Alors que la météo s’annonçait défavorable une semaine avant l’épreuve, c’est finalement un grand soleil qui a accompagné les 330 coureurs engagés sur le Raid Vauban. Au programme : 68 kilomètres et 3000 mètres de dénivelé positif à travers les alpages du Queyras, le long du canal Salva et les douves du fort de Mont Dauphin.

C’est du petit village d’Avieu, sur la route du col de l’Izoard, que se sont élancés, à 8h00, un peu plus de 300 furieux à l’assaut de la première difficulté de la journée : le col de Furfande et ses 9 kilomètres sur une piste relativement roulante pour atteindre les 2500 mètres d’altitude. Arrivé au sommet, après avoir traversé un petit névé vélo sur le dos (et déjà 1000 mètres de dénivelé avalés), Yoann Sert s’est détaché, suivi de Théo Charnay et de Benoît Vaxelaire, tous les trois membres du Team Raid Vauban Gore Bike Wear. Les concurrents empruntent ensuite une petite descente en single pour rejoindre le hameau de Furfande au milieu des pâturages et des chalets de haute montagne. Ils arpentent les derniers hectomètres assez raides pour rejoindre le col Garnier à 2280 mètres. Commence alors la longue descente en direction de la Maison du roi à la sortie des Gorges du Guil, sur un magnifique single constitué de nombreuses épingles avec trois types de terrains différents : une première partie en alpages, suivie d’une partie plus sèche et rocailleuse, avant une dernière portion en sous-bois sur une terre plus meuble et quelques racines. A cet endroit du parcours, la hiérarchie est globalement fixée. Nous retrouvons en tête Yoann Sert, suivi de Vaxelaire à trois minutes, de Benoit Bessière (CVC Montfavet), puis d’un trio roue dans roue constitué de Théo Charnay, Maxime Folco (Team Lapierre Gravity Republic) et Gwenael Morra (Vélo 101).

Après une courte remontée sur du bitume, les participants entament une portion d’une quinzaine de kilomètres au profil vallonné. Le long du canal de Salva, cette partie est plutôt roulante mais très sinueuse et étroite. C’est une portion où il ne faut pas s’endormir car le manque de concentration ou, à l’inverse, l’envie d’aller trop vite, peuvent rapidement pousser à la faute. Sur ce terrain, Théo Charnay, très fort physiquement mais un peu moins techniquement, frôle d’un peu trop près un rocher et coupe son pneu arrière alors qu’il était sur le point de rentrer sur la 3ème place. Ayant équipé son vélo de pneus ultra renforcés, il avait choisi le pari risqué de ne pas emporter de quoi réparer. Cela le pousse finalement à l’abandon.

Vient ensuite la deuxième difficulté de la journée : une bosse roulante sur route puis sur piste de plus de 5 kilomètres en direction de Risoul. C’est ici que le jeune espoir Charly Duprat (Firsteam 64) réussit à boucher plus de deux minutes pour rejoindre Folco et Morra avant de les déposer quasi instantanément, et avec le sourire. Il s’engage ensuite à la poursuite du podium dans une somptueuse descente très étroite avec deux passages à pied au bord du précipice.

La traversée du village de Guillestre dans les petites rues piétonnes marque le premier passage sur la ligne d’arrivée. Moment de soulagement ? Pas forcément, surtout quand on sait qu’il reste un peu plus de 20 kilomètres et une dernière grosse bosse de plus de 6 kilomètres. Mais de magnifiques passages attendent encore les concurrents déjà bien fatigués alors il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin.

C’est donc un sentier descendant en bord de falaise avec une vue sur le fort qui amène les vététistes dans la vallée de la Durance, point le plus bas du parcours. Mais il est temps d’attaquer la première partie de la difficulté finale, avec ses pentes raides pour atteindre les douves du fort de Mont Dauphin inscrit au patrimoine de l’Unesco. Place ensuite à une longue piste ensoleillée avec parfois quelques mètres de single, autant difficiles physiquement que psychologiquement. Et c’est d’ailleurs là que la puissance de Duprat va, une fois de plus, faire des ravages. Alors qu’il avait repris Bessière juste avant Guillestre, le voilà qui comble plus de quatre minutes pour faire la jonction avec Vaxelaire jusque-là 2ème. Il s’en débarrasse finalement pour aller chercher la 2ème place finale au scratch. Derrière, Bessière voit revenir à l’entame de la descente finale les deux compagnons de route Folco et Morra. Ce dernier n’aura d’autre choix que de les laisser partir, ne pouvant pas suivre le rythme dans la descente la plus technique du parcours. En effet, la descente finale  présente de forts pourcentages avec un terrain très sec et glissant. A cela viennent s’ajouter le manque de lucidité et la fatigue des concurrents. Une petite respiration avec un faux plat montant sur du bitume et c’est reparti. Un passage à pied obligatoire et une main courante casse le rythme pour finir au bord du Guil. Il ne reste plus qu’une petite rampe de 2 kilomètres à monter pour retourner au village de Guillestre mais après tout ce qui a été parcouru, c’est un jeu d’enfant… Ou presque.

Au final, Yoann Sert boucle le parcours en 4h18’17 » à une moyenne de 16,49 km/h, suivi par Charly Duprat en 4h32’21 » et Benoît Vaxelaire en 4h33’33 ». Chez les filles, alors que Laetitia Roux (PJPC GAP) menait la course avec une large avance, la multiple championne du monde de ski alpinisme a finalement abandonné au passage sur la ligne à Guillestre. Martine Chantier en profite pour gagner cette édition en 6h44. Magalie Pichot et Carine Porter complètent le podium.

Pour les parcours des 40 kilomètres, Alexis Chenevier (Team Scott La Cluzaz) et Antoine Philippe (Véloroc BMC) ont mené la course de bout en bout pour finir main dans la main en 2h17’05 » (17,5 km/h de moyenne) suivis par Ludovic Delpech à plus de quatre minutes.

Sur le petit parcours, c’est le double vainqueur de Coupe de France Cadets Pierre Chabaud (Véloroc BMC) qui s’impose en 1h06 devant Didier Vincent (PJPC GAP) et Clément Delpech.

Tous se sont retrouvés pour finir la journée autour d’un bon repas cuisiné par l’organisation avec des produits régionaux, dans la bonne ambiance et la bonne humeur que l’on retrouve chaque année sur le Raid Vauban !