Il avait déboursé plus de deux millions de dollars pour assumer sa défense et tâcher de conserver son titre de vainqueur du Tour de France 2006, allant jusqu’à vider ses caisses et ruiner sa crédibilité, déjà bien entamée par son contrôle antidopage positif à la testostérone. Aujourd’hui, Floyd Landis a choisi de faire volte-face et d’alléger une conscience bien trop chargée. Alors que sa carrière sportive, reprise l’an passé après deux années de suspension, bat désormais de l’aile, réduite à l’anonymat dans une formation amateur, le coureur de Pennsylvanie a envoyé une série d’emails aux autorités cyclistes officielles et à ses sponsors, par lesquels il admet avoir eu recours au dopage systématique tout au long de sa carrière. L’Américain a confirmé auprès de la chaîne ESPN qu’il était bien l’auteur de ces emails et s’en est expliqué.

« Je veux laver ma conscience, a-t-il déclaré à la télévision américaine. Je ne veux plus faire partie de ce problème. J’ai désormais l’avantage du recul et d’une perspective différente. Alors oui, j’ai fait des erreurs. Mais je ne me sens pas coupable. J’ai fait ce que j’avais à faire parce que c’est ce que nous faisions tous. Après dix ans de dur labeur, il me fallait faire un choix, et j’ai pris cette décision pour franchir l’étape suivante. Je me suis dit fais-le et tu verras si ça t’aide à gagner. » Floyd Landis avoue ainsi avoir cédé à la tentation en juin 2002, alors qu’il portait le maillot de l’équipe US Postal. D’ailleurs, dans un des emails rapportés par le Wall Street Journal, l’ancien coureur aurait déclaré avoir été initié au dopage par Johan Bruyneel en 2002 et 2003. Le technicien belge lui aurait appris l’utilisation des stéroïdes, du dopage sanguin et des hormones de croissance. Et Lance Armstrong lui-même aurait participé à l’éducation de Landis.

« Lui et moi avons eu des discussions prolongées à ce sujet durant nos séances d’entraînement, écrit Floyd Landis. Il m’a ainsi expliqué l’évolution des tests EPO et pourquoi les transfusions devenaient alors nécessaires en raison des inconvénients des nouveaux contrôles. » Il explique ainsi s’être rendu à Gérone en 2003 afin de se faire prélever deux litres et demi de sang en trois semaines, lesquels ont été utilisés pendant le Tour de France. L’extraction de sang aurait eu lieu dans l’appartement de Lance Armstrong, où étaient préservées dans un réfrigérateur les poches sanguines de Lance Armstrong et de George Hincapie. En l’absence du multiple vainqueur du Tour, Landis aurait alors été chargé de veiller à ce que la température du frigo ne compromette pas la qualité du sang congelé. Tous ces éléments figurent dans ses emails.

Toujours dans le cadre de ces nombreuses révélations, Floyd Landis explique dans un message à l’attention du président de la fédération américaine de cyclisme qu’il aurait fait part à Andy Rihs, le propriétaire de l’équipe Phonak Hearing Systems, avec laquelle il a « remporté » son Tour de France en 2006, de son implication dans un programme de dopage sanguin. Tout le monde savait, selon Floyd Landis. L’Américain, qui tient ainsi à se racheter une conscience, n’a certainement pas fini de vider son sac. Il a expliqué ses révélations dans un but bien précis : dénoncer l’incompétence des autorités sportives en matière de lutte antidopage et éventuellement proposer son aide à cette lutte, fort de son expérience… A 34 ans, Floyd Landis jette en tout cas un joli pavé dans la mare.