La 21ème édition de l’Etape du Tour redevenue unique est sans doute celle qui est la plus aboutie depuis qu’existe cette cyclo que beaucoup rêvent d’accomplir et encore plus de finir. Un peu moins de deux semaines avant les pros, Annecy et son massif emblématique avec ASO avaient mis tous les ingrédients nécessaires pour faire de ce rendez-vous une fête du vélo. On n’a pas été déçus, mais alors pas du tout.

Comme au théâtre, une pièce réussie, c’est d’abord une unité de lieu : Annecy et le sommet du Semnoz situé à 12 kilomètres. Du jamais vu pour les coureurs et les accompagnateurs. On gare la voiture et plus d’autres choses à faire que de pédaler, puis de regagner son hébergement, sa voiture pour profiter de la pasta-party et une dernière fois du village, des pelouses et de l’écran géant pour suivre le Tour en direct des Pyrénées. Ensuite, le lac d’Annecy et ses abords qui ont accueilli pendant trois jours les exposants, tous ravis, les coureurs et leurs familles, les autochtones venus profiter du mini-salon du cycle, mais aussi du salon du terroir où la tomme côtoyait la charcuterie, les glaces « maison », miam ! On ajoutera que même pour ceux qui n’avaient pas la force de continuer, il était facile de schinter et rentrer direct sur les bords du lac, pas trop besoin de bus de rapatriements, tant mieux.

Le site était donc parfait, qui plus est, très bien desservi par les autoroutes ou l’aéroport de Genève pour les 49 nationalités, en plus des Français, présentes qui composaient le plus important peloton jamais composé sur une seule épreuve en France avec 11 470 partants pour 13 500 inscrits. Le décor valait lui aussi le détour. Si les Bauges, le Revard, ou encore le Semnoz ne font pas autant rêver que les massifs ou les cols où s’entretient régulièrement la légende du Tour, on soulignera que le ramage valait largement le plumage ou vice-versa. L’ensemble du parcours était splendide, avec vues sur le lac bien sûr, dès la première montée, ou encore sur le Mont-Blanc une fois qu’on est venus à bout du Semnoz. Mais pas sûr que beaucoup aient pensé à lever une dernière fois la tête, plutôt concentrés sur le ravito d’arrivée et l’envie de refaire la partie avec les compagnons de bonne fortune rencontrés de-ci, de-là.

Bref, un parcours méconnu, sous-estimé, mais suffisamment difficile pour écrémer comme il le fallait et laisser des souvenirs marquants à tous les participants, car l’Etape du Tour « ça se mérite » et celle-là, tout autant que ses devancières. Les locaux nous avaient prévenus, les Bauges c’est vert, mais souvent le brouillard en prend possession et c’est la purée de pois. Dimanche 7 juillet c’était un décor formidable et chacun, chacune a pu en profiter pleinement, voire même bronzer car le court était de sortie, et on ne parle pas du nombre de kilomètres du parcours.

Pour l’unité de temps, c’est variable, en fonction des aptitudes, de l’entraînement, des objectifs. Cela va de 4h15’41 » à bien au-delà de deux fois plus longtemps sur le vélo. Car c’est bien connu quand on aime on ne compte plus et on préfère s’arrêter aux ravitos histoire de refaire les niveaux, de fatigue, de contact avec les bénévoles et de goûter aux produits énergétiques ou autres, voire même aux produits locaux, fromage en tête. L’organisation avait choisi de couper en deux la route qui mène au sommet sur les 6 derniers kilomètres, histoire que ceux qui avaient fini puissent redescendre sur Annecy et son « finish » avec tapis rouge, médailles finishers, et tickets-repas. Ceux-là croisent, voire encouragent (au passage, merci à tous les spectateurs et les coureurs qui nous ont acclamés, mieux qu’un sondage d’opinion pour Vélo 101, ça fait toujours plaisir) ceux qui continuaient de monter. Aucune voiture sur le sommet, mais beaucoup de familles avaient tenu à monter le plus haut possible pour encourager ou passer des bidons, voire arroser ceux qui le demandaient.

Les acteurs, eux, ont tous été formidables. Par ordre d’apparition sur scène, les 250 bénévoles qui ont oeuvré pour certains très tôt dans la semaine pour préparer les kits coureurs et aussi très tôt dimanche pour assurer la circulation, contrôler les entrées dans les sas (12 sas de 1000, rien que ça), servir les pâtes, renseigner, contrôler les carrefours, et bien sûr ravitailler les ravitos dévalisés par les coureurs. C’est une de ces 250 bénévoles qui est notre témoin Vélo 101, normal, les motivations baissent et pourtant sans bénévoles, il n’y aura plus d’organisation, respect à eux. Ensuite, l’organisation, de A comme arrivée, très soignée on l’a dit, à Z comme zeste pour dire qu’il n’y avait pas un zeste de détail qui clochait, même si certains trouveront à renâcler. Mais c’est la rançon du succès. Tout était parfait, on n’a pas poussé jusqu’à tester les secours (ce que malheureusement pas mal d’inconscients ont dû faire sur chutes en descentes car ils se croyaient au Tour).

Comme il y a toujours des choses à revoir, on dira que, peut-être, le podium pourrait être un peu retardé. 13 heures, c’était la garantie d’avoir peu de coureurs présents pour faire la claque, pas plus de spectateurs, 14-15 heures aurait été plus approprié. L’autre point podium étant que les catégories ne sont pas récompensées, ni même appelées sur le podium. Dommage car ce sont la plupart du temps de réelles perfs qu’accomplissent les quinquas et les aînés.

En haut de l’affiche, trois acteurs éclectiques qui goûtent autant, si ce n’est plus au VTT qu’à la route. La reconnaissance vidéo que nous avions effectuée mi-mai l’avait souligné, cette Etape du Tour pouvait se résumer en 120 kilomètres d’attente et 10 kilomètres de course de côte, mais alors quelle course de côte. Le Semnoz est le genre de « trouvaille » qu’aiment bien Christian Prudhomme et son équipe : un col pas trop connu, mais qui le mérite, et la possibilité de faire basculer le Tour la veille de l’arrivée à Paris. Un scénario idéal si Froome, les Sky et les autres équipes le veulent bien. Sur ces 10 kilomètres à 8,5 % de moyenne, avec des passages à 14 %, il y a peu ou pas de répit. On est en prise d’un bout à l’autre, dès le pied quand on quitte Quintal qui a la particularité de faire en grand puisqu’un hameau précède le village où « ça commence pour de vrai ».

La course de côte s’est lancée à une petite trentaine, mais s’est vite réduite à un trio qui a fait le spectacle, et ce dès le pied où Julien Absalon, le récent champion d’Europe de cross-country à Berne, a mis une attaque violente. Il a pris 10 mètres, puis c’est au tour de Peter Pouly, le vainqueur de la Haute-Route 2012, et de Nicolas Roux, notre guide sur la reconnaissance vidéo chacun leur tour. À ce petit jeu, les vététistes ont réussi à décramponner le Savoyard, vainqueur de l’acte 2 en 2012. Vingt, trente mètres c’est l’écart qui s’est maintenu sur la montée entre Pouly et Absalon devant, et Roux qui s’accrochait. C’est dans le dernier kilomètre que tout s’est décanté, comme tout bon scénario. Julien Absalon a attaqué aux 500 mètres, Peter Pouly ne s’est pas accroché, débordé ensuite par Nicolas Roux qui, dans un dernier effort, a montré qu’il la voulait sans doute un peu plus que le double champion olympique, et a déposé Absalon pour lui prendre 9 secondes dans les derniers 250 mètres. Un finish à la Hitchcock avec de beaux champions. Du côté des féminines, c’est Magdalena De Saint Jean qui gagne en 4h42′ devant Marion Sicot et Danièle Troesch, encore une vététiste qui aime et apprécie la route et les cyclos.

Pour tous les autres acteurs, ceux et celles qui sont un peu plus bas dans les feuilles de classement, l’essentiel était bien d’accomplir « sa » performance, et comparer ses résultats dans la catégorie, avec les copains, ou avec les membres du club. Sans oublier de se placer dans le canapé ou sur le bord de la route pour voir la différence avec les pros, le samedi 20 juillet. Bonne récupération à tous, bons retours, clap de fin et place au Tour, pour la 22ème édition de l’Etape du Tour et le 101ème Tour de France. On suivra ça de près, promis.

Le témoin Vélo 101… Christine (bénévole)

Christine, quelle était votre tâche sur l’Étape du Tour ?
J’étais à l’accueil pour renseigner les gens, pour le parking, pour les diriger pour aller chercher les dossards. Mais aussi aller en ville faire des courses pour les gens qui étaient perdus.

Êtes-vous bénévole pour l’occasion, ou est-ce une activité régulière pour vous ?
Dans la mesure du possible, je suis bénévole pour tous les sports. Ce week-end, l’organisation a été géniale. Les gens de tous les pays ont été absolument sympathiques, toujours très polis et respectueux envers nous. De ce que j’ai pu voir, tout le monde a le sourire. En tant que bénévole au niveau du sport, on fait sept ou huit événements par an. J’ai le temps : je suis jeune retraitée de l’éducation nationale. Maintenant, je ne fais que ça.

Quel a été votre programme ces deux derniers jours ?
J’ai commencé vendredi à partir de 14 heures. J’ai aussi travaillé tout le samedi et tout le dimanche. Comme j’étais à l’accueil, je travaillais à partir de 9h30 sur le village, mais je suis venu pour 6 heures pour voir l’ambiance au départ. Ce qui est génial, c’est qu’on rencontre des gens de tous les pays. Et on arrive à communiquer avec eux en parlant anglais ou allemand.

Serez-vous encore présente pour l’étape des pros ?
Oui, je serai mobilisée. Le vendredi et le samedi, une nouvelle fois à l’accueil à Annecy.

Qui sont les autres bénévoles ?
Il y a une bonne partie des gens du club cyclo, mais aussi toute la liste des gens inscrits sur la liste des sports de la ville d’Annecy. Généralement, on retrouve tous ceux qui étaient là ce week-end sur toutes les autres manifestations sportives, comme le marathon ou les Mondiaux militaires.

Le bénévolat s’essouffle-t-il ?
Oui, il s’essouffle car, si on regarde la moyenne d’âge des gens présents ici, ce sont des gens plutôt âgés. Des jeunes sont venus nous demander combien on gagnait en tant que bénévole. Je leur ai dit d’aller chercher un dictionnaire et de chercher la définition du mot !

Classement :

1. Nicolas Roux en 4h15’41 »
2. Julien Absalon en 4h15’50 »
3. Peter Pouly en 4h16’07 »
4. Loïc Herbretrau en 4h17’02 »
5. Rémi Bizzozzero en 4h17’52 »
6. Clément Maertens en 4h17’54 »
7. Robin Cattet en 4h18’17 »
8. Nicolas Chardon en 4h18’50 »
9. Mickaël Guichard en 4h18’51 »
10. Jérémy Laby en 4h19’05 »

95 et 1ère féminine. Magdalena De Saint Jean en 4h42’15 »