Il y a un an, Geoffroy Lequatre annonçait son départ pour l’étranger et la formation américaine RadioShack de Lance Armstrong. Le « frenchie » de l’équipe n’a pas mis longtemps à s’intégrer à un groupe sportif des plus cosmopolites, avec dix-huit nationalités représentées. Aux côtés de grands leaders, il a appris à courir différemment et à supporter le poids des responsabilités. Ses résultats ont été moins visibles, puisque souvent rompu au rôle d’équipier, mais ils ont néanmoins été là : 3ème de la Classique Sarde, 7ème de la Classic de l’Indre, 12ème du Tour du Danemark, 13ème du Tour de Belgique et 14ème de Milan-San Remo. A 29 ans, Geoffroy Lequatre attend déjà impatiemment sa deuxième année de contrat avec RadioShack, qu’il envisage encore plus marquante sur le plan des résultats.

Geoffroy, on arrive au terme de votre première saison avec RadioShack, quel regard portez-vous sur cette année de découverte outre-Atlantique ?
Ca m’a permis d’apprendre beaucoup de choses et surtout de voir autre chose. C’est un bilan plus que positif pour moi. Mon intégration au sein de l’équipe a été très bien réussie. Ce n’est au final que du positif. Après, je n’aime pas qu’on me demande ce qui fait la différence avec une équipe française. J’ai grandi dans les équipes françaises, si j’en suis là aujourd’hui c’est grâce à elles. Seulement, dans un groupe sportif comme RadioShack, il règne une autre façon de voir les choses, c’est différent. Il y a dix-huit nationalités différentes, c’est donc très cosmopolite avec tout ce que cela implique comme différences dans nos façons de penser et de fonctionner les uns les autres. C’est cela qui est intéressant, cette diversité de cultures. C’est ce que j’ai apprécié de trouver, en plus des responsabilités qui m’ont été confiées.

Dans cette large diversité des cultures, comment vos coéquipiers ont-ils perçu l’arrivée d’un jeune coureur français ?
J’ai tout de suite été bien intégré. Après, je ne suis pas non plus quelqu’un de sauvage. Je parle plusieurs langues et en les mettant en pratique ça a facilité beaucoup les choses. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, il faut aussi entrer dans le moule. Ca passe donc aussi par la communication pour que ça fonctionne bien. En tout cas je suis très content de la manière à laquelle ça s’est passé.

Votre objectif initial, c’était de découvrir ce nouvel univers ?
Non, pas en priorité. Mon objectif était de voir autre chose mais surtout de progresser, de courir différemment et d’apprendre aux côtés de grands leaders. Je suis d’ores et déjà plus que motivé pour attaquer ma deuxième saison l’année prochaine avec RadioShack.

La question vous a forcément été beaucoup posée, mais avez-vous côtoyé Lance Armstrong ?
Oui, on l’a côtoyé en stage, j’ai aussi couru avec lui. Quand il est là, c’est sûr que c’est différent. C’est une pression particulière parce que j’avais des responsabilités autour de lui. Ca m’a permis d’apprendre vraiment à courir auprès d’un grand champion et de prendre des responsabilités, de tout faire pour que ça se passe bien tout au long de la journée afin de l’accompagner au plus loin.

D’un point de vue plus personnel, comment jugez-vous cette saison sur le plan des résultats ?
Bien, j’ai fait une bonne saison. J’ai bien débuté l’année, j’ai fait de belles courses avec des résultats. Après, c’est sûr que j’ai été déçu de ne pas pouvoir participer au Tour de France en tant que coureur français. Ca je ne le cache pas. Si je n’avais pas été déçu ça aurait signifié que je n’étais pas motivé. Ca aurait été bien d’être sur le Tour mais je patiente et je pense que l’année prochaine je serai apte à passer à autre chose, et pourquoi pas faire le Tour de France au sein d’une grosse équipe. En tout cas, cette année 2010 aura été une année de développement personnel. J’ai marché, même si ça ne s’est peut-être pas trop vu par rapport aux résultats car je cours différemment, pour un leader, mais je me suis vraiment épanoui et je pense que j’ai passé un cap. L’année prochaine sera une autre année, et je pense avec des résultats plus marquants.

Comment s’annonce-t-elle cette saison 2011 chez RadioShack, sans Lance Armstrong ?
Je ne sais pas encore. Même si Lance ne sera plus là, nous avons encore beaucoup de leaders. Il reste du beau monde avec beaucoup de grandes personnalités dans cette équipe. Je pense que nous allons fonctionner comme cette année, avec des leaders bien prédéfinis qui seront encore là pour l’année prochaine. Et tant mieux car il faut des leaders pour structurer une équipe.

Votre actualité passe aussi par la création d’une ligne de vêtements cyclistes haut de gamme baptisée G4, que l’on peut retrouver sur www.g4dimension.com ?
Cela fait quelques années que je me suis lancé là-dedans. Agritubel m’avait offert l’opportunité de faire ses vêtements et cette année ça a été une continuité. J’ai donc développé la marque G4, inspirée de mon nom Geoffroy Lequatre. Ce sont des vêtements de vélo haut de gamme mais aussi des vêtements casual et sportswear qui vont arriver petit à petit durant l’hiver. C’est une passion que j’ai à côté du vélo, que j’ai mis en place avec des amis et ma compagne. J’avais à cœur de la développer car je pense que ce sera aussi pour moi quelque chose d’important à l’avenir.

Quel y est votre rôle précis ?
Moi je designe simplement et après je laisse faire. Il y a le vélo à côté, et je reste un coureur professionnel, alors il faut structurer les deux. Je suis cadré et j’arrive bien à m’épanouir dans les deux. Dans les vols, à l’hôtel, dans les moments où il faut attendre, je m’amuse à designer. Ca me permet de passer le temps et de penser à autre chose qu’au vélo à longueur de temps. C’est aussi une soupape !

Propos recueillis à La Roche-sur-Yon le 26 septembre 2010.