Elle avait marqué le Giro et plus globalement le printemps de son empreinte, elle avait pratiquement épargné les coureurs du Tour et, jusqu’ici, ceux de la Vuelta. Elle revient aujourd’hui. On parle bien sûr et malheureusement de la pluie. Ce sera aujourd’hui une constante pour un peloton qui s’apprête à entrer dans les Pyrénées, pour le premier volet d’un triptyque qui nous emmènera à Peyragudes demain. Sentant l’air du pays se rapprocher, même si on est bien loin de sa Bretagne natale, Warren Barguil a fait vibrer tous les spectateurs français en remportant sa première victoire pro sur la Vuelta hier. Entre cette étape de transition remportée par le vainqueur du Tour de l’Avenir l’an dernier et cette étape se déroulant en partie sur le sol hexagonal, place à une journée passée dans la principauté d’Andorre où les difficultés vont enchaîner.

L’Andorre qui propose souvent des ascensions longues régulières et peu pentues va donner lieu à l’une des plus belles étapes de montagne de cette Vuelta. Du moins le terrain est idéal pour une belle passe d’armes avec quatre cols dont la Cima Coppi de cette 68ème édition, le Port d’Envalira, et l’arrivée au Colla de la Gallina. Si les favoris attendront la dernière difficulté pour s’affronter, l’enchaînement des difficultés va largement peser dans les jambes, mais ce sont les conditions météorologiques qui vont jouer un grand rôle. Celles-ci seront fatales à plus d’un, avant même que la grande bagarre soit déclenchée. Il était écrit que cette étape allait faire des dégâts, qu’elle allait creuser les écarts. Pour certains, ceux-ci seront irrémédiables et la liste des prétendants au maillot rouge à Madrid se raccourcit un peu plus.

Cinq coureurs ne seront pas refroidis par de telles conditions. Habitué des météos rudes dans les sous-bois une fois l’hiver venu, Steve Chainel (Ag2r La Mondiale) n’est en rien effrayé par cette pluie battante. Il retrouve dans l’échappée de cinq le sprinteur Graeme Brown et son coéquipier chasseur d’étapes Luis-León Sánchez (Belkin), le champion du monde Philippe Gilbert (BMC Racing Team), et celui qui avait été déclassé d’une étape au Tour de Burgos au profit d’Anthony Roux, Daniele Ratto (Cannondale). Le quintet aborde ensemble le Port d’Envalira avec plus de dix minutes d’avance et la sélection s’opère à la pédale dans ce col long de 26,7 kilomètres et qui culmine à 2410 mètres. Gilbert, Ratto et Sanchez ayant dit au revoir à leurs deux ex-compagnons d’échappée.

La pluie et le froid provoquent l’abandon de Basso et la défaillance de Valverde

Au sommet du Port d’Envalira, le mercure est sous les dix degrés. Même s’il est un excellent descendeur, Luis-Leon Sanchez (Belkin) va être victime d’une chute dans la longue descente. Incapable de se réchauffer, il va jeter l’éponge, victime… d’hypothermie ! Et il n’est pas le seul dans ce cas. Le froid fait des dégâts parmi les favoris et Ivan Basso (Cannondale) n’est pas épargné. L’Italien n’aime pas la pluie et va également quitter la Vuelta, devenue son principal objectif depuis qu’il a été contraint de renoncer à son Giro en mai. Alejandro Valverde (Movistar Team) n’est, lui non plus, pas au mieux et perd contact avec le peloton des favoris dans le Col de Ordino. Bien soutenu par ses coéquipiers, le Murcian va limiter la casse en restant à moins de 45 secondes du groupe où figurent le reste des favoris de la Vuelta.

Dans ces conditions, on avait peur que Thibaut Pinot (FDJ.fr) soit quelque peu mal à l’aise dans les descentes détrempées. C’est tout le contraire qui se produit. Oubliant ses peurs, le Franc-Comtois résiste et fait même mieux que cela en se retrouvant dans un groupe de contre qui sera repris après quelques kilomètres par ce qui reste du peloton. Pourtant annoncé malade, le 10ème du Tour 2012 va signer une nouvelle performance époustouflante alors que la Colla de la Gallina se profile. En abordant la dernière difficulté avec près de neuf minutes d’avance sur les favoris, Daniele Ratto, qui s’est débarrassé de l’encombrant Gilbert entre temps, file vers le premier succès d’envergure de sa jeune carrière. La victoire du coureur de 23 ans met du baume au cœur à une formation Cannondale qui a perdu son leader.

Si tout est plié pour la victoire d’étape avant même le début de la dernière difficulté, le classement général peut lui encore évoluer. C’est Robert Kiserlovski qui mène le train pour Chris Horner (RadioShack-Leopard). Lorsque le Croate s’écarte, il ne reste qu’un homme dans la roue de l’Américain : Vincenzo Nibali (Astana). Les deux hommes vont rallier l’arrivée ensemble tandis que leurs concurrents se battent derrière pour leur céder le moins de temps possible. Autant dire que les écarts sont conséquents. Joaquim Rodriguez (Team Katusha) est celui qui s’en sort le mieux en coupant la ligne 18 secondes derrière Nibali. Alejandro Valverde limite la casse en concédant 50 secondes à l’Italien. Le grand perdant n’est autre que Nicolas Roche (Team Saxo-Tinkoff), 2ème ce matin et qui recule au 6ème rang ce soir, à plus de 4 minutes.

Les positions pourront encore évoluer demain lors de la 2ème étape pyrénéenne longue de 224,9 km entre Andorre et Peyragudes.

Classement 14ème étape :

1. Daniele Ratto (ITA, Cannondale) en 4h24’00 »
2. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 3’53 »
3. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) à 3’55 »
4. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 4’11 »
5. Samuel Sanchez (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 4’19 »
6. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 4’43 »
7. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 4’46 »
8. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
9. Mikel Landa (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 5’17 »
10. Leopold König (TCH, Team NetApp-Endura) à 5’21 »

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 53h56’49 »
2. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) à 50 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 1’42 »
4. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 2’57 »
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 3’43 »
6. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 4’06 »
7. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 4’34 »
8. Leopold König (TCH, Team NetApp-Endura) à 5’42 »
9. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 6’28 »
10. Tanel Kangert (EST, Astana) à 6’45 »

Classement par points :

1. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 102 pt
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 98 pt
3. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 89 pt
4. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 75 pt
5. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 74 pt
6. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) 70 pt
7. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 68 pt
8. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Leopard) 61 pt
9. Maximiliano Richeze (ARG, Lampre-Merida) 56 pt
10. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 53 pt

Classement de la montagne :

1. Daniele Ratto (ITA, Cannondale) 30 pt
2. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) 26 pt
3. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 22 pt
4. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 17 pt
5. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 15 pt
6. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 13 pt
7. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 13 pt
8. Leopold König (TCH, Team NetApp-Endura) 12 pt
9. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 12 pt
10. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) 10 pt

Classement du combiné :

1. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 10 pt
2. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 12 pt
3. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 14 pt
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 16 pt
5. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 20 pt
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 26 pt
7. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 30 pt
8. Leopold König (TCH, Team NetApp-Endura) 30 pt
9. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) 51 pt
10. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) 53 pt

Classement par équipes :

1. Astana (KAZ) en 161h08’27 »
2. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 4’43 »
3. Movistar Team (ESP) à 8’32 »
4. Team Saxo-Tinkoff (DAN) à 11’40 »
5. Team Katusha (RUS) à 15’30 »
6. RadioShack-Leopard (LUX) à 21’37 »
7. Team NetApp-Endura (ALL) à 30’35 »
8. Caja Rural (ESP) à 32’01 »
9. BMC Racing Team (USA) à 42’49 »
10. Team Sky (GBR) à 47’08 »