Cette semaine, c’est l’équipe Trek Segafredo qui est à l’affiche. Si elle ne détient pas dans ses rangs le maillot rose, elle a déjà fait un « gros coup » dès la 1ère étape disputée Contre la Montre : c’est Giulio Ciccone qui s’est emparé du maillot bleu de meilleur grimpeur en se montrant le plus rapide sur l’ascension menant à l’arrivée. Il faut dire que l’affaire avait été bien préparée, tant dans la gestion de l’effort (sur la 1ère partie plate de 6 km, le coureur en a largement gardé sous la pédale pour tout donner sur les 2 km d’ascension comportant des passages à 16%) que du matériel justement. En effet, le choix du vélo a été fait pour la bosse et uniquement la bosse c’est-à-dire avec un vélo traditionnel (Trek Emonda, le vélo le plus léger de la marque, quand les coureurs utilisent le plus souvent le modèle Madone, plus aéro) et non le vélo de Contre la Montre (Trek Speed Concept). S’il n’est pas étonnant que Giulio Ciccone, un italien de 24 ans voulant briller sur ses terres, se soit emparé du maillot, observer que ce classement n’a pas été plus disputé, l’est davantage. En attendant, le maillot pourrait rester ses épaules encore quelques jours.

 

Giulio Ciccone en plein effort sur la bosse d'arrivée lors du prologueGiulio Ciccone en plein effort sur la bosse d’arrivée lors du prologue | © Sirotti

 

Giulio Ciccone endosse le maillot bleu de meilleur grimpeur_01Giulio Ciccone endosse le maillot bleu de meilleur grimpeur_01 | © Sirotti

 

Et puisqu’il s’agit de matériel et de Trek Segafredo, nous avons rencontré Glen Leven, un mécanicien luxembourgeois de l’équipe, depuis 7 ans au sein de la même structure (Leopard au départ, Trek Segafredo aujourd’hui). Au rayon des changements, un important est intervenu pour l’équipe en 2019, avec un nouveau partenaire technique : Sram. Une occasion supplémentaire de faire le point avec Trek Segafredo.

 

Glen Leven sur le Giro 2019Glen Leven sur le Giro 2019 | © Vélo 101

 

 

Glen, qu’est-ce qui te passionne le plus dans ce travail de mécanicien ?

– La nouveauté finalement. Chaque année est différente même si les courses sont a priori les mêmes. La météo change d’une année à l’autre, les coureurs aussi. Ces 2 aspects suffisent à rendre notre travail incomparable d’une année à l’autre sur la même épreuve.

 

Est-ce qu’il y a l’inverse quelque chose d’ennuyant ?

– Oui les étapes de 250 km, pour lesquelles une étape de 150 km donnerait le même résultat

 

Quel est ton rôle au milieu des autres mécaniciens ?

– Je suis le « mécanicien de tête » sur ce Giro, c’est-à-dire que je suis placé dans la 1ère voiture, celle du directeur sportif.

 

Quel est, en 7 ans ton plus grand moment de stress ?

– Je dirais que c’est l’ensemble des classiques. Notamment s’il y a un coureur qui change quelque chose au départ ou même en cours d’étape. Et ceci est relativement fréquent. Mais pour le moment j’ai toujours réussi à résoudre les problèmes.

 

Comment cela se passe avec une journée le prologue, avec la présentation des vélos aux commissaires, qui peuvent refuser les vélos pour des raisons de cotes hors normes ? Dans ces cas-là, ce sont les 8 vélos à changer ?

– C’est toujours la loterie avec les commissaires : ça peut être accepté aujourd’hui mais refusé dans 10 jours même si on ne touche pas au vélo entre temps. On a nos clés avec nous, pour changer au cas où un vélo serait refusé. Mais hier, nous avons de la chance : tous les vélos sont passés.

 

A propos de la grosse nouveauté pour vous : Sram. Avec le mono plateau, les 12 vitesses. Comment vis-tu l’arrivée de ce nouveau partenaire majeur ?

– Pour nous cela change beaucoup. Avec Shimano nous avions l’expérience, celle qui permet de savoir quoi faire les yeux fermés. Mais avec Sram c’est tout nouveau et nous devons acquérir une nouvelle expérience sur la base du travail au quotidien et des problèmes rencontrés.

 

Tu as connu l’arrivée du 10, 11 puis 12 vitesses. L’arrivée des disques, celle des câbles intégrés et l’électronique. Puis maintenant le mono plateau. Quelle innovation t’a le plus marqué ?

– Je dirais que passer sur l’électronique, c’est le plus grand pas. Il y a quelques années je n’aurais jamais pensé que ça irait aussi vite. Aujourd’hui, les disques, le mono plateau. Tout change rapidement là aussi. C’est un nouveau cyclisme.

 

Au niveau du mono plateau, nous avons vu qu’il y a des réglages précis. Est-ce une source de stress supplémentaire ?

– Oui, tout à fait. Il s’agit de quelque chose de différent et nous avons encore besoin d’affiner les choses.

 

Commet vois-tu ton métier dans 10 ans ?

– J’aimerais personnellement rester dans ce monde-là. Tant qu’il y aura des équipes professionnelles il y aura besoin de mécaniciens. J’aimerais donc en faire partie. La technologie va continuer de changer, peut-être avec une présence de plus en plus fréquente des ordinateurs.

 

Glen LevenGlen Leven | © Vélo 101

 

En 10 ans, tu as vu passer beaucoup de coureurs. Quel est le plus méticuleux que tu aies vu passer ?

– Je dirais qu’il s’agit d’Alberto Contador, il avait d’ailleurs son propre mécanicien et savait exactement ce qu’il voulait avec une attention très importante apportée à chaque détail.

 

Par ailleurs, quel a été le coureur le plus « pénible » que tu as eu – pas de joker possible (rires) ?

– Ce sont certainement les grimpeurs qui réclament le plus d’attention lors des Grands Tours, particulièrement pour les étapes de montagne. Ils se focalisent beaucoup sur le poids lors des étapes de montagne et sur l’aérodynamisme pour les étapes de plat.

Entre les rouleurs, sprinteurs et grimpeurs, ce sont donc ces derniers qui sont les plus exigeants en termes de matériel.

 

On perçoit, de plus en plus, des coureurs et mécanos qui dialoguent entre eux via les réseaux sociaux et autres moyens de communication instantanée comme WhatsApp. Comment as-tu vécu cette évolution ?

– Par le passé j’ai connu la « formule papier » avec les coureurs qui me donnaient leurs indications pour le lendemain, au niveau des roues ou des braquets. A présent nous avons un groupe WhatsApp sur lequel les coureurs nous donnent les indications sur leurs soucis éventuels du jour et leurs demandes pour les jours suivants. Je préfère cette méthode car elle est plus rapide, mais on trouve encore des coureurs qui préfèrent venir discuter directement avec nous, sur place.

Dans ce groupe WhatsApp, les directeurs sportifs sont aussi intégrés et sont donc au courant des choix des coureurs. Ils peuvent aussi donner leur avis voire décider dans certains cas avec quel matériel doit rouler tel coureur.

 

 

Pour en revenir au classement qui nous sert de fil rouge depuis 12 semaines, pas de changement. Malgré le déclassement d’Elia Viviani (Deceuninck Quick Step), ses équipements Specialized/Shimano/Roval trustent toujours les 1ères places.

 

null© Vélo 101

 

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