On peut l’écrire : l’Amstel Gold Race est cette année, la première classique à proprement parler printanière. Après un Milan-San Remo sous la neige, un Tour des Flandres disputé dans le froid et un Paris-Roubaix qui, il est vrai, donnait des signes encourageants, le soleil et les températures clémentes sont enfin au programme de cette première étape du triptyque ardennais. Il est dès lors logique que les coureurs en profitent. Sans pour autant flâner dans la campagne limbourgeoise, le peloton prendra son temps. On est bien loin des moyennes records du Ronde et de l’Enfer du Nord. Mais les coureurs ont assez souffert depuis le début du printemps qui n’en était pas vraiment un pour qu’on puisse leur en vouloir d’en profiter.

Une course de 260 kilomètres dans un périmètre plus que réduit : les coureurs doivent forcément tournicoter sur ces petites routes, parfois dangereuses et sur lesquelles sont éparpillées trente-quatre collines. Souvent courtes, souvent pentues, ces ascensions donnent à l’Amstel des airs de Tour des Flandres sans pavés. Logique de la voir assurer la transition entre Flandriennes et Ardennaises depuis maintenant dix ans, date depuis laquelle l’arrivée est située au sommet du Cauberg. Mais cette année, comme aux Championnats du Monde de Valkenburg, la ligne sera tracée un peu moins de deux kilomètres plus loin.

Pour éviter les chutes, quoi de mieux que de prendre l’échappée ? C’est ce que feront Mikel Astarloza (Euskaltel-Euskadi), Tim De Troyer (Accent Jobs-Wanty), Alexandr Pliuschin (IAM Cycling), Arthur Vanoverberghe (Topsport Vlaanderen-Baloise) et Johan Vansummeren (Garmin-Sharp). Klaas Sys (Crelan-Euphony) et le double champion de France Nicolas Vogondy (Accent Jobs-Wanty) se joignent à la fête quelques kilomètres plus loin. Comme souvent sur les grandes classiques, il ne fait aucun doute que cette échappée n’ira pas au bout. Et ce même si elle va compter jusqu’à onze minutes d’avance. L’équipe Cannondale du grand favori Peter Sagan (Cannondale) entame la chasse pour réduire l’écart.

Plus que sur toute autre course, l’Amstel Gold Race demande une vigilance de tous les instants sur ces routes extrêmement piégeuses. Avant de franchir la barre symbolique des 200 kilomètres, l’événement le plus important de cette journée est une chute intervenant à 90 kilomètres de l’arrivée. Les conséquences sont très malheureuses pour Thomas Voeckler (Team Europcar), évacué à l’hôpital et qui souffrirait d’une fracture de la clavicule. Philippe Gilbert (BMC Racing Team) sera lui aussi gêné. Le champion du monde retrouvera le peloton au prix d’une course-poursuite. Car loin de temporiser, l’équipe Blanco a décidé de mettre Lars Boom à la planche juste après l’incident. Pour le fair-play, on repassera… À 45 kilomètres de l’arrivée et alors que le premier enchaînement décisif approche, une autre chute intervient dans le peloton. Elle élimine un autre grand favori. Joaquim Rodriguez (Team Katusha) se retrouve au sol juste avant le Gulperberg et ne reverra jamais le peloton.

Les favoris se regardent, Roman Kreuziger en profite.

Entre temps, l’échappée s’est effilochée. Astarloza se retrouve seul à l’avant après le Gulperberg, seulement poursuivi par Vansummeren et Pliuschin. Dans le peloton, il faut attendre l’Eyserbosweg pour assister aux premières escarmouches. Pieter Weening (Orica-GreenEdge) met le feu aux poudres. Lars-Petter Nordhaug, David Tanner (Blanco) et Andriy Grivko (Astana) réagissent avec un temps de retard. Mais les favoris ne se dévoilent pas encore. Le Keutenberg et ses terribles pourcentages approche mais, déplacé à 30 kilomètres de l’arrivée dans cette Amstel nouvelle formule, l’ascension ne servira qu’à écrémer un peu plus le peloton.

L’avant-dernière ascension du Cauberg à 20 kilomètres de l’arrivée permettra à Giampaolo Caruso (Team Katusha), Roman Kreuziger (Team Saxo-Tinkoff) et Marco Marcato (Vacansoleil-DCM) de se dégager du reste du peloton où les grands favoris continuent de s’épier. Le trio rejoint Nordhaug, Tanner, Grivko et Astarloza et entame le bras de fer avec le paquet dans les 15 derniers kilomètres. L’entente n’est pas parfaite et Roman Kreuziger tente sa chance en solo tandis que Ryder Hesjedal (Garmin-Sharp) opère la jonction sur le groupe juste avant l’ultime ascension du Cauberg.

Le Tchèque possède une belle avance et les favoris ne peuvent pas attendre s’ils veulent revoir ce solide rouleur. Philippe Gilbert le sait bien et accélère dès les premières rampes. Comme à son habitude depuis 2010, le champion du monde impressionne dans cette montée qui lui sied à merveille. Mais contrairement aux derniers Mondiaux, le Belge ne parvient pas à creuser l’écart avec ses rivaux. Simon Gerrans (Orica-GreenEdge) et Alejandro Valverde (Movistar Team) naviguent à quelques mètres du Wallon tandis que Peter Sagan explose. C’est en revanche loin d’être le cas de Kreuziger qui fait mieux que résister au trio. Les 1800 mètres restants ne changeront rien. L’ancien vainqueur du Tour de Romandie file vers sa première victoire sur une classique après des résultats probants sur les courses par étapes.

Classement :

1. Roman Kreuziger (TCH, Team Saxo-Tinkoff) les 251,8 km en 6h35’21″(38,2 km/h)
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 22 sec.
3. Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
4. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step)
5. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) m.t. .
6. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) m.t.
7. Björn Leukemans (BEL, Vacansoleil-DCM) m.t.
8. Pieter Weening (PBS, Orica-GreenEdge) m.t.
9. Enrico Gasparotto (ITA, Astana) m.t.
10. Bauke Mollema (PBS, Blanco) m.t.