Azur, qui fête cette semaine sa 30ème édition. D’abord, d’où vient son nom ?
Il y avait à l’époque une bande dessinée de Mandryka dont le héros s’appelait le Concombre Masqué. Il avait pour juron préféré : « roc de nazes ». De là, j’ai fait un espèce d’amalgame entre rocher, Côte d’Azur, tout ça. C’est devenu le Roc d’Azur, un nom que je trouve particulièrement poétique.

A l’automne 1984, sept coureurs se retrouvent sur la ligne de départ du 1er Roc d’Azur. Comment ?
Douze personnes s’étaient inscrites, ce qui ne m’avait guère enthousiasmé. Alors quand seuls sept coureurs se sont présentés au départ, c’était une déception. En même temps, j’organisais la première manifestation d’un sport nouveau, le VTT. C’était tout de même très amusant. Tout le monde était assez heureux d’être là, bien que ce soit bizarre de ne se retrouver qu’à sept sur la ligne de départ. Côté matériel, il y avait cinq VTT, dont un bricolé, et deux vélos de cyclo-cross !

A quoi ressemblait alors le parcours du Roc d’Azur ?
Mon idée de départ, c’était la Chartreuse de la Verne, un très joli monastère situé sur la route de la Garde-Freinet, dans la montagne. Je voulais partir de là et finir à Saint-Tropez. C’est un coin que je connaissais très bien pour l’avoir fait à cheval comme à moto. Je n’ai pas eu l’autorisation de donner le départ de la Chartreuse de la Verne, donc nous sommes partis un peu plus bas, au cœur des collines du massif des Maures, dans un endroit perdu qui nécessitait l’emploi d’un camion pour monter le matériel. Mais à sept ça allait ! L’arrivée s’est faite sur la Place des Lices de Saint-Tropez. C’est Larbi Midoune qui s’y est présenté le premier, tout seul, alors que j’étais encore sur le parcours en train de remettre des rubalises retirées par les chasseurs !

Quel bilan avais-tu alors tiré au soir de cette première expérience ?
Ça ne m’avait rien rapporté mais dans le même temps ça ne m’avait quasiment rien coûté non plus. C’était l’avantage. Je n’ai pas remis le Roc d’Azur en question. J’étais tellement sûr que ça allait marcher que je n’ai jamais douté une seconde. J’étais surtout agacé. Et pendant cinq ans. Parce qu’on n’avait pas assez de monde, que ça traînait à décoller, que les constructeurs de cycles ne voulaient pas bouger… Mais en aucun cas je n’ai douté du potentiel de cet événement.

En 1989, le Roc d’Azur a passé le cap des 1000 participants. Que s’est-il passé entre 1984 et 1989 ?
Tout reste confus dans mon esprit, j’ai toujours du mal à distinguer les éditions les unes des autres. Ce qui est sûr, c’est que l’évolution a été lente au départ : 7 participants en 1984, 25 en 1985, 45 en 1986… Et soudain, ça a explosé. A la 4ème édition, nous avons été débordés. Puis dépasser les 1000 participants en 1989 a été la divine surprise, 60 % des gens s’étant inscrits sur place à la dernière minute ! Il y avait une file d’attente démente aux inscriptions. Là j’ai su que le public avait accroché, que l’événement venait de prendre. Des stands ont alors commencé à se mettre en place…

Que te reste-t-il de ces premières années ?
Ce sont plus des têtes qui me reviennent. Des visages familiers. Des personnages aussi qui sont arrivés tout à coup dans le circuit. Ils étaient tous des précurseurs. Nous l’étions tous.

Historiquement, le Roc d’Azur est lié à Ramatuelle. Comment y es-tu arrivé ?
A l’arrivée du 1er Roc d’Azur Place des Lices à Saint-Trophez, tandis que quatre coureurs se disputaient une cannette de Coca qui m’avait été offerte gracieusement, arrive une jeune femme : Nadine Salvatico, directrice de l’office de tourisme de Ramatuelle. Elle me demande ce que c’est que notre truc et je lui explique que c’est un nouveau sport en train de se développer et dans lequel je crois beaucoup. Amusée, elle m’a alors proposé d’organiser le Roc d’Azur à Ramatuelle avec des moyens techniques. N’ayant pas davantage de contacts avec la ville de Saint-Tropez, j’ai accepté volontiers. Ça a commencé comme ça.

Comment se passaient alors les négociations avec les propriétaires afin de traverser leurs terrains ?
Au début, on ne demandait pratiquement rien à personne. On regardait le parcours avec Nadine Salvatico en se disant que ça passerait. Mais plus le Roc s’est développé plus il a fallu penser à travailler sérieusement le parcours. Nous avons mieux identifié les parcours, évalué les capacités techniques… Mais cela restait encore assez facile à cette époque. Et puis, avec Nadine Salvatico et Roland Bruno, qui est devenu maire de Ramatuelle, nous allions voir les propriétaires pour demander des accords. On empiétait très peu. Mais avec les années ça s’est compliqué. Au bout de quelques années le Conservatoire du littoral a mis son holà. La municipalité nous soutenait, saisissant l’intérêt économique du Roc d’Azur pour Ramatuelle. Nous nous sommes battus pendant trois ans, jusqu’à ce que gagne le Conservatoire du littoral. Nous ne pouvions plus passer sur le magnifique sentier du littoral. Ça a été le début des difficultés.

Historiquement, le Roc d’Azur a toujours été un rendez-vous de fin de saison ?
Oui, il avait lieu le deuxième week-end d’octobre. Une épreuve de voile était organisée le dernier week-end de septembre et je ne voulais pas qu’il y ait de conflit de dates et que les hôteliers en souffrent avec deux événements le même jour. Par expérience, je savais qu’il faisait mauvais fin septembre et beau début octobre. Nous avons démarré le deuxième week-end d’octobre et c’est resté comme ça.

A la fin des années 80 tu étais président de l’Association Française de Mountain Bike avant que le VTT ne soit rattaché à la Fédération Française de Cyclisme, comment le Roc d’Azur a-t-il évolué dans ce contexte ?
C’était à la fois facile et compliqué. Facile parce que j’avais les deux casquettes : fédérale en tant que président de  l’Association Française de Mountain Bike puis de la Commission Nationale de VTT au sein de la fédé, commerciale en tant qu’organisateur du Roc d’Azur. On organisait alors la finale du Championnat de France sur le Roc d’Azur, ce qui paraissait une évidence puisque le Roc était la plus belle épreuve. Personne ne pouvait le contester. Mais c’est vrai que j’étais juge et partie !