Michel Callot, vous êtes le seul candidat à la présidence de la FFC, dont l’élection se tiendra le samedi 11 mars. Cette candidature unique réduit à néant tout débat comme ceux attendus avant toute échéance électorale. Le regrettez-vous ?
Vous vous souviendrez certainement que j’ai été l’un des tout premiers candidats à la présidence d’une grande fédération olympique à provoquer un débat public autour d’une élection fédérale. C’était en 2009. En 2017, les circonstances sont très différentes. Les positions que j’ai occupées ces dernières années au sein de la FFC et l’attente de nombreux dirigeants d’une transition sans heurt, d’une sorte de passage de témoin entre David Lappartient et moi-même, expliquent sans doute cette situation de candidat unique. Pour autant, vous aurez noté que j’ai annoncé très tôt ma candidature. Depuis octobre 2016, j’ai dialogué avec tous les acteurs du monde cycliste. Le projet que je porte pour la FFC n’a pas été élaboré par un homme seul, retranché derrière ses certitudes. Il est le fruit d’une large concertation et d’un état des lieux partagé. Après l’élection, je peux vous assurer que mon équipe et moi-même continuerons à nourrir l’action fédérale des mêmes confrontations d’idées.

Vous le rappeliez, vous étiez déjà candidat en 2009. Diriez-vous que, l’expérience aidant, vous êtes davantage prêt à relever le défi qui se présente à vous dorénavant ?
Oui, naturellement, c’est la richesse de la vie de gagner en expérience et en maturité. En ce qui me concerne, trois éléments de mon parcours m’ont sans doute permis d’acquérir ce supplément d’expérience qui sera important dans l’exercice de ce mandat de président de la FFC.

Quels sont-ils ?
Tout d’abord mon évolution professionnelle qui m’a permis pendant ce laps de temps d’exercer la Direction Générale de mon entreprise et d’animer une équipe de plus de 200 salariés, ce qui est une bonne manière de s’habituer à porter un certain niveau de responsabilité. Ensuite, je placerai la poursuite de mon action au sein du comité Rhône-Alpes avec une présidence qui m’aura appris à mesurer, depuis le terrain, la nécessité d’une politique fédérale qui s’adapte aux exigences des clubs. C’est aussi un très bon niveau pour comprendre tout l’intérêt d’une démarche qui fédère. Enfin, j’évoquerai mes mandats successifs au conseil d’administration puis au Conseil Fédéral de la FFC dont j’ai été élu Président il y a deux ans. Ces mandats m’ont permis de rester dans une position d’observateur privilégié du fonctionnement de notre Fédération et de mieux en comprendre certains rouages et certains équilibres. Ce point me semble indispensable pour avoir une vision critique et objective de l’appareil fédéral.

Votre projet fédéral, baptisé « Roulons tous ensemble« , est vaste. Quels en sont les principaux axes ?
Trois objectifs majeurs peuvent résumer au mieux notre projet. Un : donner une nouvelle capacité d’attractivité à notre Fédération. En interne, en renforçant le lien qui doit exister entre les différentes strates de notre Fédération, des clubs au niveau fédéral, en passant par les territoires. Pour cela, il convient de mettre en place des plans d’action où chaque acteur de la Fédération puisse se reconnaître. Mais aussi vers l’extérieur en développant une stratégie et des outils pour attirer vers nous un public élargi. Deux : gagner le pari de la performance de haut niveau en plaçant nos meilleurs athlètes dans un environnement optimal pour exploiter au mieux leur talent, en renforçant la complémentarité entre les compétences fédérales et les actions des structures de haut niveau, et en préparant l’avenir grâce une organisation rigoureuse de la transmission et de la diffusion de nos savoir-faire sportifs. Trois : moderniser la Fédération dans ses outils, mais également dans son approche financière, en s’appuyant sur des pratiques éprouvées en entreprise. La notion de service rendu à ses adhérents par la Fédération doit être replacée au cœur de la réflexion.

Prenons votre ambition de renforcer l’attractivité de la FFC. Par quels moyens envisagez-vous de revaloriser l’image du cyclisme ?
Nous avons jusqu’à présent beaucoup et assez efficacement travaillé, dans le domaine du loisir, en direction d’une cible de pratiquants à la recherche de compétitions, certes plus accessibles en termes de niveau, mais dans l’esprit de nos compétitions traditionnelles (développement des Pass’Cyclisme). Nous devons accroître nos efforts vers deux autres cibles.

Lesquelles ?
Les cyclistes, pratiquants réguliers, que nous retrouvons notamment dans les épreuves de masse quelles que soient les disciplines. Nous avons là à imaginer quels moyens nous pourrons utiliser pour qu’une partie beaucoup plus importante de cette population trouve un intérêt à rejoindre la FFC. Dans un cercle encore plus large, notre réflexion doit nous conduire à mettre à disposition des services suffisamment attractifs pour amener vers nous une partie de tous ceux qui, simplement, font du vélo. On sent bien se dessiner quelques angles d’attaque comme le sport-santé, comme le Vélo à Assistance Electrique, comme les tendances sociétales avec le vintage, l’intérêt pour les parcours historique… Nous réussirons ce pari en étant capables d’aborder ce sujet, débarrassés de nos idées reçues, et en adoptant une démarche marketing structurée et rigoureuse.

Quelle offre comptez-vous mettre en place pour que le vélo pour tous devienne une réalité au sein de la FFC ?
L’offre est à travailler conformément à la méthodologie que je viens d’évoquer et je n’arrive malheureusement pas sur ce sujet avec une baguette magique. Cependant il est évident que cette offre devra être assise sur des services nouveaux et suffisamment originaux, sur les techniques de fidélisation utilisées dans le secteur marchand et sur les nouvelles technologies. Pour que cela fonctionne et produise des effets à court terme il faudra ajouter deux conditions : savoir s’appuyer sur des partenaires qui partagent notre intérêt à développer ce marché, et faire en sorte que cette offre soit portée par une stratégie de communication efficace.

Autre sujet essentiel : quelles actions seront menées autour de la féminisation du cyclisme ?
C’est effectivement un sujet essentiel pour le développement de la FFC. Notre plan de féminisation sera construit en particulier en direction des clubs et des territoires avec l’animation d’un réseau de référentes, avec de la formation de dirigeantes, et avec des outils pour aider les clubs à mieux accueillir la pratique féminine. Mais nos actions iront également vers la compétition et le haut niveau en travaillant en association avec les structures qui accueillent nos meilleures compétitrices pour mettre à disposition des athlètes une organisation du cyclisme féminin et un accompagnement qui soit réellement adapté aux spécificités du sport féminin. Enfin, nous travaillerons la communication autour de la féminisation, communication qui accompagnera nos actions de développement vers les jeunes et vers le grand public.

Quels sont vos projets en matière de formation ?
Mon ambition est que la FFC se dote dans les meilleurs délais d’un réel institut de formation capable de structurer son offre de formation, de développer des outils pédagogiques modernes et de mettre en place les dispositifs nécessaires à la mobilisation de financements dans le cadre des dispositifs prévus à cet effet. Cet institut de formation pourra progressivement regrouper tous les domaines sur lesquels la Fédération intervient en matière de formation, avec notamment les formations d’éducateurs, de dirigeants, d’arbitres, liées à la sécurité… Ceci dit, nous avons une priorité absolue qui doit nous amener à rattraper le plus rapidement possible le déficit de formation d’éducateurs que nous avons enregistré ces dernières années. Pour aller vite, il conviendra de simplifier le schéma de formation des éducateurs et de produire des contenus qui facilitent la mise en œuvre des actions de formation au cœur de nos territoires.

Vous proposez en outre de moderniser l’outil fédéral en transformant le modèle financier de la FFC. Quelles adaptations envisagez-vous ?
Nous savons tous que notre modèle financier historique, qui était assis largement sur les ressources issues des organisations qui alimentent les comités régionaux et la Fédération, est en grande difficulté. Au regard de ce constat, et dans un contexte où malheureusement l’état des finances fédérales ne laisse pas de marge de manœuvre, nous agirons dans trois directions. D’abord le bon sens doit nous conduire à évaluer les dépenses de la Fédération et pour chaque grand type d’actions à faire réfléchir les personnes en charge de ces domaines sur la problématique classique mais parfois efficace : comment faire aussi bien mais différemment pour dépenser moins ? Ensuite, je suis optimiste sur les effets que peut avoir la construction d’une approche marketing/communication très rigoureuse pour nous permette de mieux vendre nos produits et notre savoir-faire et pour attirer à nous de nouvelles formes de partenariats. Nous devons créer pour la Fédération une logique de performance dans la constitution d’un chiffre d’affaires extérieur aux ressources de base. Enfin, je compte beaucoup sur les effets du développement vers un public élargi pour nous amener quelques ressources directes supplémentaires, mais aussi une meilleure capacité à mutualiser certaines charges (assurance, outil informatique…) et très certainement une plus grande facilité à intéresser de nouveaux partenaires.

La suite de notre entretien avec Michel Callot.