Fabien, vous avez fait votre retour dans les pelotons cette année. Vous aviez pourtant tiré un trait sur votre carrière à l’automne 2015 suite à la découverte de problèmes cardiaques. Expliquez-nous ce revirement de situation.
Effectivement, ce retour est un peu inattendu. On m’a arrêté pour des problèmes de tachycardie à l’effort, en me parlant de possible mort subite. Dans cette situation, on ne se pose même plus la question de savoir si l’on reviendra un jour sur un vélo. Encore moins dans une équipe professionnelle. Au fur et à mesure, j’ai pensé qu’il pouvait s’agir d’une autre maladie. C’est là que l’on m’a diagnostiqué la maladie de Lyme, une maladie paralytique que j’ai soignée avec des plantes grâce à l’aide d’un phytothérapeute près de chez moi.

Les progrès ont-ils été immédiats ?
Oui, à partir de là, je me suis senti mieux. J’ai recommencé la course à pied et ça allait très bien. J’ai mené toute une nouvelle batterie de tests cardiaques. Tout était nickel. Désormais, j’ai un suivi cardiaque tous les six mois. Je l’ai passé au début du mois de mars. Tout est bon. Certains médecins ont encore peur par rapport à mon passé, mais si tous les tests sont bons, il n’y a pas de raison que l’on m’empêche de courir. Aujourd’hui, je suis simplement content d’être là.

Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment où ces « problèmes cardiaques » vous ont été annoncés ?
Sur le coup, ça fait presque du bien. Je me suis dit que c’était comme ça. On retrouve presque une vie normale avec des week-ends libres et des sorties entre amis. On peut passer plus de temps avec sa famille aussi. Mais j’ai eu deux mois très difficiles avant de me fixer d’autres objectifs qu’ils soient professionnels ou autres. J’ai pas mal de passions, je m’intéresse à tout et je me suis dit qu’il y avait pas mal d’autres choses à faire. Mais la compétition m’a vite manqué. Les efforts physiques, simplement. Se faire faire mal à la tronche. J’ai fini par reprendre une activité sportive au moment où je me suis dirigé vers la maladie de Lyme.

Aviez-vous des pistes de reconversion ?
Non, je n’avais rien de concret. J’avais du mal à accepter la nouvelle. À la base, j’avais pourtant plein de projets en tête. Mais moins je croyais à la maladie, moins je réussissais à me projeter. J’avais plus le rêve de revenir sur la route.

Qu’est-ce qui vous a poussé à remettre en cause le premier diagnostic ?
J’avais simplement du mal à croire à ça. Cela faisait dix ans que j’évoluais à haut niveau. Le rythme cardiaque est qui plus est particulièrement élevé en VTT ou en cyclo-cross. Et du jour au lendemain, un problème cardiaque se déclare ? Ça ne tenait pas debout. D’autres maladies pouvaient créer ce genre de problèmes et peuvent être guéries. C’est notamment le cas de la maladie de Lyme. C’est pour cela que je me suis dit qu’il valait mieux voir ailleurs.

Comment a réagi le corps médical ?
Les médecins ne savaient pas me dire avec précision ce que j’avais. Ils voyaient que j’avais un problème cardiaque, sans en savoir plus. Il me fallait du concret. Personne n’a été capable de me l’amener. Le mieux, c’est d’essayer de chercher par soi même et de trouver des solutions. Il ne fallait pas s’arrêter à un avis médical et chercher un peu plus loin. Quitte à trouver des méthodes alternatives, un peu oubliées, pour se soigner.

C’est là que vous avez repris votre activité sportive ?
Oui, j’ai repris les efforts physiques par la course à pied. Cela m’a fait du bien. Après cela, je voulais à tout prix remonter sur un vélo pour ne pas perdre ce que je faisais avant. Il n’y avait pas de raison que je ne puisse pas reprendre le cyclisme. C’est à ce moment que j’ai mené de nouveaux tests. Quand on m’a dit que c’était bon, ce n’était que du bonheur !

Au total, pendant combien de temps êtes-vous resté inactif ?
Quasiment six mois sans activité et un an sans vélo. J’ai repris l’entraînement de la course à pied pour participer à un trail avec des copains. Puis j’ai enchaîné avec des cyclo-cross régionaux qui m’ont servi d’entraînement et qui m’ont procuré beaucoup de plaisir. J’ai alors repris des gros blocs d’entraînement foncier avec l’équipe de l’Armée de Terre.

Dans quelle mesure cette expérience peut-elle vous servir ?
Je me sens plus fort mentalement. Physiquement, ça a été plus difficile. Je sens que je commence à retrouver mon niveau de la saison 2015. Mais il a fallu bosser. Dans la tête, ça n’a pas toujours été facile. Quand on se remet en route et que l’on n’avance pas… Ce n’était pas à quoi j’étais habitué. Cette période de travail a été assez difficile, mais j’étais vraiment heureux de courir avec l’équipe de l’Armée de Terre qui m’a fait confiance et qui m’a repris. Ça m’a vraiment fait du bien. Aujourd’hui, ça commence à revenir.

Qu’avez-vous éprouvé quand David Lima Da Costa s’est manifesté pour vous reprendre ?
Ça a été un gros soulagement. Autrement, ça aurait été beaucoup de doutes. Sans ça, je ne savais pas ce que je faisais. Je serais sans doute redescendu dans un club amateur pour essayer de retrouver mon niveau. Mais ça aurait été plus long et plus difficile. Là, je savais que l’équipe était derrière moi. Puis, j’étais content d’être militaire car je n’ai pas perdu mon boulot quand j’ai eu ce problème.

Vous êtes-vous fixé des objectifs cette saison ?
Non, je veux avant tout retrouver du plaisir. J’ai néanmoins un objectif, le Tro Bro Léon où j’ai terminé 7ème en 2015, soit pour aider l’équipe à aller le plus loin possible, soit pour faire quelque chose à titre individuel. Ce sont des courses atypiques qui me plaisent. Ça court à bloc tout le long, avec des secteurs techniques qui sont agréables et où je trouve du plaisir. Pour le reste, je suis là pour travailler pour l’équipe et pour me refaire les jambes.

Dans l’optique de la saison de cyclo-cross ?
Oui, c’est clair. La saison de route est une saison de travail. J’espère que cela me donnera de bonnes pattes pour la saison de cross où je disputerais les manches de Coupe du Monde en dehors des manches américaines. L’objectif, c’est clairement d’aller chercher un podium aux Championnats de France. Je n’irai pas pour faire un Top 10. Je n’ai pas voulu disputer la saison dernière, car je savais que je n’aurais pas été à 100 %. J’avais l’intensité, mais pas le foncier pour enchaîner tous les week-ends. Si c’était pour la faire dans de mauvaises conditions sans être à son niveau, ça n’était pas intéressant.