Depuis son accession au trône olympique à Londres, couronnement d’une année 2012 qui l’a fait entrer dans les hautes sphères du cyclisme, Bradley Wiggins subit un contrecoup. Peut-être sent-il déjà poindre la menace que représente, dans son propre camp, la prise de grade impétueuse de son lieutenant Christopher Froome. En début d’année, les choses ont pourtant été clarifiées entre les deux hommes. Bradley Wiggins a choisi de repenser intégralement son programme pour se concentrer en priorité sur le Tour d’Italie. Il annonce qu’il renverra l’ascenseur à Chris Froome en travaillant pour sa cause sur le Tour de France. Mais dans les faits rien ne se passera comme cela devait être écrit.

Lorsqu’il se présente au départ du Giro à Naples, les observateurs les plus avisés ont perdu le fil. Bradley Wiggins ne s’est pas montré saignant en première partie de saison, 5ème du Tour de Catalogne puis 5ème du Tour du Trentin, mais sans jamais peser franchement sur la course à la victoire. Déjà, son discours a évolué. L’Anglais ne parle plus de défendre les intérêts de Chris Froome pour le Tour mais affirme avoir toujours l’ambition d’y jouer les premiers rôles. On sent régner une certaine crispation entre les deux hommes, et on imagine aisément Froome croiser les doigts pour que son coéquipier épanche sa soif de conquête en mai sur la course rose.

Il faudra pourtant un improbable regain d’énergie à Bradley Wiggins pour contester le maillot rose aux meilleurs grimpeurs sur un parcours du Giro qui ne se prête pas à ses qualités naturelles. Lui y croit toutefois. « Je suis sorti de ma zone de confort en disputant des courses sans contre-la-montre, précise-t-il au départ de Naples. Je me suis entraîné différemment. Ça a été un peu plus intense sur un laps de temps plus court. Sur le Giro, il y a des chronos. Je vais enfin pouvoir y prendre l’avantage sur mes rivaux. » Et en effet le Londonien et son Team Sky marquent de premiers points psychologiques en s’adjugeant le chrono par équipes sur l’île d’Ischia au deuxième jour de course. Bradley Wiggins s’installe au deuxième rang du classement général (derrière son coéquipier Salvatore Puccio) mais il n’ira pas plus loin.

Pris dans une cassure deux jours plus tard à Serra San Bruno, il concède 17 secondes à ses adversaires. Le surlendemain, il est attardé par un ennui mécanique sur la route de Margherita di Savoia mais doit chasser vigoureusement derrière le peloton principal, qui s’est brisé en deux sur chute alors qu’il allait opérer la jonction. Les choses ne vont pas s’arranger. Il se passe toujours quelque chose sur la route du Giro, et Wiggins l’apprend à ses dépens, surpris par une accélération de quelques cadors en vue de Pescara. Distancé dans la dernière côte du jour, celle de San Silvestro à 7 kilomètres de l’arrivée, le leader des Sky dérape brusquement sur l’asphalte humide. Cette fois son orgueil est touché et il semble bien tenté de débrancher. Le champion reprend sa route craintif, les doigts cramponnés aux freins, le bas du cuissard flottant sur sa cuisse gauche. Il faudra un énorme soutien de ses équipiers pour limiter la note à 1’24 » de débours.

Incapable de se reprendre sur le chrono de Saltara (2ème), où il ne prend que 11 secondes à Vincenzo Nibali, il est encore malmené en deuxième semaine. Le Britannique affiche désormais de la peur dans les descentes, mettant ses équipiers à rude contribution pour boucher les trous et retourner des situations compromises. Reculant progressivement, diminué par une infection pulmonaire entretenue par les conditions atmosphériques pourries, il coule pour de bon vers Trévise et jette l’éponge après la douzième étape, alors qu’il occupait le 13ème rang du classement général à 5’22 » de Vincenzo Nibali. C’est un échec pour Bradley Wiggins, qu’on imagine vouloir se rattraper sur le Tour de France.

Finalement, le 31 mai, il doit y renoncer, handicapé par une tendinite du genou. Il ne retrouvera son plus beau niveau qu’en fin d’année, vainqueur du Tour de Grande-Bretagne et 2ème du Championnat du Monde du contre-la-montre.

Ca s’est passé en mai :

• jeudi 2 mai : Ivan Basso renonce au Tour d’Italie. Le double vainqueur de la course rose déclare forfait pour le Giro en raison d’une blessure à la selle.
• vendredi 3 mai : Arnaud Démare enlève sa troisième victoire aux 4 Jours de Dunkerque en autant d’étapes. Il remporte également le général deux jours plus tard.
• Vendredi 3 mai : Les organisateurs du Tour d’Espagne annoncent les équipes invitées pour le dernier Grand Tour de la saison. Caja Rural, Cofidis et NetApp-Endura en sont. Pas IAM Cycling.
• samedi 4 mai : Christopher Froome est à Bedoin pour reconnaître le Mont Ventoux. C’est la première fois qu’il grimpe le Géant de Provence. Il y fera une démonstration en juillet.
• samedi 4 mai : Le Grand Départ du Tour d’Italie est donné de Naples. Grâce à sa victoire en Campanie, Mark Cavendish devient le premier porteur du maillot rose.
• mardi 7 mai : Dave Brailsford met fin à la polémique qui dure depuis de longs mois. Christopher Froome sera le leader du Team Sky au Tour de France avec le succès que l’on sait.
• samedi 11 mai : À l’issue du contre-la-montre de Saltara, Vincenzo Nibali se pare pour la première fois de rose. Il ne lâchera plus la tunique jusqu’à l’arrivée, deux semaines plus tard.
• mardi 14 mai : La première étape de montagne du Giro dessine déjà la hiérarchie. Nibali conforte son avance alors que Wiggins et Hesjedal sont déjà hors du coup.
• mercredi 15 mai : Laurent Jalabert est entendu par la commission d’enquête sur l’efficacité de la lutte contre le dopage. Il nie avoir eu recours au dopage pendant sa carrière.
• jeudi 16 mai : Sylvain Georges est contrôlé positif à l’Heptaminol sur le Giro. Le Français explique qu’il ne savait pas que le Ginkor Fort contenait cette molécule interdite.
• jeudi 16 mai : C’en est fini des ambitions au général du Giro de Bradley Wiggins qui perd, sous la pluie, près de 3’30 » sur les autres favoris. Il abandonne le lendemain comme Ryder Hesjedal.
• samedi 18 mai : Plongé dans le coma depuis un arrêt cardiaque trois semaines auparavant à l’hôpital d’Arras, Philippe Gaumont nous quitte à l’âge de 40 ans.
• samedi 18 mai : La neige fait une entrée fracassante sur le Giro à Bardonecchia pour la première étape alpestre remportée par le sulfureux Mauro Santambrogio. Nibali creuse encore.
• dimanche 19 mai : La 1ère manche de Coupe du Monde XC est pleine de surprises. Le méconnu Daniel McConnell s’impose dans une course marquée par la malchance d’Absalon et de Schurter.
• dimanche 19 mai : Privé de toutes les lignes de son palmarès entre 1999 et 2007 dans l’affaire Armstrong, Levi Lepheimer met un terme définitif à sa carrière.
• lundi 20 mai : Souffrant du genou, Denis Menchov décide de raccrocher à 35 ans. En treize années professionnelles, le Russe a remporté deux Vuelta et un Giro.
• mardi 21 mai : L’échantillon B ayant confirmé la positivité de Sylvain Georges, Ag2r La Mondiale est contrainte de renoncer au Critérium du Dauphiné en vertu des règles du MPCC.
• jeudi 23 mai : Coup dur pour le Français de l’équipe Argos-Shimano Matthieu Sprick. Le Mosellan est admis à l’hôpital pour un petit accident vasculaire cérébral.
• vendredi 24 mai : Pendant que le Giro est aux arrêts en raison de la neige dans les dolomites, Danilo Di Luca est exclu de la course rose pour un contrôle positif à l’EPO fin avril.
• dimanche 26 mai : Vincenzo Nibali arrive à Brescia en triomphateur. À 27 ans, l’Italien remporte pour la première fois et avec la manière son Tour national.
• dimanche 26 mai : Comme il le fait depuis le début de la saison VTT, Nino Schurter domine Julien Absalon lors de la 2ème manche de Coupe du Monde à Nove Mesto.
• dimanche 26 mai : Victime d’une chute impressionnante sur les whoops de Nove Mesto, Stéphane Tempier est hospitalisé, touché à un rein.
• vendredi 31 mai. Après un Giro raté, Bradley Wiggins doit renoncer à la défense de son tire sur le Tour de France, gêné par une tendinite au genou et des problèmes respiratoires.