Ils étaient une trentaine devant à la bascule du Poggio sur Milan-San Remo, autant à se battre au sprint à l’arrivée de Gand-Wevelgem. Il avait fallu attendre les tout derniers kilomètres de Paris-Roubaix pour voir Niki Terpstra épargner la reine des classiques d’un rush à onze sur le vélodrome. C’est groupé que le peloton a attaqué au sprint l’escalade du Cauberg dans l’Amstel Gold Race comme du Mur de Huy sur la Flèche Wallonne. Alors au moment où se referme le chapitre des classiques de printemps dans les faubourgs de Liège, il ne surprendra presque plus personne qu’un peloton d’une trentaine de coureurs se mesure au coude à coude au terme de Liège-Bastogne-Liège, qu’importe qu’il s’agisse d’une 100ème édition sur laquelle il était pourtant permis de fonder de gros espoirs tant le symbole était fort.
C’était une édition anniversaire et les organisateurs avaient mis le paquet pour l’honorer en redessinant les contours de la Doyenne des classiques, inscrite au calendrier depuis 1892. On célèbre ainsi le retour aujourd’hui du triptyque Wanne-Stockeu-Haute-Levée, dont l’enchaînement reconstitué précède la mythique ascension de la côte de la Redoute avant la liaison inédite des côtes des Forges et de la Roche-aux-Faucons dans un final qui se conclut traditionnellement sur les hauteurs des quartiers de Saint-Nicolas puis de Ans. Pourtant aucune des difficultés qui font la magie de Liège-Bastogne-Liège n’aura vraiment été exploitée par les favoris dans cette 100ème édition. Par trop marqués, ceux qu’on attendait sur le devant de la scène se sont terrés, pour ne pas dire enterrés. Et personne n’a vraiment su ou pu tirer profit de cette neutralisation des meilleurs, qui semblent s’être vite reportés sur l’éventualité d’un sprint dans la côte de Ans.

Giampaolo Caruso et Domenico Pozzovivo seuls à se découvrir dans Saint-Nicolas.

Réagissant sur le haut de l’ascension à une attaque de Stefan Denifl (IAM Cycling), le seul à s’être découvert dans la montée de Saint-Nicolas, les Italiens Giampaolo Caruso (Team Katusha) et Domenico Pozzovivo, encore lui, prennent soudain un avantage sérieux, de l’ordre de la dizaine de secondes, alors qu’on plonge sur Ans. Mais ces secondes d’avance sont dérisoires quand se présente la montée vers la ligne d’arrivée, cette interminable ligne droite de 1500 mètres à 8 %. Le peloton ne s’est visiblement pas ravisé, et la présence quelques mètres devant de Caruso et Pozzovivo lui offre un point de mire idéal. Daniel Martin (Garmin-Sharp) l’a bien compris. Il est le seul à tenter d’opérer la jonction en portant son démarrage là-même où il s’était envolé vers la victoire il y a un an. Mais l’Irlandais, qui recolle aux roues des hommes de tête avant le dernier virage, va brusquement glisser dans la courbe et s’affaler de tout son long !

Classement :
1. Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge) les 263 km en 6h37’43 » (39,7 km/h)
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) m.t.
3. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
4. Giampaolo Caruso (ITA, Team Katusha) m.t.
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 3 sec.
6. Tom-Jelte Slagter (PBS, Garmin-Sharp) m.t.
7. Roman Kreuziger (TCH, Tinkoff-Saxo) m.t.
8. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) m.t.
9. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 5 sec.
10. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 6 sec.