Eusebio, vous êtes sorti comblé du Tour de France, n’est-ce pas ?
Je suis très heureux du comportement de l’équipe durant les trois semaines de ce Tour de France. Nous avons placé deux coureurs sur le podium, nous avons ramené le maillot blanc de meilleur jeune à Paris et avons remporté le classement par équipes ! Ce Tour 2015, c’est surtout la confirmation de Nairo Quintana comme un grand coureur de Grands Tours. Et puis j’éprouve aussi une certaine émotion de voir Alejandro Valverde monter pour la première fois sur le podium du Tour de France. Il a beaucoup travaillé pour cela et enfin cette année il y est parvenu. Vraiment, on ne peut qu’être satisfaits d’un Tour de France tel que celui-ci.

Le tableau est effectivement très valorisant, mais à bien y regarder il n’y a ni maillot jaune à Paris, ni victoire d’étape. N’avez-vous aucun regret ?
Bien sûr, on peut regretter d’être passés à côté de la victoire dans le contre-la-montre par équipes. Une petite erreur nous a coûté le meilleur temps. Dans les deux dernières étapes alpestres, nous avons également été très proches de la gagne. Mais le vélo, c’est comme ça. Nous avons tenté tout ce qui était possible dans les deux dernières étapes montagneuses. Pour la toute première fois à La Toussuire, Nairo Quintana a été capable de lâcher Chris Froome. Puis à l’Alpe d’Huez de nouveau. Alors, oui, nous avons été très proches de gagner le chrono par équipes puis deux étapes alpestres, mais nous sommes très heureux du bilan qui est le nôtre.

Selon vous, où Nairo Quintana a-t-il perdu le Tour ?
Je ne dirais pas qu’il a perdu le Tour. C’est Chris Froome qui l’a gagné. Lui a été le plus fort durant les trois semaines. Le Tour, c’est la montagne, mais c’est aussi courir sans erreur. Chris Froome aura été le plus complet, le plus régulier, le meilleur tout simplement. Et là-dessus il n’y a rien à redire.

Nairo Quintana et Alejandro Valverde ont conclu le Tour sur le podium. Aura-t-il été facile de les faire cohabiter pendant le Tour ?
Oui. Dans le cas de deux champions comme Alejandro et Nairo, ce n’est vraiment pas difficile. L’un comme l’autre ont beaucoup d’objectifs communs dans l’année mais savent courir avec une certaine liberté. Ils ont su travailler tous les deux sur le Tour pour réduire les différences sur Froome en attaquant l’un après l’autre, même si au final ça leur a été impossible de refaire leur retard. Mais nos deux leaders ont été magnifiques ensemble.

Après sa révélation sur le Tour 2013, Nairo Quintana avait souhaité passer par la case Giro pour mieux affronter son retour sur le Tour. Qu’en sera-t-il l’an prochain ?
Je crois que le Tour l’a confirmé cette année comme un coureur fait pour lui. C’est aussi la course qu’il aime. Après ce qu’il y a fait cette année, ça me paraît difficile d’envisager un autre programme en 2016. Je pense qu’il fera à nouveau du Tour de France sa priorité l’année prochaine.

Que faudra-t-il faire dès lors pour vaincre un coureur comme Chris Froome et une équipe comme Sky ?
Gagner le Tour, c’est moins difficile quand tu possèdes le meilleur coureur du peloton. Les Sky se sont beaucoup améliorés, ils ont bien travaillé, ils ont été bien dirigés en course, et surtout ils possèdent un coureur qui a démontré ces dernières années être l’un des meilleurs spécialistes des courses de trois semaines. On sait que Sky aura toujours un grand coureur à sa tête. Mais Nairo appartient à la génération suivante et il incarne le futur du Tour de France, au même titre que de jeunes coureurs français comme Romain Bardet et Thibaut Pinot.

La force de Sky, c’est notamment son brillant collectif. Pensez-vous vous en inspirer en recrutant de nouvelles valeurs fortes durant la période des transferts ?
Nous avons en tête de continuer au même niveau. Posséder des leaders comme Alejandro Valverde et Nairo Quintana, c’est magnifique. J’attends également l’éclosion de certains jeunes qui feront de grandes choses dans les trois prochaines années. Mais pour l’heure nous sommes sereins. Alejandro et Nairo sont toujours en contrat avec nous pour les deux prochaines années. Même si je sais qu’Alejandro a déjà 35 ans et qu’il lui sera difficile de rester encore longtemps à ce niveau.

Propos recueillis à Paris le 26 juillet 2015.