Lorsque la liste des participants aux Championnats du Monde de marathon a été dévoilée, il y en a quelques-uns qui ont du se sentir bien petits. Aussi, étaient annoncés partants le Français Julien Absalon mais également le Suisse Christoph Sauser, deux des épouvantails de leur discipline habituelle : le cross-country. Sauser n’étant tout de même pas un inconnu du marathon, lui qui était devenu Champion du Monde de la discipline, c’était en 2007. Hier, le tout était de savoir si les 115,7 kilomètres de course proposés sur les hauteurs de Montebelluna n’auraient pas raison de leur classe naturelle. Il faut dire que le parcours proposé est exigeant. Ainsi, ce ne sont pas moins de 17 ascensions qui sont proposées pour un total de 2860 mètres de dénivelé positif sans oublier les 16 secteurs de single-tracks placés tout au long du parcours et qui obligent les pilotes à maintenir leur concentration au maximum. Voilà le décor posé d’une course qui s’annonce usante.

Ce qui était certain au départ, c’est qu’avec un parcours pareil on aurait rapidement des informations capitales sur la forme des partants. Bien évidemment, sur la forme d’Absalon et de Sauser mais pas que. Car la concurrence est rude. Aussi, en Vénétie on retrouve le Tchèque Jaroslav Kulhavy et le champion local, ancien routier et devenu un pilote aguerri : Mirko Celestino. C’est d’ailleurs pour lui que les Italiens vont emmener l’ensemble des pilotes à un rythme élevé sur la première partie de la course. Il faut dire que le garçon fut vice-champion du Monde et vice-champion d’Europe de l’épreuve de VTT marathon en 2010. C’est autrement dit : un client. Les Italiens contrôlent plutôt bien et c’est sous leur impulsion que le peloton va exploser, se séparant en plusieurs groupes et isolant en tête de course une trentaine d’hommes après 40 kilomètres de course.

Habitués aux courses intenses et pleines de mouvement, Sauser et Absalon savent que la course d’aujourd’hui sera bien plus compliquée à gérer, notamment sur la fin. Alors, ils décident de forcer leur destin, à 70 kilomètres du but, dans l’ascension de la Cime delle Panziere (1760 mètres à 4,32%) qui précède celle de La Militare (2500 mètres à 6,08%). Absalon et Sauser sont accompagnés dans leur offensive de Kulhavy et Böhme. Absalon cède, Kulhavy et Sauser insistent alors que derrière, Celestino piégé par une crevaison revient sur Böhme puis sur Absalon, décidemment à bout de souffle. Face aux pentes sévères de l’ascension de Val La Padovana (870 mètres à 10,43%) ou bien encore de La Serenissima (960 mètres à 11,18%), Kulhavy ne peut plus suivre le rythme imposé par Sauser.

Le Suisse est bien trop fort. Alors que jusqu’à la fin les organismes sont mis à rude épreuve avec le Poggio Tre Pini (250 mètres à 16,40 %) placé à quelques encablures de l’arrivée, Sauser se construit un avantage irrémédiable sur ses poursuivants. Quand la pente sèche du Poggio Tre Pini achève ses adversaires, lui y fait grimper son avantage à 3’12″. Un gouffre qui le sépare donc finalement du courageux Tchèque Jaroslav Kulhavy. Piégé par un fait de course sur l’attaque initiale, Celestino peut nourrir des regrets tant il paraissait puissant au moment d’entamer sa remontée. L’Italien termine finalement troisième à 5’42″. Pour Julien Absalon, le miracle n’a pas eu lieu. Lui qui se servait de cette course comme d’une préparation aux échéances à venir a finalement abandonné. Thomas Dietsch termine donc premier français à 15’50″ de l’intouchable Suisse.

Chez les dames, C’est la Danoise Annika Langvad qui s’habille du maillot arc-en-ciel devant l’Allemande Sabine Spitz et la Suissesse Esther Süss. Sur un parcours de 98,3 kilomètres tout aussi compliqué que celui des garçons, la Suissesse Ariane Luethi a d’abord réduit le groupe de tête à dix unités avant de partir en solitaire. Seule en tête un long moment, elle s’est fait rejoindre après 71 kilomètres de course par un groupe composé de Spitz, Elisabeth Brandau, Süss et Langvad. La jonction réalisée, Langvad a accéléré. Incapables de répondre ses adversaires ont du se contenter des accessits. A noter qu’aucune pilote tricolore n’était au départ de la course.

Classement Messieurs :

1. Christoph Sauser (SUI) les 115,7 kilomètres en 4h24’48 »
2. Jaroslav Kulhavy (RTC) à  3’10 »
3. Mirko Celestino (ITA) à  5’42 »
4. Tim Bohme (ALL) à  7’06 »
5. Jochen Kass (ALL) à 10’32 »
6. Alban Lakata (AUT) à 10’43 »
7. Massimo De Bertolis (ITA) à 11’15 »
8. Jukka Vastaranta (FIN) à 12’18 »
9. Robert Mennen (ALL) à 12’30 »
10. Marc Trayter Alemany (ESP) à 13’03 »

Classement Dames :

1. Annika Langvad (DAN) les 98,3 kilomètres en 4h20’33 »
2. Sabine Spitz (ALL) à 1’56 »
3. Esther Süss (SUI) à 3’23 »
4. Pia Sundstedt (FIN) à 5’32 »
5. Elisabeth Brandau (ALL) à 5’34 »
6. Sally Bigham (GBR) à 8’53 »
7. Gunn-Rita Dahle Flesjaa (NOR) à 11’15 »
8. Monique Pua Mata (USA) à 11’51 »
9. Birgit Söllner (ALL) à 13’05 »
10. Nina Gaessler (ALL) à 16’32 »