Alors Cédric, évidemment la grosse nouvelle à la suite de la présentation de l’équipe c’est que l’équipe Cofidis est candidate pour le WorldTour en 2020. C’est quoi votre premier sentiment, un sentiment de travail accompli ?

Oui, c’est déjà un sentiment de fierté, ça veut dire que Cofidis nous fait confiance. On le savait déjà parce que notre sponsor avait annoncé une prolongation de contrat au mois de mai 2018 mais là c’est vrai qu’on rentre dans une autre forme de challenge parce que ça va stimuler l’ensemble de l’équipe, coureurs et personnel. Je pense que ce qu’on recherche c’est l’excellence, c’est l’élite et tout ça, c’est représenté par le WorldTour. C’est pas une nouveauté parce que Cofidis a déjà évolué à ce niveau, on avait été absents du WorldTour ces 10 dernières années, l’ambition qui est la nôtre aujourd’hui c’est de réintégrer cette élite et tout ce qui tourne autour du recrutement, je pense que vous l’avez aperçu ce soir, tous les coureurs qui ont été recrutés, pour la plupart viennent aussi de structures WorldTour avec déjà une expérience et tout ce qui est mis en œuvre aujourd’hui est fait avec cette idée de réintégrer l’élite du cyclisme mondial.

On va dire qu’avec ce qui vous est tombé dessus la semaine dernière, donc la sélection pour le Tour de France méritée puisque vous êtes dans les premières places du classement UCI Europe Tour, c’est Noël en janvier ?

Oui, c’est presque Noël en janvier. C’est deux bonnes nouvelles qui arrivent, l’une après l’autre. Je crois que ça récompense tout simplement le travail de toute une équipe et j’insiste car je pense que tous les coureurs ont été fantastiques, le staff à fait aussi beaucoup d’efforts en 2018. Maintenant il va falloir continuer sur cette progression, pour moi 2019 doit être l’année de la confirmation, on doit aussi permettre à des coureurs comme Nacer Bouhanni de trouver rapidement son rythme de croisière. Le début de notre collaboration avait été compliqué mais Nacer a prouvé à la Vuelta qu’il avait les moyens de rivaliser à un haut niveau et ce que je veux créer, c’est cette spirale de la victoire, c’est d’élever le niveau de chacun et pour ce faire on s’entoure des meilleurs, on se donne les moyens de réussir et je pense que ce soir, toute l’équipe qui a appris cette nouvelle est regonflée à bloc et on va redoubler d’efforts pour y arriver.

VasseurCédric Vasseur en interview | © Vélo 101

Globalement, vous savez manager, vous avec vécu ça de l’intérieur avec des grandes équipes, vous allez exploiter ça à 101 % ?

Oui, c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles j’ai été recruté par Cofidis. Quand on a côtoyé les meilleures équipes du monde, qu’on termine sa carrière avec un certain Patrick Lefévère qui a cumulé de multiples victoires, qui est un dénicheur de talents, je crois qu’aujourd’hui c’est un peu pour moi un modèle à copier, à égaler ou tout du moins à se rapprocher. Il y a toute une méthodologie, toute une façon d’y arriver. La première c’est de s’entourer des meilleurs et je crois que depuis mon arrivée, les recrutements ont toujours été réfléchis. On a recruté de bons coureurs mais aussi de bons directeurs sportifs. Roberto Damiani qui est venu nous renforcer l’an dernier, Thierry Maréchal avec qui j’ai couru et en qui j’ai une totale confiance et ça peut permettre à la fois à des coureurs comme Christophe Laporte de gagner sur des classiques, le train Cofidis est en route, c’est vraiment du sérieux !

Si on jouait au jeu des pronostics, on pourrait miser sur la Cofidis dès le GP la Marseillaise ?

On ne va pas mettre trop de pression aux coureurs. Ce serait un bon symbole car on aura une équipe forte sur La Marseillaise, on sait que le WorldRanking aura aussi une importance cruciale donc chaque course aura sa signification. On va débuter à Majorque et j’aimerais bien que dès Majorque on réussisse à ouvrir notre carnet de victoires. On aura une forte équipe avec Hansen, Herrada, Hofstetter et je veux vraiment créer cette spirale. Hugo est un coureur qui a aussi beaucoup progressé, il n’y aura ni Christophe Laporte ni Nacer Bouhanni, à lui de me montrer que quand on lui donne les moyens de réussir il peut nous donner satisfaction.

On peut dire que vous avez essuyé les plâtres l’année dernière puisque vous êtes arrivé après que tout ait été mis en place pour la saison 2018. Ça a été compliqué la transition 2017 – 2018 ?

Non, je crois que c’est toujours un passage obligé quand il y a un changement de stratégie, de direction, finalement avec du recul je me dis que ça n’a pas duré longtemps. On a attendu 6 mois pour vraiment trouver notre rythme de croisière mais pendant ce temps-là on n’a pas été inactifs car Christophe Laporte a immédiatement donné une impulsion, Stéphane Rossetto a été formidable sur les routes du Yorkshire, on a Nicolas Edet qui est devenu un gagneur aussi donc je pense qu’avec du recul la transition a été rapide. Il fallait passer par là. Il y des moments toujours compliqués mais la transition a quand même été rapide.

D’un autre côté si ça avait été facile on n’aurait pas fait appel à vous ?

Probablement pas, non.

Cofidis tdfL’équipe Cofidis à l’arrivée du Tour de France à Amiens| © VFP

On peut dire que depuis le début de la saison, entre Israël Cycling Academy, Arkea-Samsic, Direct Energie et vous il y a beaucoup de candidats au WorldTour 2020. Tout le monde ne sera pas admis, comment vous anticipez ça ?

Moi j’ai simplement un mot à dire, c’est que la concurrence me stimule. Quand on a peur de la concurrence c’est qu’on est faible et qu’on n’a pas les moyens de réussir. Aujourd’hui je suis persuadé que Cofidis a les moyens de réussir et d’accéder au niveau supérieur. Cette concurrence elle va nous faire redoubler d’efforts, nous stimuler encore plus sur les courses, ça va nous imposer une rigueur, une méthodologie, une stratégie de course, ça va imposer des consignes strictes et c’est la seule façon d’arriver au top niveau. Il faut gagner sa place, les places sont chères et les coureurs le savent. Nous sommes 28 coureurs et sur des courses hormis sur les grands tours c’est 7 heureux élus, on a établi par exemple un programme jusqu’au départ de Paris-Nive et après il faudra gagner sa place.

Vous aujourd’hui vous êtes candidats pour le début de l’année à toutes les courses ASO, les classiques Italiennes, quel est le programme idéal ?

Dans cette optique d’accession au WorldTour, je crois qu’il ne faut pas qu’il y ait de rupture. Il faut qu’il y ait une transition et cette transition c’est de prendre part à un maximum d’épreuves WorldTour en 2019 pour vraiment montrer à l’ensemble du staff et des coureurs ce qui nous attend en 2020 en cas d’acceptation de notre dossier. Et donc toutes les courses, les grandes courses qui nécessitent une WildCard on demande cette invitation.

Donc ça veut dire que vous espérez être sur Milan San Remo par exemple ?

Bien sûr, on espère faire Paris-Nice, Tirreno Adriatico et Milan San Remo.

vasseur cofidisCédric Vasseur lors de la présentation de l’équipe 2019 | © Team Cofidis

Maintenant vous êtes détachés de cette problématique là mais quelle est pour vous la solution pour le choix de ces équipes invitées ? Est-ce que le calendrier est bon selon vous, est-ce qu’il est bien sur le fond et la forme ?

Je n’aimerais pas être à la place de Christian Prudhomme parce que très sincèrement, les trois structures Françaises qui vont se battre pour les dernières places méritent toutes les trois de participer. Après on va voir comment les structures vont évoluer en termes d’organisation, de résultats sportifs, d’animation de course mais ça va être difficile et honnêtement aujourd’hui c’est impossible de prédire quelle équipe ne sera pas sur les routes du tour en juillet. Malheureusement il n’y en aura pas une et je pense qu’on peut faire confiance aux organisateurs du Tour pour que les deux équipes qui méritent le plus leur place soient là. Mais je comprends que ce début de saison est primordial pour beaucoup d’équipes.

Il y a des rendez-vous pour Cofidis cette saison, le titre de Champion de France vous le cherchez, il y aura aussi une victoire sur le Tour de France, comment vous anticipez ces rendez-vous clés ?

Il y a plein d’objectifs qu’on n’a pas encore atteints et ça, ça nous stimule aussi et un titre de champion de France, un maillot jaune, une victoire sur les routes du Tour sont des choses qui nous font rêver. Il ne faut pas être trop gourmands, il ne faut pas tout vouloir sur une saison. On a déjà bien progressé entre 2018 et 2019, je crois qu’il faut que cette progression soit régulière pour qu’elle soit durable. Ce qui m’intéresse ce n’est pas un coup d’éclat et puis après retomber un peu plus bas donc il faut hisser le niveau de l’équipe en garantissant qu’il ne soit pas perdu les années suivantes. Donc s’il faut passer par un titre de Champion de France tant mieux, s’il faut attendre 2020 ça attendra 2020.

Dans un schéma idéal, vous êtes passé cette année pas très loin de la victoire à Pau, un Tour de France avec deux sprinters comme Nacer Bouhanni et Christophe Laporte c’est envisageable ?

C’est envisageable parce que les deux sprinters ont des caractéristiques différentes. Si je devais résumer les caractéristiques de l’un et de l’autre, je dirais que Nacer est plutôt un sprinter de première semaine sur le Tour et Christophe un sprinter de troisième semaine. Donc sur le papier c’est jouable, après il faut voir comment l’équipe se compose mais s’ils sont à 100 % de leurs moyens et qu’ils nous donnent des garanties de possibilité de victoire, ce serait dommage de s’en priver d’un.

Quoiqu’il arrive, du point de vue de comment se gère le Tour de France, vous l’avez commenté, vous avez pu le vivre de l’intérieur, pour Cofidis c’est la victoire d’étape au sprint ou rien ?

Non, je ne dirais pas ça parce qu’on a Jesper Hansen qui est capable de gagner dans une échappée, on a Atapuma qui peut surprendre en montagne, il a été embauché pour ça, il ne va pas jouer le classement général, ce sera un électron libre et on ne sait jamais donc c’est essentiellement le sprint mais pas que ça.

L’ancien commentateur France Télévision dirait quoi entre un Chris Froome n°5 ou Geraint Thomas n°2 ?

Chris Froome n°5.

Enfin, un petit mot sur la cyclosportive que vous organisez ?

C’est une cyclosportive pour la fondation Digest Science à but caritatif et l’objectif c’est de récolter des fonds pour la recherche médicale, sur les maladies de Crohn et maladies digestives donc on est en train de monter ce dossier, moi ce que je souhaite c’est qu’il y ait chaque année plus de monde pour soutenir la recherche parce qu’une de nos responsabilités c’est d’aider les gens et ce genre de fondation. L’année dernière a été récolté un peu plus de 10 000 €, notre objectif c’est d’essayer d’atteindre 15 000 €.