John, avant d’aborder Paris-Roubaix, pensez-vous que Thor Hushovd est arrivé à son pic de forme ?
Il est là où il doit être. Paris-Roubaix est la course pour laquelle il s’est préparé. Il fait un bon début de saison, il a commencé tôt, au Tour de San Luis en Argentine. Il a bien enchaîné et a déjà gagné au Tour du Haut-Var. Ce qui est toujours très bon pour la confiance. Il a ensuite suivi le chemin vers la semaine cruciale de sa saison entre le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Il a la tête tournée vers cette semaine. Tous les indicateurs sont au vert pour lui et c’est le principal. Si tout se passe bien, nous sommes convaincus qu’il va jouer un grand rôle.

Vous gardez toute confiance en lui malgré une saison 2012 à oublier ?
Il sait ce qu’il doit faire. Il a déjà beaucoup d’expérience. Il fait des résultats tous les ans. Les problèmes de santé peuvent arriver. Nous l’avons bien vu. Il a connu une année difficile en 2012, mais il a prouvé depuis le début de l’année qu’il était un grand champion.

Est-il à son niveau de 2011, lorsqu’il rivalisait avec Fabian Cancellara sur les pavés ?
Il n’était pas dans mon équipe à ce moment-là, donc il faut poser la question à son directeur sportif de l’époque. Quand on le voit simplement, ce n’est pas la même chose, on ne sait pas comment il s’est entraîné. Ce qu’il fait chez nous et ce qu’il a fait avant n’est pas comparable.

On dit de votre équipe qu’elle est dangereuse grâce à son gros collectif.
Nous avons toujours eu un gros collectif ! Que ce soit au point de vue des équipiers ou au niveau des leaders, même si malheureusement on en a perdu deux en cours de route (Philippe Gilbert et Taylor Phinney NDLR). Nous avons une série de coureurs qui apprécient ces classiques et nous n’avons pas de mal à faire une équipe, même pour trouver des réservistes au dernier moment. Il y a pas mal de candidats pour seulement huit places. Nous avons aussi une série de coureurs très expérimentés comme Marcus Burghardt, Manuel Quinziato, Klaas Lodewyck, Michael Schär qui savent quel est leur rôle.

Comment tirer parti de ce collectif ?
En jouant l’équipe à 100 %. On a deux coureurs qui se sont montrés dans le final des courses et qui ont déjà gagné. Ce sont de vrais coureurs de classiques. Et puis Daniel Oss qui a démontré depuis le début de l’année et depuis le début de sa carrière chez les autres équipes qu’il est un homme de classiques. Italien, mais avec un esprit flandrien. Il y en avait un autre avant lui, c’était Alessandro Ballan. Il aime ses courses et vit pour elles pendant l’hiver. Il a prouvé depuis le début de la campagne qu’il pouvait être présent dans le final et même jouer le podium d’une course WorldTour. C’est un coureur en pleine maturité et qui a encore une belle marge de progression. Il a été confiné dans un rôle d’équipier modèle par le passé et il commence à prendre son ampleur petit à petit chez nous. Il a un rôle de lieutenant et peut jouer sa carte personnelle, comme il l’a fait à Harelbeke (3ème du GP E3 NDLR).

C’est dans ces moments-là que l’absence d’Alessandro Ballan se fait le plus clairement ressentir. Quelles sont les dernières nouvelles ?
Il reprend l’entraînement. Il a subi une nouvelle petite opération chirurgicale pour enlever une des vis. Il va s’y remettre, il n’y a pas de pression. Il s’est entraîné sur le bord du canal, tranquillement avec ses collègues la semaine dernière, comme il était venu nous dire bonjour à Milan-San Remo. Il reste au sein de l’équipe. Si tout va bien, j’espère qu’il sera à nouveau en compétition vers le mois de juin. Ce sera une demi-saison importante pour se reconstruire. C’est en tout cas un homme de classiques. On voit qu’il aime ces courses et que même s’il ne peut pas mettre un dossard, il avait envie d’y être. Cela fait partie de son cœur et de son caractère. C’est un vrai Flandrien.

Vous avez reçu un coup sur la tête avec les forfaits de Philippe Gilbert et de Taylor Phinney juste avant le Tour des Flandres.
Quand vous voyez les conditions dans lesquelles on court depuis le début de la saison, et particulièrement depuis Paris-Nice, c’est assez épique avec de la neige, de la pluie et du froid. Tout cela peut arriver. Malheureusement, cela nous arrive maintenant, sur cette semaine importante. Mais nous devons l’accepter.

Le forfait de Philippe Gilbert change-t-il quelque chose pour les Ardennaises ?
C’était une sage décision que d’aligner Philippe au Tour Pays Basque pour qu’il puisse avoir six jours de plus, car ses objectifs sont l’Amstel Gold Race, la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Il veut être présent à la maison, avec le maillot de champion du monde sur les épaules. Déclarer forfait pour le Tour des Flandres était une grande déception pour lui et pour l’équipe. Mais il doit se focaliser sur ses principaux objectifs à venir.

Vous êtes plus serein que vous ne l’étiez il y a un an à la même époque.
C’est clair qu’il y a douze mois, nous n’étions pas dans la même situation. Philippe et Thor étaient souffrants. On est plutôt serein. On a fait deux podiums sur deux classiques WorldTour avec deux coureurs différents (Daniel Oss 3ème du GP E3 et Greg Van Avermaet 3ème de Gand-Wevelgem). On espère revoir Philippe en grande forme sur les Ardennaises. Je ne suis pas nerveux. On part avec confiance pour faire de bons résultats.

Même en ce qui concerne Cadel Evans après le Critérium International ?
Je ne suis pas inquiet là dessus. Cadel reste notre leader, on est encore bien trop loin du Tour pour imaginer toutes les autres solutions. Il va avoir une marge de progression jusqu’au mois de juillet. On a avec Tejay Van Garderen un coureur pour l’avenir. La situation reste exactement la même. Cadel a déjà gagné le Tour, c’est un vrai leader et s’il est en bonne santé, il sera notre leader au départ du Tour.

Propos recueillis à Courtrai, le 29 mars 2013.