Fabio, on attendait mieux de l’équipe BMC Racing Team sur le 100ème Tour de France, vous en convenez ?
Ce n’est évidemment pas le meilleur bilan de l’équipe sur un Tour de France. On doit l’admettre si on regarde nos résultats en juillet. Nous avions de grandes aspirations avec Cadel Evans et Tejay Van Garderen, mais nos deux leaders n’ont pas été au niveau. Pour des raisons différentes. L’avantage c’est qu’on sait pourquoi ça n’a pas été. Cadel est arrivé un peu fatigué à la fin du Tour, certainement en raison de sa préparation et de sa participation au Giro (NDLR : 3ème). Il n’a pas eu de problème particulier durant le Tour mais sa condition n’était pas du tout celle qu’il pensait avoir.

Faut-il penser que Cadel Evans, à 36 ans, est sur le déclin ?
(Il sourit) Je pense que non et ce n’est pas joli de votre part de le demander. Il faut lui poser la question, mais ce n’est pas à moi de le dire !

Qu’en est-il du manquement des objectifs de Tejay Van Garderen ?
Pour lui c’est un peu différent. Il a souffert d’une chute dès le début du Tour, dans la grande gamelle qui a marqué la fin de la première étape à Bastia. Physiquement, il a souffert. Il s’est brûlé la peau du dos sur le macadam et il a eu du mal à s’en remettre. C’est sûr que cet incident lui a fait perdre sa bonne condition. Il a fini par le payer quand les grandes étapes se sont présentées. Ça allait déjà mieux en dernière semaine, où il a fait de belles étapes de montagne. Il s’est battu dans l’Alpe d’Huez, il a de nouveau été à l’attaque vers le Semnoz, et c’est sans doute ce qu’on a fait de mieux dans le Tour.

Tejay Van Garderen est un jeune coureur. Il peut encore se ressaisir en fin de saison ?
Je sais qu’il a dans la tête le Tour du Colorado au mois d’août, lui qui a gagné le Tour de Californie en mai. Je pense qu’il va être très bien là-bas et nous allons bâtir une équipe forte autour de lui pour cette épreuve.

Quand les choses ne tournent pas dans le bon sens, est-ce difficile de terminer le Tour de France ?
J’ai fait beaucoup de Tours comme coureur, beaucoup comme directeur sportif. Des problèmes, il y en a toujours. Il y a des hauts et des bas, comme dans la vie. Quand on est en bas, on ne peut que monter et pour cela on doit s’améliorer. Ce serait stupide de dire que nous sommes satisfaits de notre Tour. De toute évidence nous sortons du Tour vraiment insatisfaits mais nous ne sommes pas fâchés. On regarde en avant, on pense déjà à l’année prochaine, on s’interroge sur les erreurs que nous avons pu commettre, toujours dans le but de s’améliorer. C’est de ce travail que nous trouverons les moyens de rebondir à l’avenir.

Y a-t-il d’ores et déjà des choix que vous ne referiez pas si c’était à refaire ?
Non, absolument pas. Parler après la course, c’est toujours facile. Nous avons fait ce que nous avons jugé le mieux en concentrant nos espoirs sur nos deux leaders et si nous devions recommencer nous ferions la même chose.

L’absence d’un sprinteur comme Thor Hushovd ou encore un Philippe Gilbert bridé n’ont-ils pas représenté un frein en termes de victoires d’étapes ?
Si on choisit de prendre un sprinteur dans l’équipe, on doit mettre des équipiers autour de lui, parce qu’un sprinteur livré à lui-même dans le final, autant dire que ça n’en vaut pas la peine. Et par définition les coureurs qui travaillent dans le train ne se retrouvent pas autour du leader. Cette stratégie, Argos-Shimano et Omega Pharma-Quick Step l’ont adoptée. Nous avons fait un autre choix. Avec Philippe Gilbert, nous nous sommes concentrés sur les deux-trois étapes qui lui convenaient. Mais il a dû trouver par lui-même une façon d’exister sur ces étapes. C’était convenu comme ça.

La fin de saison passera par le Tour d’Espagne. L’équipe BMC aura forcément à cœur d’y rebondir ?
Nous n’avons pas encore établi notre sélection finale, mais nous allons bâtir une équipe similaire à celle de l’année passée, avec une victoire d’étape pour objectif. Philippe Gilbert en a gagné deux l’an dernier. On a Dominik Nerz qui n’a pas fait le Tour mais qui était prêt, 20ème du Critérium du Dauphiné, et qui est capable de faire un bon classement général. Mais l’objectif, ce sera avant tout d’aller chercher des étapes.

Que garderez-vous comme image de ce Tour de France 2013 ?
Le Grand Départ en Corse, qui était très joli. Je n’y étais jamais allé et ça a été une belle découverte pour moi. D’un point de vue sportif, si je dois retenir un point positif pour l’équipe, c’est que comme l’an dernier nous sommes presque arrivés tous ensemble à Paris. Nous étions arrivés à neuf en 2012, cette fois nous n’avons eu qu’à déplorer la chute de Michael Schär, ce qui ne nous a pas permis d’arriver encore une fois au complet. Néanmoins ça démontre que l’équipe était prête. Nous avions neuf coureurs qui se sont battus jusqu’à la fin.

Propos recueillis à Versailles le 21 juillet 2013.